LMNO
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NE
NO
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OZU
Nadine
LABAKI
_______________________________________Haut
de page
C'est
donc ton frère
(Our Relations) USA VF N&B 1936 75'
; R. H. Lachman ; Sc. Felix Adler, Richard Connell,
Charles
Rogers, Jack Jevne, d'après The Money Box de W.W. Jacobs ; Ph.
Rudolph Maté ; M. Le Roy Shield ; Pr. Stan Laurel, H.
Roach/MGM ;
Int Laurel
et Hardy, James Finlayson
(le second du navire), Sydney Toler (le capitaine), Daphne Pollard (Mme
Hardy), Betty Healy (Mme
Laurel),
Alan Hale (le patron de la brasserie), Arthur
Houseman (le poivrot). _______________________________________Haut
de page Metropolis
All. Muet
N&B 1927 150' _______________________________________Haut
de page Strass
Belg.
2001 93' ; R., Sc. V. Lannoo ; Pr. Radowsky films ; Int.
Pierre Lekeux, Carlo Ferrante, Lionel Bourquet. _______________________________________Haut
de page
Canine
(Kynodontas)
Gr. VF 2009 96' ; R. Y.
Lanthimos ; Sc. Efthimis Filippou
et Y.
Lanthimos
; Ph.
Thimios Bakatatakis
; Mont.
Yorgos
Mavropsaridis ; Pr. Iraklis Mavroidis,
Athina Rachel Tsangari et Yorgos Tsourianis ;
Int.
Christos
Stergioglou,
Michelle Valley, Aggeliki Papoulia, Mary Tsoni, Hirstos Passalis, Anna
Kalaitzidou, Alexander Voulagaris.
Le fils est initié à la sexualité par la gardienne de l’usine
amenée les yeux bandés par le père. De l'inclination de celle-ci pour
le
plaisir buccogénital n’est retenu que le fait de lécher n’importe
quelle partie
du corps, qui se transmet aux filles. L’initiatrice finit par être
chassée pour
avoir introduit des informations de l’extérieur sous la forme de
cassettes,
échangées à l’une des filles contre un cunnilingus.
L’âge
de l’émancipation étant censé
correspondre à la chute d’une canine, l’une des filles s'en brise une
avant de
se cacher dans le coffre de la voiture paternelle pour fuir la maison.
Fable philosophique inspirée de la
caverne de Platon et terrifiante allégorie du pouvoir, ce film nous
montre que,
relevant de l'apprentissage, donc dépourvue de tout garde-fou qui
serait
inhérent à l'espèce, la socialisation de l'individu assurée par la
famille est
tributaire de l'éthique qui, elle-même relative, est
instrumentalisable.
Constamment menacé d'être mis au service d'une cause douteuse, le Bien
ne
représente donc qu'un miraculeux équilibre
transitoire dans
l'abîme des possibles.
Une éclatante démonstration qu'accentue
un humour noir de dérision, mais comme telle appartenant à la logique
de
l'inférence d'horizon déterminé, au contraire du dispositif opaque
indéfiniment
questionnant qui se réclamerait de l'art. 8/08/10 Retour titres Sommaire _______________________________________Haut
de page Shoah
Fr.
1976-1985 570' _______________________________________Haut
de page
liste auteurs
Commentaire
Laurel
et Hardy, de paisibles bourgeois mariés, ont chacun un frère jumeau, Alfred et Albert, inséparables comme eux-mêmes,
mais marins
et supposés avoir été exécutés pour mutinerie. En fait bien vivants ils
font
escale à New York. Le capitaine leur confie une bague de valeur qu'ils
laissent
en gage à la brasserie en attendant de régler la lourde note que leur a
valu un
repas galant. Ils se rendent chez le second du capitaine qui
les a
escroqués de leur solde en leur promettant de les rendre millionnaires
au moyen
d'un placement. Comme il ne veut rien lâcher, ses vêtements confisqués
sont mis
au clou pour acquitter la note. Mais la somme étant insuffisante, ils
reviennent à l'assaut. C'est l'autre pour le coup qui parvient à
subtiliser
leurs vêtements afin de récupérer les siens propres au clou.
Entre-temps, Laurel et Hardy pénètrent dans ce même restaurant
avec leurs épouses, mais sont interpellés par les conquêtes d'Alfred et
Albert
attendant le retour de leurs amphitryons. Les épouses furieuses les
laissent en
plan, menaçant divorce. Alfred et Albert utilisent draps, couvertures
et tapis
de la chambre du second pour sortir déguisés en "esquimaux de Singapour". Ils sont arrêtés, mais
Mmes
Laurel et Hardy ont été averties par une amie charitable que leurs
époux
bizarrement accoutrés avaient des problèmes avec la justice. Elles vont
trouver
le juge, qui accepte de fermer les yeux. Tout le monde se retrouve par
coïncidence, bien entendu, dans un restaurant dansant. Par le jeu des
substitutions, les quiproquos succèdent aux quiproquos. Le capitaine
pour
récupérer sa bague, alerte la police et prend en chasse Laurel et
Hardy, tandis
que des gangsters qui ont vu le joyau enlèvent Alfred et Albert dont
ils
bétonnent les pieds dans des coupoles de métal pour les noyer, ce qui
donne
lieu à des effets-ludion désopilants. En fin de compte, Laurel et Hardy sauvent
leurs
jumeaux et les quatre sont réunis.
Beaucoup d'idées, de gags, et
même de savoir-faire. Qu'il suffise de noter que le décor du dancing
est un
bateau de pirate, que les convives sont un moment vus à travers un
bocal à
poissons. Mieux encore : que le montage l'emporte parfois avec bonheur
sur le
cadrage narratif : ainsi s'exprime le tour de passe-passe des cartes à
jouer,
de passer d'un plan à l'autre en changeant de main. Mais pas de réel principe
d'ensemble qui
permettrait d'unifier les disparates, mortelles pour un burlesque
toujours
nécessairement construit sur des gags séparés. 31/05/03 Retour titres Sommaire
Fritz
LANG
liste
auteurs
Commentaire
Les
Espions
(Spione) All. Muet
N&B 1928 161'
Commentaire
M
le maudit
All.
VO N&B 1931
110'
Commentaire
Liliom
Fr. 1933/1934 N&B
120' ; R. F. Lang ; Sc. Liebmann, Bernard Zimmer,
d'après Ferenc
Molnar ; Ph. Rudolph Maté, Louis Née ; Déc. Paul Colin
; M.
Jean Lenoir, Frank Waxman ; Pr. Fox Europa ; Int.
Charles Boyer
(Liliom), Madeleine Ozeray (Julie), Florelle (Mme Muscat), Roland
Toutain,
Alexandre Rignault, Alcover, Antonin Artaud.
Bonimenteur
de foire sur un manège, Liliom est un fier Titi fort en gueule,
irrésistible au sexe. A serrer de trop près une cliente sur son cheval
de bois,
il s'attire les récriminations de sa jolie patronne, qu'il
préfère
larguer pour se mettre en ménage avec la jeune cavalière, une
domestique
congédiée nommée Julie. Celle-ci ne cache pas qu'elle pourrait mourir
pour son
Liliom, qui pourtant la bat régulièrement et semble peu amoureux. Il
était même
prêt à revenir à la patronne quand Julie lui annonce qu'elle est
enceinte. Le
bourreau des cœurs se découvre soudain exclusif et pour assurer
l'avenir
s'associe avec un malfrat dans un coup qui tourne mal.
Cependant, Liliom se suicide pour ne pas tomber aux mains de
la police. Il est accueilli au ciel par des flics munis de petites
ailes dans
un bureau qui est la réplique du commissariat. On lui annonce qu'après
seize
ans de purgatoire il lui sera accordé à titre de test une journée
incognito
avec sa future fille. Le jour venu, ne sachant comment bien faire, il
s'emporte
et frappe sa progéniture. Il remonte, certain d'être bon pour l'enfer
pendant
que sur terre l'adolescente demande à sa mère, qui acquiesce, s'il ne
lui est jamais
arrivé d'essuyer un coup et de ne rien sentir. Et Liliom gagne le
Paradis.
Il ne faut pas espérer trouver le Lang des grands jours
(qui se
limitent, selon moi, à M)
dans ce film de
commande. Néanmoins toute la première partie de foire dans une ambiance
de
bas-fonds où, méconnaissable et râblé comme un babiroussa, Charles
Boyer se
révèle magnifique, constitue un morceau de choix. La diction compassée
des
acteurs (c'est pourtant déjà le troisième film sonore de Lang) ne nuit
nullement à la qualité de la gouaille ni n'entache, en raison probable
de cette
science de l'espace volumique qu'on a pu apprécier dans M, la
grâce
chorégraphique de la bagarre, pas plus qu'elle ne saurait atténuer la
beauté
érotique, peu commune au cinéma français du temps, de l'étalon lâché au
milieu
de jeunes femmes chevauchant haut-troussées.
Mais dans la dernière partie, malgré l'intéressante idée
que le décor
social du ciel des voyous ne diffère guère de celui de leur vie
terrestre, il
faut endurer l'inanité d'une esthétique puérile plus que poétique.
20/02/03
Retour
titres
Sommaire
Le
Secret derrière la
porte
(Secret
Beyond the Door) USA VO N&B 1948 99'
Commentaire
House
by the River
USA VO N&B 1949 88'
; R. F. Lang ; Sc. Mel Dinelli d'après Floodtide
de Sir
Alan P. Herbert ; Ph. Edward Cronjager ; M. George
Antheil ; Pr.
Republic-Fidelily Pictures ; Int. Louis Hayward (Stephen
Byrne), Lee
Bowmann (John Byrne), Jane Wyatt (Marjorie Byrne), Dorothy Patrick
(Emily
Gaunt), Ann Shoemaker (Mrs. Ambrose), Jody Gilbert (Flora Bantam, la
gouvernante de John).
Fin
de l'ère victorienne, Stephen Byrne, écrivain raté, resté seul en
compagnie de la bonne un soir avec des idées lubriques, l'étrangle à
serrer un
peu trop fort pour empêcher les cris. Par des mensonges et des
pressions,
il amène son frère John, un boiteux qui l'a souvent tiré d'embarras,
lui ayant
même abandonné sa part d'héritage, à se compromettre en plongeant avec
son
concours le cadavre dans le fleuve marécageux baignant la maison. Il
devient alors
odieux avec sa tendre épouse Marjorie, laquelle se confie à John de
façon de
plus en plus intime, et utilise la disparition d'Emily comme publicité
pour
vendre ses livres.
Puis, pensant avoir découvert que la source du succès
était
dans l'inspiration de la réalité, Stephen Byrne entreprend imprudemment
d'écrire un roman sur cette aventure. Mais le cadavre enveloppé dans un
sac -
qui appartient à son frère - remonte un jour à la surface. Il tente en
vain
toute la nuit de le rattraper. Le sac marqué au nom de son propriétaire
est
retrouvé avec son contenu. Cependant un doute subsiste au procès.
Stephen
précipite son frère dans le fleuve après l'avoir assommé puis va
déposer chez
lui les boucles d'oreilles de Marjorie qu'Emily est censée avoir
volées. Ensuite
il étrangle Marjorie qui a compris, ayant lu le manuscrit. Mais
réchappé de la
noyade, John vient la sauver. Stephen terrorisé se prend le cou dans un
rideau
agité par un courant d'air et fait une chute mortelle dans l'escalier.
Les
preuves de la culpabilité du défunt étant écrites noir sur blanc, John
et
Marjorie pourront s'aimer.
L'admiration
que vouèrent certains connaisseurs à cet opus inédit en France
semble reposer sur une confusion entre la nécessité organique et
l'ornementation. Film noir à tendance fantastique, cette œuvre l'est en
effet
surtout par la science de l'ingrédient esthétique plus que par l'art
(l'avoir
et non l'être). Ceci tenant d'abord au manichéisme foncier de
l'intrigue par
lequel les figures de la frayeur se trouvent mises au service d'un mal
circonscrit et par conséquent inessentiel.
Il s'agit du style lugubre des demeures victoriennes,
accentué par
l'étroitesse des encadrements de portes et des couloirs pris en
profondeur de
champ, des plongées vertigineuses dans les cages d'escaliers, des jeux
d'ombre
et de lumière dans la nuit, de la configuration tourmentée de la nature
fluviatile, des angles de prise de vues angoissants sur la personne de
Stephen,
sans parler de la musique de renfort, voire de rescousse... Bref ! Trop
d'intentions s'exposent, y compris le fameux rideau qui, avant de faire
justice, nous est abondamment signalé, agité comme un fantôme par un
courant
d'air que rien ne justifie dans le contexte.
Il y a bien quelques ambiguïtés, comme la claudication de
John,
attribut du personnage malfaisant dans la tradition fantastique. Ici,
elle sert
surtout à concrétiser la culpabilité de Stephen. Si art il y a tout de
même,
c'est celui de la narration filmique constamment sur le fil du rasoir,
de sorte
qu'il est impossible de prévoir qui, du bien ou du mal, l'emportera.
13/01/03 Retour
titres
Sommaire
L'Ange
des maudits
(Rancho Notorious)
USA VO couleur 1952 89'
Commentaire
Règlement
de comptes
(Big Heat) USA VO
N&B, 1953 90' ; R. F. Lang ; Sc. Sydney Boehm,
d'après
McGivern ; Ph. Charles Lang ; M. Daniele Anfitheatrof ;
Pr.
Columbia ; Int. Glenn Ford (Bannion), Gloria Grahame (Debby),
Lee Marvin
(Vince Stone), Jocelyn Brando (Kathie), Alexander Scourby (Lagana).
Glenn Ford prête sa bobine à la fois puérile (yeux clairs un
peu rapproché dans bouille joufflue) et énergique (cheveu noir souple
et
résistant avec bouche sinueuse sur menton volontaire) au flic comblé
par une
épouse complice et une petite fille à qui il raconte l'histoire des
trois
petits chats le soir dans son foyer, confortable malgré le salaire.
Tout est
bien en place pour légitimer le sentiment de vengeance animant
l'intrigue : ce
modèle de bonheur va être pulvérisé par l'assassinat de l'épouse
adorée,
parfaite innocente victime dont la disparition tire des larmes, meurtre
provoqué
par sa curiosité de flic consciencieux plongeant son nez dans les
affaires
louches des puissants qui pourrissent la petite ville. Il a voulu
enquêter
malgré son congé, sur le suicide d'un collègue qui faisait chanter le
caïd
Lagana et Higgins le shérif corrompu. Avec l'aide de Gloria, la
maîtresse du
gangster Vince qui l'a défigurée au café bouillant, la force
vengeresse, en
venant à bout de la corruption, réhabilite Bannion. Mais Vince tire sur
sa
maîtresse qui l'a ébouillanté à son tour. Elle meurt dans les bras du
héros
après qu'il eût enfin consenti à lui confier sa douleur de veuf.
Car à Hollywood, une jolie femme défigurée ne peut que mourir
après avoir servi de faire-valoir aux sentiments humains d'un vrai dur.
Tout
cela aux accents d'un commentaire musical surplombant, décrétant quand
ressentir quoi. Pourquoi tant de clichés ? Parce que Fritz Lang, qui
met toute
la gomme en qualité photographique et mouvements de caméra au service
du genre
hollywoodien avec un léger exhibitionnisme technique a les mains liées,
à moins
qu'il ne soit plus vraiment le grand cinéaste qu'on pouvait croire
depuis M
le maudit (voir ci-après). 15/02/01 Retour
titres
Sommaire
Les
Contrebandiers de Moonfleet
(Moonfleet)
USA
VO couleur 1955 85' ; R. F. Lang ; Sc. Jan Lustig,
d'après J.
Meade ; Ph. Robert Planck ; M. Miklos Rozsa ; Pr. John
Houseman/MGM ; Int. Stewart Granger (Fox), George Sanders
(Ashwood),
Joan Greenwood (Lady Ashwood), Jon Whiteley (John Mohune).
Le petit John Mohume devient l'ami du bandit Fox qui, dénoncé
par son amie, prend la fuite. Ensemble avec John ils découvrent le
diamant des
Mohume dans les ruines du château de famille. Après avoir hésité, Fox,
qui est
mortellement blessé, abandonne le joyau à son jeune compagnon.
Les
ruines et leur cave voûtée secrète, repaire des contrebandiers attenant
au cimetière, le château et les landes de bruyère, ainsi que la côte
rocheuse
font un intéressant décor fantastique que détourne quelque peu la
situation
dickensienne du garçonnet plein de sérieux, John Mahume, qui finit par
gagner
l'affection de l'impitoyable mais noble et plein de prestance chef des
contrebandiers Jeremy Fox.
D'où vient l'admiration que voua la Nouvelle vague à un
film aussi
naïf ? 17/01/00 Retour
titres
Sommaire
Le
Tigre du Bengale/Le
Tombeau hindou
(Der
Tiger von Eschnapur/Das
indische Grabmal)
RFA VO couleur 1959 100' ; R. F. Lang ; Sc. Werner
Jorg
Luddecke, d'après Thea von Harbou ; Ph. Richard Angst ; M.
Michel
Michlet, Gerhard Becker ; Chor. Robby Gay, Billy Daniel ; Pr.
Arthur Brauner ; Int. Debra Paget (Seetha), Paul Hubschmid
(Mercier),
Walter Reyer (Chandra), Valery Inkijinoff (le prêtre), Claus Holm
(Walter),
René Deltegen (Raminagi).
Au début du vingtième siècle, convié chez le maharadjah
Chandra pour des agrandissements de palais, l'architecte Mercier voyage
en
compagnie de la danseuse sacrée Seetha qu'il sauve des griffes d'un
tigre.
Tombé amoureux en la regardant danser, le maharadjah offre à Seetha
l'hospitalité de son palais, sans contrepartie. Mais il
découvre qu'elle
lui préfère Mercier. S'estimant trahi dans son amitié déclarée pour
l'étranger,
il impose à celui-ci un combat avec un tigre. Vainqueur, Mercier a
vingt-quatre
heures pour quitter le royaume. Il se procure deux chevaux et parvient
à
emmener Seetha. Les chevaux des fugitifs, qui sont poursuivis par une
cavalerie
de traqueurs, succombent. Traversant à pied un désert balayé par une
tempête de
sable, ils s'effondrent épuisés et meurent main dans la main, Mercier
ayant
tiré ses deux dernières balles sur un soleil chauffé au bleu.
Avec cette œuvre paradoxale, son avant-dernière, Lang
finit sa
carrière en beauté. Sous les apparences d'une aventure exotique à
laquelle ne
manqueraient ni l'optimisme des teintes, ni l'outrance des maquillages
masculins, ni le bestiaire à frissons, ni même la chorégraphie
égrillarde, un
véritable tragique se joue dans le suspens permanent de l'issue des
actions,
qui ne bénéficient jamais de l'immunité du tout-cuit, jusqu'à jouer à
contre-emploi le type du héros courageux et invincible incarné par Paul
Hubschmid. La puissance même broyant le couple-héros a les apparences
de la
douceur comme le tigre mangeur d'hommes. La cruauté de Chandra
commandant un
tombeau monumental pour le retour de Seetha a, crédité par
l'omniprésence d'un
surnaturel constatif, l'"innocence" absolue du fatum divin. Le
dénouement conclut naturellement une suite d'échecs qui, pris
séparément, sont
par eux-mêmes insignifiants. Le mot "fin" attendu est remplacé par un
fondu au noir suspensif, qui fait désirer sans espoir un ultime happy-end.
15/05/03 Retour
titres
Sommaire
Vincent
LANNOO
liste
auteurs
Tournage d'un documentaire dans une école de théâtre aux méthodes
originales, en "pédagogie ouverte", sans "strass", et
reposant sur la capacité du professeur Pierre Radowsky à déstabiliser
ses
élèves et à les amener à des états paroxystiques. Radowsky est accusé
d'avoir,
devant les caméras, commis un viol "pédagogique" sur la personne
d'une élève comédienne. Le film est diffusé à la télévision sans qu'on
sache si
le délit fut effectif. Le maître rétorque que l'équipe du tournage,
d'avoir
filmé sans intervenir, est complice. Quoi qu'il en soit, la comédienne
finit
par retirer sa plainte. La méthode paraît, du reste, porter ses fruits
lorsqu'une comédienne poussée à bout dans Dom Juan, trouve de
superbes
accents tragiques. Le contrat de confiance nécessaire à la pédagogie
ouverte
semble être reconduit. Mais ayant trouvé son théâtre désert le soir de
la
première, la troupe désavoue unanimement Radowsky.
Film
Dogma,
caméra à l'épaule sans éclairage. C'est intéressant dans la mesure où
l'on
comprend mieux du coup la nécessité de l'éclairage dans le cinéma
ordinaire.
Pour le reste il témoigne de ce que la recette ne saurait faire l'art.
Autre
influence, moins prestigieuse : C'est arrivé près de chez vous.
Même
performance d'un acteur principal homme-orchestre cynique, même rôle
ambigu de
l'équipe de tournage. Le propos semble d'ailleurs manquer
singulièrement de
fermeté. C'est instructif sur le théâtre, sur la nécessité de s'y
affranchir,
dans le travail, des codes sociaux afin d'atteindre transe et
paroxysme. Mais
pourquoi cette chute désavouant gratuitement l'éloge de la force
dionysiaque ?
D'autant que le spectateur, pris par la méthode Dogma dans la même
problématique appliquée au cinéma, tombe de haut. 12/03/02 Retour titres Sommaire
Yorgos
LANTHIMOS
liste auteurs
Un
père de famille directeur d’usine tient recluse sa famille dans une
propriété entourée de hauts murs. Les trois enfants physiquement
adultes, deux
filles et un garçon, sont maintenus dans une obéissance infantile par
une
falsification systématique de la réalité, dont la fin est l’exercice du
pouvoir
du père avec la complicité de la mère. Dans un but de maîtrise totale
des
comportements, cette éducation consiste à réduire l’existence à un jeu
en vase
clos.
Les
avions traversant
le ciel sont présentés comme des maquettes qui, quand elles tombent
dans le
jardin donnent lieu à un concours que gagne celui qui a trouvé l’avion,
lequel
est effectivement un jouet placé là par le père. Un chat égaré qui
terrorise la
fratrie est cisaillé à mort par le fils. Pour justifier cet acte et
ainsi
amortir le choc qui pouvait fissurer l’édifice moral ad hoc, le père
indique le
chat être l’animal le plus féroce de la terre. Un chat est censé avoir
tué un
quatrième enfant qui vivait en dehors de la maison et dont on prononce
l’éloge
funèbre en jetant des fleurs par-dessus le mur. Le père enseigne à ses
enfants
la pratique du jappement qui les protègera contre ce danger extérieur.
Claude
LANZMANN
liste auteurs
Commentaire
Charles LAUGHTON
liste auteurs
La Nuit du chasseur
(Night
of the Hunter)
John
et Pearl sont traqués par leur
beau-père, le monstrueux prêcheur Harry Powell (R. Mitchum : Galerie
des Bobines), qui a déjà égorgé leur mère et convoite le magot que
le père
a caché dans la poupée de Pearl avant d'être arrêté puis pendu, non
sans avoir
fait jurer
à son fils de ne
révéler la cachette à quiconque, pas même à sa mère. Descendant en
barque le
fleuve, ils veulent s'arrêter pour la nuit, mais leur poursuivant ne
prend
aucun repos. Ils repartent, s'endormant à la dérive. Au matin,
le frère et
sa sœur sont recueillis crasseux et affamés par une adorable dame qui se charge de
tous les
enfants livrés à eux-mêmes.
À l'aide d'une carabine elle les protège de l'assaillant, qu'elle fait arrêter. Autant le
manichéisme de
Powell met la puce à l'oreille de la mère adoptive des enfants, autant
le film
n'est pas manichéen. La généreuse femme, sans relâcher sa vigilance ni
sa
carabine, chante en chœur avec Powell tout en le tenant fermement en
respect.
Le leitmotiv qui annonce le méchant à la voix de bronze est un
cantique. John
revit dans l'arrestation de Powell celle de son père. "Don't ! Don't !" hurle-t-il en répandant sur son beau-père les billets de banque du
magot
qui pour le coup lui sont mauvais.
Il
y a donc une liberté
morale qui n'a d'égale que la liberté esthétique, mêlant réalisme et
merveilleux. Les enfants évoluent dans un monde de conte : ciel
nocturne constellé, animaux craintifs veillant sur les enfants, et la barque providentielle guidée par la rivière
complice de
leur mère assassinée dont elle enveloppa le corps, s'échoue d'elle-même doucement là où il faut. Laughton, au
sommet par un
seul et unique coup. 23/10/00 Retour titres
Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Anne
LE NY
liste
auteurs
Ceux qui restent Fr.
2008 94’
Commentaire
_______________________________________Haut de page
Boris
LEHMAN
liste auteurs
À
la recherche du lieu de ma naissance
Bel.-Sui.
16 mm 1990 75' ; R., Sc.
B. Lehman ; Ph. Patrice Cologne, Aldo Mugnier, Antoine-Marie
Meert ; Son
Laurent Barbey, Martin Stricker, Henri Morelle ; Mont. Daniel
Devalck ; Mont.
négatif Huguette Vanvolsem ; Mix. Thierry Delor ; Pr.
B.
Lehman, Pierre-André Thiébaud, DOVFILM
(Bruxelles), AMIDON
PATERSON FILM
(Genève), C.B.A., LA SEPT ; Int.
François Baumberger, Linda Benveniste, Claude Blanc, Alain
Blum, Simone Bohler, Freddy Buache, etc.
Né à Lausanne en 1944 de
parents juifs-polonais en errance, Boris Lehman revient quarante-quatre
ans
après à la recherche de ses racines. Le générique se confond avec
l'enregistrement sur une machine à écrire de l'acte de naissance de
l'auteur. À
partir de photos, de lettres personnelles, de documents écrits ou
filmés,
d'enquêtes et de reconstitution sur les lieux mêmes des étapes
cruciales
(mariage, accouchement, circoncision, mort) alternant avec des images
du passé
dans son contexte de guerre, l'auteur s'interroge à haute voix off sur
le sens de ce geste qu'emblématise une fable de tonalité liturgique :
un homme
barbu à chapeau, d'apparence juive, quitte sa grotte du haut de
Lausanne pour
descendre à reculons les milliers de marches conduisant à travers la
ville au
lac qui doit l'engloutir. La séquence est entrecoupée avec humour
d'inserts de
panneaux de signalisation de la ville représentant les diverses étapes
de ce
"calvaire à l'envers" : sur un fond bleu un homme stylisé dévalant
des marches, traversant une rue, donnant la main à un enfant...
Le lac Léman, qui
porte le même nom que lui et "l'attire comme une matrice", est un
élément central de l'anamnèse en tant que figure amniotique sur
laquelle croise
le bateau d'où le petit Boris vêtu en marin observe le défilement aussi
confus
que rapide de l'eau. Y répondent les images d'une piscine et d'une
femme nue
enceinte, baignée d'eau. Chaque image est reprise en écho par une
figure à
laquelle elle imprime une de ses propriétés. Quand une séquence de la
patinoire
actuelle succède à celle de 1944, c'est accompagnée de la même
bande-son
déformée par le temps. Dans l'épisode du calvaire inversé s'intercale
ironiquement un défilé de la Libération projeté à l'envers. A
l'accouchement en
couleur répond en noir et blanc le sauvetage d'une femme que trois
hommes en
uniforme tirent d'un trou pierreux.
Le canton de Vaud se présentifie par diverses évocations
dont un
homme vêtu en modeste petit-bourgeois entonnant un chant de
travailleurs. Des
trains circulant, ou en gare attendus par une femme, rappellent la
précarité
géographique des parents. Le narrateur cherche obstinément à
reconnaître sa
mère disparue sur le visage de femmes vêtues de rouge. Il l'évoque sans
commentaire par une séquence sur un asile de vieillards lausannois. La
conclusion laconique et constative mais non désespérée de cette quête
inspirée
est qu'il ne reste rien du passé. La sirène d'un bateau lointain dans
la brume
pousse sa plainte résignée.
La force du film semble tenir à ces liens associatifs
sous-jacents
reliant les images entre elles hors chronologie. 22/02/02 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Mike
LEIGH
liste auteurs
Secrets
et mensonges
(Secrets
and Lies)
GB
VF 1996 136' ; R., Sc. M. Leigh ; Ph. Dick Pope, M.
Andrew Dickson ; Int. Brenda Blethyn, Timothy Spall, Phyllis
Logan,
Claire Rushbrook, Marianne Jean-Baptiste. Palme d'or et prix
d'interprétation
féminine à Cannes en 1996.
Très joli récit mythique soigneusement
mis en scène avec des images de qualité, émotion et humour, sur un
rythme posé,
soutenu par un accompagnement musical de cordes de même ton, mais qui
s'écoule
d'une traite sans temps morts, à tel point qu'on est surpris de voir
arriver la
fin. Une jeune femme noire adoptée à la naissance dans un milieu
favorisé qui
lui a dispensé un bagage éducatif et professionnel bourgeois, retrouve
sa
famille - blanche - et ses origines populaires naturelles.
Données
de base assez
romanesques donnant lieu à tous les cas de figure imaginables à effet
de
retardement narratif. La jeune femme noire apparaît comme l'enfant
prodigue
marqué, sorte de faste ange noir, dont le parachutage est un révélateur
des
secrets et des conflits qui minaient la famille. Le réalisme porte
surtout sur
la peinture des classes populaires - nullement fatales puisqu'un des
membres a
bien réussi comme photographe privé - et celle des sentiments forts
reposant
sur les secrets inavouables. Tout cela enveloppé dans une finalité de
bons
sentiments par lesquels le réalisme s'avère de pure convention
britannique. De
là à le qualifier de chef-d'œuvre comme la presse... Ce serait d'un
conformisme
bon teint. 15/05/00 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Valérie
LEMERCIER
liste
auteurs
Le
Derrière
Fr. 1998
102' ; R. V. Lemercier ; Sc. Aude et Valérie
Lemercier ; Ph.
Patrick Blossier ; Mont. Marie Castro-Vasquez ; M. Gregori
Czerkinsky ; Pr. Aissa Djabri, Farid Lahouassa, Manuel Munz ; Int.
Valérie Lemercier (Frédérique), Claude Rich (Pierre Arnoux), Dieudonné
(Francis), Marthe Keller (Christina).
À la mort de sa mère,
Frédérique a hérité d'un vaste domaine pourvu d'un élevage de chevaux.
Elle
désire rencontrer son père, personnalité officielle du monde de la
culture,
qu'elle n'a jamais connu. Ayant découvert en enquêtant qu'il est en
ménage avec
un médecin, elle se déguise en homosexuel pour se faire accepter, et se
présente à lui comme son fils. Elle finit devant tous par dévoiler sa
nudité
féminine pour empêcher l'homme qu'elle aime de draguer ailleurs.
Fine
comédie de boulevard un peu trop théâtrale dans ses procédés, mais que
le jeu
unique de Valérie Lemercier pimente de burlesque véritable. Le thème de
l'homosexualité avec les jeux de masque qui s'ensuivent est en soi un
ressort
français bien huilé. Le milieu social aisé, en épargnant tout risque
d'ordinaire sordide, assure l'épanouissement d'un comique léger que la
qualité
du dialogue teinte d'acidité. Divertissement remplissant brillamment
son
contrat : convertir par dénégation la boue du tragique humain en une
exquise
écume. 30/09/01 Retour titres Sommaire
______________________________________Haut
de page
Paul LENI
liste auteurs
Le Cabinet des
figures de cire (Das
Wachsfigurenkabinett)
All. N&B
teinté 1924 83'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Sergio
LEONE
liste auteurs
Le
Colosse de Rhodes
(The
Colossus of Rhodes)
It.-Fr.-Esp. VF couleur 1960, 127' ; R. S.
Leone ; Sc. Innio de Concini, D. Tessari ; Pr. CAP ; Int.
Georges
Marchal (Poliocle), Rory Calhoun (Darios), Lea Massari (Diala),
George Rigaud, Mabel Karr (Mirte).
Grecs et Phéniciens luttent pour le contrôle de la
Méditerranée.
Le père de Diala a conçu le colosse de pierre qui garde le port de
Rhodes.
Cependant on complote dans l'entourage du roi, en s'alliant aux
Phéniciens pour
s'emparer du pouvoir avec Diala pour reine. Heureusement le héros grec
Darios
est là, qui rejoint les conjurés pour remettre ordre à tout avec l'aide
d'une
catastrophe naturelle, rationalisation épique de l'Histoire qui
anéantit le
colosse, dont il ne reste aujourd'hui trace.
Le péplum
remplit parfaitement son rôle de mise en spectacle du mythe en vue de
la
communion populaire de valeurs morales simplistes. Il s'agit donc de
bien
marquer la répartition manichéiste des rôles. Traître au regard fourbe,
jeune
conspiratrice et parricide à la fois, portant du rouge, roi trahi au
faciès de
brave type, héros brillantiné, etc., et de caractériser une époque où
tous les
hommes portaient "une petite frange sur le front", et affichaient
de huileux biscotos. Les jeunes filles occupaient des
appartements ouvrant
sur des terrasses aisément accessibles à des héros magnanimes qui
les
surprenaient au lit sans les profaner. L'architecture et l'art
représentaient
fastueusement tous les grands styles du pourtour méditerranéen et l'art
du
contrepoids, mieux que ne l'auraient fait les grandes inventions des
temps
modernes, permettaient à la faible femme de commander du petit doigt le
glissement d'un monolithe monumental.
Ces peuples étaient souvent en butte à des catastrophes
provoquées
par les dieux courroucés et l'on mourrait écrasé sous des murs
cyclopéens au
milieu des flammes éclairant dans la nuit des visages terrifiés en gros
plan.
Seule sursaut d'originalité par anachronisme, les gardes au service des
traîtres ressemblent à des soldats de la Wermacht : sinistre galbe des
casques
et capes verdâtres. On sent déjà que le western démange Leone, à en
juger par
les chevauchées sur paysages arides et rocheux. Le montage-son au
générique
annonce aussi les étonnants effets qui se développeront plus tard : le
son
rythmé du gong accompagne "en fosse" les conjurés qui abattent le
sonneur de gong. Le gong diégétique ne résonne que pour l'alerte
signant la
réussite de l'opération. 14/06/00 Retour titres Sommaire
Il
était une fois en Amérique
(Once
Upon a Time in America)
USA VO 1984 220'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Mervyn
LEROY
liste auteurs
Je
suis un évadé
(I
Am a Fugitive From a Chain Gang) USA
VO N&B 1932 93'
Commentaire
La
Ville gronde
(They
Won't Forget) USA
VO N&B 1937 95' ; R. M.
LeRoy ; Sc. Robert Rossen et Aben Kandal, d'ap. Ward
Greene ; Ph. Arthur
Edeson ; M. Adolph Deutsch ; Mont. Thomas
Richard ; Pr. Warner Bros. Pictures ; Int. Claude
Rains (Procureur Griffin), Edward Norris (Robert Perry Hale), Gloria
Dickson
(Sybil Hale, sa femme), Lana Turner (Mary Clay), Otto Kruger (Michael
Gleason),
Clinton Rosemond (Tump Redwine, le portier afro-américain), Elisha Cook
Jr.
(Joe Turner), Cy Kendall (détective Laneart), Granville Bates
(détective
Pindar), Paul Everton (gouverneur), E. Alyn Warren
(Buxton, directeur de
l'école).
Dans une bourgade du Sud,
le cadavre de Mary Clay, élève de Robert Perry Hale, professeur de
sténo venu
du Nord, est découvert dans l'école. Celle-ci déserte, en ce jour
du
Confederate Memorial Day, chômé en l'honneur des Sudistes morts
pour la
Sécession. Après le portier, les soupçons se portent sur Hale, en
raison des
rumeurs de séduction mutuelle propagées par la jalousie, attisées par
la
haine envers le Nord et les excès de la presse. Les frères de Mary Clay
jurent
de se venger. Le procureur Griffin n'hésite pas à instrumentaliser
l'affaire
pour ses ambitions politiques. Les témoins sont subornés, comme le
barbier qui
avait taché de sang la veste de Hale le jour du meurtre,
ainsi que
le portier. Jugé sur de telles preuves indirectes, malgré la plaidoirie
d'un
grand avocat dépêché du Nord, Hale est condamné à la peine de mort par
le jury.
Elle est commuée en prison à vie par le gouverneur en vue d'une
révision du
procès. Mais le train menant à la prison est pris d'assaut par les
frères Clay
à la tête de leurs partisans, qui se livrent au lynchage du détenu.
Voilà un
long métrage bien conventionnel pour une excellente cause : dénoncer le
drame
d'une erreur judiciaire recouvrant les vieilles fractures de la nation
américaine, qui ne sont toujours pas réduites aujourd'hui : la guerre
idéologique du Nord et du Sud, le racisme, le populisme, c'est-à-dire la vengeance
pour
justice. Le montage a beau multiplier les effets : salve d'honneur de
la garde,
suivie d'une sonnerie aux morts devant les tombes lors de la cérémonie
commémorative succèdant au meurtre dont la scène est ellipsée. Ou bien
le
lynchage métaphorisé par un train arrachant au passage le courrier
serré
dans une poche suspendue à une potence. On instille aussi le malaise
par des
silences ou des ellipses laissant un doute. Le jour du meurtre,
Sybil remarque
sur son mari l'odeur de parfum. Il y a aussi une tache de sang sur le
costume.
La raison, le passage chez le barbier, en est différée pour les besoins
du
spectaculaire policier. Renforcé par ces travellings surexplicatifs
sévissant à
tout moment, le jeu hystérique du portier noir
luisant d'angoisse
risque même de réveiller les sentiments sadiques du spectateur raciste.
Les
visages tendus d'honnêtes péquenots que sont les frères sont bien faits
pour
légitimer la loi du Talion. Cependant, l'accumulation d'injustices par
trop
criantes est écrasante, jusqu'au manichéisme. Ce ne pouvait, dans ces
conditions, consistant, sous des dehors impartiaux, à prendre le
spectateur aux
tripes, que se terminer par la leçon de morale de la veuve infligée au
procureur. Tout est fait pour indigner le spectateur de manière
extrêmement
ambiguë. La véritable morale, celle d'un constat d'impuissance,
l'emporte.
Adieu la nuance : en témoignent les éclairages illuminant tout
uniformément comme des monuments ! 10/11/20 Retour titres Sommaire
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de page
Barry
LEVINSON
liste auteurs
Les
Filous
(Tin
Men) USA
VO 1987 115'
Commentaire
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de page
Jerry
LEWIS
liste
auteurs
Ya,
Ya Mon Général
(Which
Way to the
Front ?) USA
VO 1970 92' ; R. J. Lewis ; Sc. Gerald Gardner et Dee
Caruso ; Ph.
Wallace Kelley ; M. Louis Brown et Sunny Burke ; Int.
Jerry Lewis
(Brendan Byer III et le général Kesserling), John Wood (Finkel), Jan
Murray
(Sid Hackle), Steve Franken (Peter Bland), Sidney Miller (Hitler).
En 1943 le millionnaire
new-yorkais Brendan s'ennuie. Refusé au recrutement pour l'Europe, il
se
constitue une armée composée de trois copains réformés, de son
secrétaire et de
son chauffeur, s'embarque sur son Yacht privé jusqu'à Naples…
Impossible
d'aller jusqu'au bout.
Filmés comme des documents, les gags ne passent à aucun moment, à cause peut-être d'un malentendu tragique : le milliardaire ne s'ennuie pas... c'est le spectateur qui projette son propre ennui sur le personnage. 10/02/01 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Joseph
H. LEWIS
liste auteurs
Association
criminelle
(The Big Combo)
USA
VO N&B 1955 89'
;
R. J. H. Lewis ; Sc. Phil Yordan ; M. David
Raskin ; Pr.
Sidney Harmon ; Int. Cornel Wilde (Leonard Diamond), Richard
Conte (Mr.
Brown), Brian Donlevy (McClure), Jean Wallace (Susan Lowell), Robert
Middleton
(Peterson), Lee Van Cleef (Fante, Galerie des Bobines).
Tenu
généralement pour un grand film noir, mais rien n'est moins sûr,
l'intrigue étant, elle, cousue de fil blanc : le gangster Brown torture
le flic
et tue sa petite amie pour que la victoire du bien se pimente de juste revanche.
D'autant qu'à la fin se rejoignent en profondeur dans le brouillard
le beau flic et la maîtresse du défunt truand.
Effets d'éclairage forcés avec ombres
expressionnistes et antisolaires pour faire peur dans le noir, ainsi
que
surcommentaire musical n'arrangent rien. Tout de même une scène
inoubliable :
l'exécution d'un sourd auquel par un raffinement de cruauté sardonique
on
épargne les détonations en lui ôtant l'appareil auditif, de sorte qu'il
est
fusillé du point de vue du sourd,, sans le son évidemment.
8/03/03 Retour
titres
Sommaire
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de page
Marcel
L'HERBIER
liste auteurs
L'Inhumaine
Fr.
1923 Muet N&B 123'
Commentaire
L'Argent Fr.
1928 Muet N&B 164' ; R. M. L'Herbier ; Sc.
M. L'Herbier d'ap. Zola ; Ph. Jules Kruger, Jean Lefort,
Louis Le
Bertre ; Déc. Lazare Meerson ; Pr. Cinémondial ; Int.
Marie Glory (Line Hamelin), Brigitte Helm (la baronne Sandorf), Pierre
Alcover
(Saccard), Yvette Guilbert (la Méchain), Alfred Abel (Gundermann),
Henry Victor
(Jacques Hamelin), Jules Berry (Huret), Raymond Rouleau (Jentron),
Antonin
Artaud (Mazaud).
Mis en difficulté à la
suite des manœuvres du grand financier Gundermann, le directeur de la
Banque
Universelle Saccard redore son blason en finançant l'héroïque
expédition
guyanaise de l'aviateur Hamelin, qui est porté à la vice-présidence de
ladite
Banque Universelle. Dans le but de racheter ses actions à la baisse,
Saccard laisse
se répandre la fausse nouvelle du crash du raid aérien. Entretemps il a
manigancé pour endetter Line, la femme de Hamelin, afin de la soumettre
à ses
désirs par chantage. La baronne Sandorf, sa maîtresse, passe à
Gundermann pour
raisons boursières. Line, harcelée par Saccard, dont la baronne lui
révèle les
irrégularités commises, tente de le tuer. Elle revend ses actions de la
Banque
Universelle bientôt suivie par Gundermann via les grandes places
internationales. Les actions baissent massivement, tandis que Saccard
est
arrêté sur plaintes. Juridiquement solidaire, Hamelin est emprisonné.
Au procès
Saccard pleure comme un gamin. Grâce à l'intervention de Gundermann qui
va
reprendre en main la Banque Universelle, l'action civile est
éteinte et, considéré
de plus comme un héros, Hamelin est acquitté. En prison, Saccard
prépare déjà
pour sa sortie un gros coup financier avec la complicité d'un gardien.
En bref
le prodigieux roman de Zola, qui ferait regretter aujourd'hui l'absence
d'un
tel contrepoids spirituel au libéralisme économique mondial, sur lequel
on n'a
pas encore vraiment su mettre des mots, est saccagé au profit des plus
bas
ressorts. Le complexe système social, politique, économique et la part
d'humanité accordée aux pires salauds où s'inscrit l'intrigue du livre
en une
énonciation toujours indirecte, jamais rapportée à un centre de vérité,
sont
ici réduits à une question de sexe et de coups bas. Le manichéisme fait
rage.
Gundermann est mué en bienfaiteur. La justice se fait populiste en
effaçant le
désastre social derrière l'honneur bafoué du héros : "Vous avez
failli
salir un héros!" lance le procureur à Saccard en larmes dans son
box, ce qu'interdirait le paradoxal panache de son modèle du roman
où le
mal n'exclut jamais le bien.
Pour ce faire on procède à certaines permutations. Line,
l'épouse
de Hamelin alias Caroline dans le roman, sa sœur, qui tout en étant
profondément honnête aime le filou Saccard. La baronne ne
passe
nullement de Saccard à Gundermann, qui décline ses avances.
Car l'argent
chez Zola n'écrase jamais la complexité des motivations humaines.
Mais le pire c'est la prétention esthétique, les décors
démesurés
et modernistes, le montage court pour mécaniquement plaquer
du
rythme, la virtuosité gratuite des mouvements de caméra, vaines
boursouflures
d'un film absolument dépourvu d'émotion. Voyez à la fin la
lourdeur de la
rhétorique du ballet lascif chez Saccard monté en parallèle avec
la
déconfiture qui se prépare dans l'ombre (le montage parallèle peut être
une
rhétorique des plus pernicieuses, même chez les plus grands, y compris
Eisenstein dans La Grève). Ou ce jeu
ondulant et visqueux de la baronne, fait sur mesure pour le poulailler
cinématographique. Qu'on me permette d'y subodorer un plagiat de Metropolis
(1927) avec un Alfred Abel dans le même emploi olympien, et une
Brigitte Helm
incarnant la même lubricité que dans son rôle de robot. Gros budget, petit
esprit. 25/10/17 Retour
titres
Sommaire
La
Nuit fantastique
(générique) Fr. 1941 N&B 103' ; R. M.
L'Herbier ; Sc.
Louis Chavance ; Dial. Henri Jeanson ; Ph. Pierre
Montazel ; Déc.
René Moulaert, Marcel Magniez ; M. Maurice Thiriet ; Pr.
UTC ; Int.
Fernand Gravey (Denis), Saturnin Fabre (Thalès), Micheline Presle
(Irène), Jean
Parédès (Cadet), Charles Grandval (Adalbert), Zita Flore
(l'assistante),
Bernard Blier (Lucien), Marcel Tellier (Levesque).
Agrégatif de philosophie,
Denis travaille de nuit aux Halles pour payer ses études. Le manque de
sommeil
le met dans un état de somnolence chronique. A tout bout de champ il
plonge
dans le sommeil où il retrouve en rêve une mystérieuse jeune fille
appelée
Irène, réplique d'une affiche placardée dans sa chambre qui s'anime au moment où il s'endort.
Puis elle apparaît aux Halles. Il la suit dans une soirée où il absorbe
quelques
verres de champagne et découvre qu'elle simule la folie pour échapper
au
mariage avec Cadet, l'assistant de son père, lequel est un magicien
nuisible,
animé de mauvaises intentions. La présence de Denis déjoue une
machination qui
visait à enlever Irène à la faveur d'un numéro d'escamotage. Celle-ci,
qui
attend avec impatience une majorité imminente, gratifie son sauveur
d'un
baiser. Certains d'être dans un rêve ils trinquent par plaisanterie
avec la
boisson narcotique qui était destinée à l'enlèvement.
Denis se réveille au milieu des cageots, entouré de forts
des
Halles qui remarquent une trace de rouge à lèvres sur sa joue. Rentré chez lui, il se désespère d'avoir perdu à
jamais son
apparition chérie sans s'étonner outre-mesure de cette marque. Mais la
jeune
femme survient en chair et en os au moment où sonne l'heure de sa
naissance
vingt-et-un ans auparavant. Elle lui déclare que, maintenant libre de
ses
décisions, elle peut l'épouser. En réalité, Denis ne dormait pas. Un
ami qui
l'avait suivi dans ses pérégrinations nocturnes l'avait déposé, endormi
par la
drogue, sur son lieu de travail. Le père d'Irène était un imposteur qui
en
voulait à la fortune de sa prétendue fille...
On s'est
beaucoup extasié sur l'onirisme de ce film salué comme un des
chefs-d'œuvre de
l'Occupation. En réalité aucun des poncifs du genre n'est épargné :
beaucoup de
fumées
nocturnes dévoilées par des phares, de voilages,
de flous ou de surimpressions, dans des décors ad hoc comme
l'hôpital psychiatrique
ultramoderne avec fous menaçants, l'antre du magicien
pourvu de mannequins ou de masques éclairés de l'intérieur,
la salle d'égyptologie d'un musée
où donne secrètement celle-ci, des décors intérieurs surchargés ou les toits
de Paris (enfumés) avec effets inquiétants de lumière, contre-plongées obliques et
accompagnement musical dictant au spectateur ce qu'il doit éprouver et
quand.
Le montage tout à fait maladroit empile plan sur plan sans
solution de nécessité. Tout aussi artificiel, le mixage surajoute
l'ambiance
sonore voulue (les Halles). D'habitude excellents, les dialogues de
Henri
Jeanson semblent ici ne servir que la gloire de leur auteur. En bref,
c'est
tellement creux que la masse des effets s'y effondre avant même que
d'atteindre
la boursouflure. 4/10/03 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Richard
LINKLATER
liste auteurs
Boyhood
USA
VO 2014 166' ; R., Sc.
R.
Linklater
; Ph.
Lee Daniel ; Mont. Sandra Adan ; Pr. Detour
Filmproduction ;
Int. Ellar Coltrane (Mason), Patricia Arquette (Olivia, sa
mère),
Lorelei Linklater (Samantha, sa sœur), Ethan Hawke (son père).
Les tribulations familiales de
Mason, son éducation parentale, scolaire et sentimentale de 7 à 18 ans,
balloté
par les déménagements et les remariages d'une mère responsable, et
soutenu par
un père peu conformiste, intermittent de fait mais moralement très
présent.
Le deal c'est de capter le réel du temps
qui
passe, en filmant les acteurs de 2002 à 2013, si bien que le Mason de
dix-huit
ans est le même que celui de sept, vieilli de onze ans. Le
meilleur est
peut-être là, dans cette étrangeté de l'impossible ubiquité temporelle
réalisée
sous nos yeux, ceci associé à une direction d'acteur donnant libre
cours à la
singularité, même si les dialogues, en apparence spontanés sont très
travaillés. Ils sont en effet traversés habilement par la question
politique,
associée à une conception éclairée de l'éducation.
Le récit s'efforce d'ailleurs de ne pas faire de
concession à
l'idéologie du happy end, pourtant ici inévitable, dans la mesure où le
futur
est un futur antérieur, passé calibré pour concorder avec l'état final,
de
tonalité radieuse, du jeune adulte à sa première journée d'université,
perdu
dans un magique décor de masses rocheuses cyclopéennes en
compagnie d'une
gracieuse étudiante. Il y a donc même double téléologie destinale : le
trajet du
filmage ou déterminisme diégétique, et ce qu'il projette dans
l'après-film.
Au total, à part quelques ellipses saisissantes,
comme le
mariage de la mère avec son prof d'université, qui, de façon brutale,
se révélera
une catastrophe, la dimension de l'inconnu, l'imprévisible du réel
manque à ce
film qui prend si ostensiblement le parti du réel. Il confirme que la
copie ne
saurait s'accomplir qu'au prix d'une mutilation du modèle. Et même en
rajoute
en brevetage d'authenticité.
Confusion ordinaire entre vérité et représentation de la
vérité !
On est même au comble du naturalisme régnant, celui qui s'annonce
triomphalement "d'après une histoire vraie".
Toutes les intentions "éthiques" sous-jacentes
prennent du coup le statut de modèle à suivre. Contrairement à
l'éthique
véritable, qui ne peut que procéder de l'expérimental et de la jurisprudence. 26/06/18 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Ken
LOACH
liste auteurs
Bread
and Roses
GB
VO 2000 115' ; R. K. Loach ; Sc. Paul Laverty ; Ph.
Barry
Ackroyd ; M. George Fenton ; Mont. Jonathan Morris ; Pr.
Rebecca O'Brien ; Int. Pilar Padilla (Maya), Adrien Brody
(Sam), Elpidia
Carrillo (Rosa), Jack McGee (Bert), Monica Rivas (Simona), Frank Davila
(Luis),
George Lopez (Perez).
A Los Angeles des employés
de ménage latinos sont surexploités et spoliés de leurs droits. Maya
débarque
clandestinement du Mexique après avoir eu affaire à des passeurs sans
scrupule.
Elle est embauchée dans l'entreprise où travaille sa sœur Rosa contre
un mois
de salaire au profit du chef du personnel Perez, odieux personnage,
n'hésitant
pas à humilier ses compatriotes et à licencier au moindre prétexte.
Le jeune syndicaliste Sam (Adrien Brody : Galerie
des Bobines) organise des réunions clandestines pour mobiliser un
personnel
craintif, s'attendant à perdre le peu obtenu au prix d'une vie de
galère. Maya
a un caractère entièrement positif qui la rend plus consciente que les
autres.
Une sympathie amoureuse naît entre elle et Sam. Elle est en même temps
courtisée par un camarade qui a économisé pour entrer à l'université.
Quand
celui-ci est licencié pour fait syndical, elle n'hésite pas à commettre
un
hold-up afin de compléter la somme nécessaire à son inscription. Maya
découvre
qu'ils ont été dénoncés par sa sœur. Dans la violente discussion qui
s'ensuit,
Rosa, qui voulait monter en grade pour pouvoir payer les soins de son
mari
diabétique, révèle aussi à sa sœur avoir dû se prostituer pour les
nourrir elle
et sa mère au Mexique, et même coucher avec Perez pour obtenir qu'elle,
Maya,
soit embauchée.
En même temps que le spectateur, Maya découvrant la
complexité des
motifs, apprend qu'on ne peut juger sur les apparences. Finalement les
travailleurs se mobilisent et agissent par des interventions auprès des
responsables et des manifestations en ville. Ils sont arrêtés mais
obtiennent
gain de cause. Hélas les empreintes de Maya ont été relevées et
coïncident avec
celles du hold-up. Elle est expulsée.
À la fois document inspiré de faits réels
traités sans concession et fiction par le souffle et la fraîcheur, ce
film
confirme que traitée sobrement et conduite avec conviction, une cause
juste
peut produire un cinéma fort. Même si la conscience de la légitimité de
cette
cause (identifiée aux mouvements sociaux des années dix qui, à
revendiquer
aussi les roses, n'entendaient pas se contenter du nécessaire (bread)),
en
croyant devoir laisser à la thématique tout le loisir de s'épanouir par
elle-même,
méconnaît les pouvoirs indépassables de l'art(1).
8/06/03 Retour
titres
Sommaire
The
Navigators
GB
VO 2001 95'
Commentaire
Just a Kiss
GB
VO 2004 104'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Barbara
LODEN
liste auteurs
Wanda
USA
VO 1970 102'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Joseph
LOSEY
liste auteurs
Eva
(Eva)
GB-Fr
VO N&B 1962 116' ; R. J. Losey ; Sc.
Hugo Buthler, Evan Jones, d'après J.H. Chase ; Ph. Gianni
Di Venanzo
; M. Michel Magne ; Pr. R. Hakim ; Int.
Stanley Baker
(Tyvian), Jeanne Moreau (Eva : Galerie des Bobines), Virna
Lisi (Francesca).
Écrivain célèbre par l'usurpation de l'identité de son frère
décédé, Tyvian s'éprend de la courtisane Eva qui l'avilit avec une
implacable
cruauté. Bien que, épousée entre-temps, Francesca se suicide de
désespoir, il
ne renonce pas pour autant à cette morbide relation. Voilà un modèle
physique
de virilité réduit à l'état de pantin suppliant.
Le récit porte la double marque du cliché
manichéiste et du sang du roman noir. Mais c'est surtout l'esthétique
des
années soixante qui a pris un sacré coup de vieux : les complaisances
pour le
monde privilégié des arts et du spectacle d'alors avec ses décors et
attributs
attitrés encore affadis par la vogue de l'ingrédient vénitien
(Francesca ne se
suicide pas comme tout le monde en voiture mais avec chic, en
canot
automobile sur la Lagune). L'érotisme même ne bénéficie pas du précieux
concours de la censure ambiante qui sollicitait si bien la ruse des
réalisateurs. Les blues de Billie Hollyday, censés y mettre une touche
d'authenticité tragique, se diluent dans le clinquant d'une facture
visuelle
distendue.
À l'inverse exact de ce que pouvait proclamer un critique
élogieux, la mise en scène rend insupportables toutes ces conventions
(les
clichés thématiques).
Bizarrement, Deleuze considère le personnage d'Eva comme
"une
femme en avance", appartenant au genre de celles qui "conquièrent une
liberté créatrice, artistique ou simplement pratique" (L'image-Mouvement,
p. 194). Mais ce n'est pas plus bizarre que bien d'autres aspects de ce
livre.
On y reviendra, un jour. 8/10/00 Retour
titres
Sommaire
The
Servant
GB
VO N&B 1963 115' ; R. J. Losey ; Sc.
Harold Pinter ; Ph. Douglas Sclocombe ; M. John
Dankworth ; Pr.
Springbock Associated British/Pathé ; Int. Dirk Bogarde
(Barret), James
Fox (Tony), Sarah Miles (Vera), Wendy Craig (Susan).
Jeune et riche aristocrate,
Tony engage le très stylé valet Barret, qui va prendre un empire
croissant sur
son maître jusqu'à le détacher de sa fiancée Susan, notamment en
fourrant dans
son lit sa propre maîtresse et prétendue sœur Vera, engagée comme
bonne. Deux
parties se distinguent. Dans la première on assiste au conflit entre le
domestique et Susan
dont se détache insensiblement le fiancé. Dans la deuxième, les deux
domestiques sont renvoyés pour avoir été surpris dans le lit du maître
rentré
impromptu avec Susan. Ils déguerpissent non sans avoir glissé
l'information
empoisonnée du rôle véritable de la bonne. Susan s'enfuit dans la nuit.
Devenu solitaire, Tony se laissant fléchir par le beau
parleur
Barret rencontré fortuitement, le reprend
à
son service. Bientôt surgit Vera comme par hasard. Les deux hommes
vivent dans
le désordre comme deux copains de débauche.
Imbibé d'alcool en permanence, Tony a renoncé à ses grands projets de
fondation
de villes dans la jungle brésilienne. C'est au tour de Susan revenue à
la
charge d'être congédiée. En partant elle soufflette cruellement le
domestique
en jouant de son lourd bracelet métallique.
Affadissement de la dialectique du maître
et de l'esclave, l'intrigue ne présente que l'intérêt douteux d'une
déchéance
pour elle-même, d'autant que, sauf erreur, certains plans
authentiquement
érotiques ont été caviardés dans cette version. L'érotisme constituait
pourtant
un enjeu cardinal du film. Il reste quelques scènes comme la bonne
servant le
maître nu dans son lit. Mais surtout des figures : Vera aguichant Tony,
allongée sur une table surmontée d'une sorte de scialytique comme un
billard
chirurgical pendant que goutte obsessivement un robinet
évocateur ou encore l'œil voyeur du miroir rond
reflétant les événements significatifs à cet égard, auquel répond
perversement
le tableau de l'aristocratique ancêtre, unique témoin des premiers ébats.
L'esthétique consiste en excès d'angles
que règle un jazz de renfort à demi-sulfureux, censé évoquer les mœurs
décadentes des riches citadins oisifs, dont le malaise se diffuse dans
le
décharnement des arbres urbains, ceux du générique,
ou quelque autre se reflétant mélancoliquement dans une
flaque d'eau d'un bitume inégal.
Le seul mérite de ce film, qui eut son heure de gloire
comme film
d'auteur, réside dans la personnalité et le jeu des acteurs. Ce qui ne
l'a pas
empêché de vieillir et prouve une fois de plus qu'il faut se méfier des
apparences au cinéma : l'acteur génial comme la photo sublime (voir à
cet égard
ici-même le film suivant du même auteur), sont en tant que valeurs
extrinsèques,
les pires pièges de l'art du cinéma, qui se joue au contraire sur les
valeurs
internes.
Méditons une fois encore les remarques de Bresson : aplatir
les
images comme au fer à repasser ou encore laisser percer
l'émotion à
travers l'automatisme du jeu des acteurs, et constatons que le
temps n'a
pas eu prise, en revanche, sur Procès de Jeanne d'Arc, à peu
près
contemporain (1962). 8/05/03 Retour titres Sommaire
Le
Messager (The
Go-Between)
GB
VO 1971 105'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Ernst
LUBITSCH
liste auteurs
Haute
pègre (Trouble
in Paradise) USA
VO N&B 1932 83' ; R. E. Lubitsch ; Sc. Samson
Raphaelson ; Ph.
Victor Milner ; M. W. Franke Harling ; Pr.
Lubitsh/Paramount ; Int.
Herbert Marshall (Gaston Monescu), Kay Francis (Mariette Colet), Miriam
Hopkins
(Lily), Edward Everett Horton (Filiba), Charlie Ruggles (le major),
Aubrey
Smith (Adolphe Giron).
À Venise dans un décor de palais, Gaston
et Lily se donnent des "baron" et "comtesse" à tout va,
avant de se dévoiler mutuellement leur condition d'escroc : le
ramassage des
ordures du prologue avait déjà donné le ton. Gaston se fait engager
avec sa
comparse à Paris comme secrétaire de la riche héritière Mariette Colet.
Mais Gaston
et Mariette s'éprennent l'un de l'autre. Mariette apprend la vraie vie
de
Gaston sans vouloir renoncer à lui. Lily ne se laisse pas faire et les
deux
filous partent munis d'un beau butin avec le consentement de la
patronne. Jeu
théâtral des acteurs et de l'action avec allées et venues
significatives dans
l'hôtel particulier et permutations insistantes entre les destinations
des
portes symétriques des chambres à coucher.
Tout
cela sonne
faux. Edward Everett Horton fait son numéro ordinaire. Miriam Hopkins
qui est
tête d'affiche (mais la postérité ne s'y est pas trompée qui place en
premier
Kay Francis) a la gaieté factice, et les tête-à-tête amoureux en
général sont
froids et statiques. Les ombres suggestives du couple sur le lit double
de Mariette
font lourd. Le montage narratif est artificiel et parfois tout à fait
arbitraire. La musique en rajoute des louches, et les étrangers sont
systématiquement ridiculisés.
Mauvais Lubitsch ! Est-ce possible ? Voyons la suite.
30/12/00 Retour titres Sommaire
La Huitième femme de Barbe-Bleue
(Bluebird's Eighth Wife), USA VO N&B 1938 80' Ninotchka
USA
VO N&B 1939 11O' ; R. E. Lubitsch ; Sc.
Charles Brackett, Billy Wilder, Walter Reisch ; Ph. Williams
Daniels ; M.
Werner Heymann ; Pr. Lubitsch/Paramount ; Int. Greta
Garbo (Nina
Yakushova/Ninotchka), Melvyn Douglas (Léon d'Algout), Ina Claire
(Swana), Felix
Bressat (Buljanoff), Alexander Granach (Kopalski), Sig Ruman (Iranoff),
Bela
Lugosi (le commissaire Razinin).
Une incorruptible du Parti,
Nina Yakushova, débarque pour remédier à l'incapacité de trois
commissaires
soviétiques mandatés à Paris pour y négocier les bijoux confisqués à la
famille
de la princesse russe Swana. Celle-ci réside dans la même ville, et
c'est son
amant, le comte d'Algout qui, chargé de récupérer les bijoux, a
embobiné les
trois compères, assisté des charmes du luxe occidental. Mais il
s'éprend de la
Camarade qui finit par se dérider et l'aimer à son tour.
Vraie
caricature du communisme stalinien, non que la critique n'en soit
fondée, mais
elle est manichéiste et surtout prétexte à vanter le paradis occidental
au prix
de quelques mensonges par omission. Néanmoins cette démarche est
parfaitement
justifiée s'agissant du spectaculaire dédoublement du camarade
Ninochka.
D'abord d'un matérialisme scientiste déshumanisant, le visage maussade
et
sombre, elle se transfigure soudain après avoir appris à rire avec
d'Algout. Et
l'épanouissement de l'amour se peint sur ses traits d'une façon qui ne
peut appartenir
qu'à Garbo. Jeux
dangereux
(To
Be or Not to Be) USA VO N&B 1942
99' Le
Ciel peut attendre
(Heaven
Can Wait) USA VO couleur 1943 112' ; R.
E. Lubitsch ; Sc. Samson Raphaelson, d'après Laszlo
Bus-Feketé ; Ph.
Edward Cronjager ; M. Alfred Newman ; Pr. Lubitsch/20th
Century
Fox ; Int. Don Ameche (Henry Van Cleeve), Gene Tierney
(Martha), Charles
Coburn (Hugo Van Cleeve), Louis Calhern (Randolph Van Cleeve), Laird
Cregar
(Son Excellence), Eugene Pallette (M. Strabel), Spring Byington (Bertha
Van
Cleeve).
À sa mort, Henry Van Cleeve
descend directement en enfer, qu'il croit avoir mérité comme grand
bourgeois
new-yorkais dévoué avant son mariage aux femmes et aux plaisirs. "Son
Excellence" le Diable en jaquette posté à l'entrée n'en est pas
convaincu,
et Henry raconte sa vie, qui défile à la charnière des deux siècles. Il
s'avère
que tout cela est assez anodin, que les "conquêtes" s'arrêtent à
l'entourage familial, à la nurse en compagnie de laquelle il sabla le
champagne
ou à une fillette à qui, enfant, il offrit des scarabées. Le plus grave
est
d'avoir enlevé sa future femme à son cousin Albert, mais c'était au nom
de
l'amour partagé.
Les
belles couleurs factices et la vie de luxe nous tiennent dans un
agréable
éloignement qui accentue la tonalité onirique de ce mariage d'amour.
Les autres
personnages sont caricaturaux : père autoritaire, mère trop aimante,
nourrice
complaisante, cousin honneur de la famille et grand-père bourru qui
protège le
héros et favorise ses folles entreprises. _______________________________________Haut
de page Douze
hommes en colère
(Twelve Angry Men)
USA
VO N&B 1957 90' L'Homme
à la peau de serpent
(The
Fugitive Kind)
USA VO N&B 1959 121' ; R., Sc. S. Lumet,
d'après Tennessee Williams ; Pr. Jurous/Shepherd/Pennebaker ; Int.
Marlon
Brando (Valentin Xavier), Anna Magnani (Lady Torrance), Joanne Woodward
(Carol
Cubure).
Indésirable dans son
patelin pour y avoir fait de la casse parce que sa guitare était au
clou, un
chanteur aux allures de demi-dieu grec qui aurait conclu un marché de
dupe avec
le Serpent de la Genèse pour s'en tailler un blouson, va semer le
trouble parmi
la population féminine d'une bourgade du Mississipi. Les hommes se
vengent en
l'immolant dans un incendie. Carol, jeune alcoolique érotomane et
millionnaire,
n'adulera plus désormais que la peau miraculeusement épargnée par la
fournaise.
Ce laconisme pour traduire
l'effet désastreux que peut produire une adaptation(1) théâtrale servile,
sans transmutation filmique. Elle tourne au ridicule les traits
dramaturgiques
les plus remarquables, telle la stylisation de l'intrigue. Lady, la
femme mûre
qui emploie le jeune homme dans son magasin puis succombe à son charme,
a perdu
son père dans un incendie provoqué par des fanatiques parce qu'il avait
vendu
de l'alcool à des Noirs. Elle apprend que son mari, un infirme
tyrannique,
faisait partie de l'expédition. L'homme qu'elle aime subira le même
sort :
considéré par la même clique, représentée par le shérif et le mari,
comme un
indésirable au même titre qu'un homme de couleur, il est sacrifié par
le feu. Serpico
USA VO
Panavision-couleur 1973 125' ; R. S. Lumet ; Sc. Waldo
Salt,
Norman Wexler, d'après P. Maas ; Ph. Arthur J. Ornitz ; Déc.
Charles Balley, Douglas Higgins ; M. Mikis Theodorakis ; Pr.
Martin Bregman/Dino de Laurentiis ; Int. Al Pacino (Frank
Serpico), John
Randolph (commissaire Sidney Green), Cornelia Sharpe (Leslie).
Engagé dans la police de
New-York dont il dénonce la corruption, Serpico se heurte à l'hostilité
de ses
pairs et à l'inertie de la hiérarchie. Les tensions professionnelles
compromettent sa vie sentimentale. Finalement, avec la complicité
passive de
ses collègues, il est gravement blessé dans une opération, ce qui lui
vaut la
médaille d'or des inspecteurs, mais il doit quitter la police et
s'exiler.
Réquisitoire sans concessions
ni au héros hollywoodien ni au spectaculaire policier. L'exploit se
cantonne
ici à l'intégrité ordinaire, qui ne prétend pas remettre en cause un
système
pourri. En dépit d'une musique auxiliaire dont les violons voudraient
cerner le
personnage d'un halo pathétique, film d'autant plus convaincant qu'il
n'a
d'autre prétention que la relation véridique d'une histoire authentique
fort
instructive. 14/02/02
Retour titres Sommaire
À
bout de course
(Running on Empty)
USA
VO 1988 110' _______________________________________Haut
de page L'Arrivée
d'un train en gare de La Ciotat
Fr.
Muet N&B 1895 ; R., Pr. L. Lumière.
Bordée par ses deux quais,
une voie ferrée prenant naissance au coin inférieur gauche file en
ligne de
fuite obliquant dans la profondeur de champ à droite où se dressent
deux plans
successifs de collines. Un porteur tirant un chariot de gare à deux
roues sort
droite-cadre. Des voyageurs sont alignés le long du quai de droite à
distance
respectueuse du bord, à l'exception de deux hommes habillés de sombre à
l'autre
bout. Sur le quai opposé, un unique client. Avant que le porteur ne
disparaisse
tout à fait droite-cadre la foule s'anime soudain au moment où,
surmonté d'un
petit panache blanc, le train paraît dans la profondeur. La locomotive
grandit
rapidement et s'arrête hors champ, gauche-cadre. Bien avant
l'immobilisation,
les deux hommes du fond marchent vers l'avant puis tous, portant
ballots et
paquets (aucune valise), se mettent en branle dans le sens de la marche
du
train, certains en grande hâte. Quelques-uns en s'approchant de la
caméra
passent au plan rapproché, gros plan ou très-gros plan.
Vu la
direction des courtes ombres portées (on est à mi-journée) orientées
vers le
fond, le train se dirige probablement vers le sud. Rutilants, les
wagons
reflètent la foule du quai. Les nombreuses portières - donnant
directement sur
les compartiments - s'ouvrent et ceux qui montent aident à la descente
des
enfants et des bagages. L'œil ethnographique saura y faire ses délices
d'autres
particularités d'époque telles que costumes, chapeaux, etc. On reste
frappé par
l'efficacité, la sobriété et la concision. Particulièrement émouvants,
les
changements de grosseur dans un même cadre donnent à méditer sur
l'effet des
données propres au langage filmique. Déjà la profondeur de champ et le
hors-champ, si spécifiques ! L'Arroseur
arrosé
Fr.
Muet N&B 1895 ; R., Pr.
L. Lumière 1'.
A la
belle saison, au premier plan, dans la moitié gauche du cadre en plan
d'ensemble, un jardinier arrose le hors champ gauche-cadre. L'horizon
est barré
en profondeur par un rideau d'arbres parallèle au bord supérieur et
séparé du
jardin par un mur. Entre celui-ci et le personnage, diverses
plates-bandes.
Allant de droite à gauche, les ombres portées sont un peu allongées :
il est
probable qu'on soit en milieu de matinée ou d'après-midi. Un gamin
d'une
quinzaine d'années rentre doucement dans le champ droite-cadre et
appuie du
pied droit sur le tuyau dont le jet se tarit.
Le jardinier dirige la lance
sur sa propre figure de façon à en présenter l'orifice. C'est le moment
qu'a
choisi le farceur pour lever le pied, si bien qu'une brusque
éjaculation inonde
la figure de l'arroseur. Le garnement se sauvant vivement traverse le
champ de
droite à gauche. Rattrapé puis tiré par l'oreille jusqu'au centre au
premier
plan où une fessée lui est administrée, il ressort du champ par où il
était
venu et le jardinier reprend son ouvrage.
Judicieuse mise en scène usant économiquement du cadre et du hors
champ,
dans une élégante (au sens mathématique du terme) composition. 16/03/04
Retour titres Sommaire
La
Sortie des usines Lumière
Fr.
Muet N&B 1895 1' (troisième version) ; R., Pr. L. Lumière.
Un des
premiers films de l'histoire du cinéma, projetés au Grand Café à Paris
le 28
décembre 1895.
Dans la lumière d'été, le
plan fixe cadre un simulacre de scène à l'italienne avec une
avant-scène, une
toile de fond et un côté cour matérialisé par un mur. La "toile de
fond" est divisée symétriquement en deux parties. A gauche une façade
aveugle percée d'une porte (ouverte), à droite un porche fermant à deux
battants et traversé par la voie pavée qui constitue la partie droite
de
l'avant-scène. Les vantaux s'écartent, découvrant au second plan un
haut comble
en appentis adossé au mur de droite, surplombant la voie pavée et dont
les
poutres visibles évoquent des cintres ; à l'arrière-plan, une grande
porte
coulissante qui doit donner sur un vaste atelier. L'analogie avec le
théâtre
s'arrête là, car on remarque l'ombre portée de deux arbres situés
hors-cadre.
L'une en amorce au sol dans la partie médiane de "l'avant-scène",
l'autre à droite sur le mur dit "côté cour" (dans une autre version,
une des premières tournées probablement en mars, les branches sont
nues).
À
l'exception du montage et des mouvements d'appareil, tout le cinéma est
déjà là
: utilisation de la lumière (naturelle), dialectique du champ et du
hors champ,
composition du cadre, mélange d'organisation et d'imprévu dans une
proportion
impossible à déterminer. Ainsi le chien errant (élément de hasard) est
présent
dans toutes les versions (élément intentionnel). (Images).
17/01/04 Retour titres Sommaire
New
York : Broadway à Union Square
Fr.
VO N&B 1896 39'' ; Pr. frères Lumière.
D'après les ombres portées, l'état de la végétation et les
vêtements des passants, on est au début du printemps par une journée
ensoleillée vers midi. Laissant entre lui et le bord droit un espace
libre qui
doit correspondre au débouché d'une rue au nord-ouest (d'après un
raisonnement
déductif reproduit à la fin du présent compte-rendu, ce pourrait être
la
Quinzième rue mais est-elle assez importante pour un parcours de
tramway ?), un
immeuble de quatre ou cinq étages se dresse à l'arrière-plan à droite.
Le bord
supérieur du cadre épouse le dernier étage. A sa gauche, un building en
construction le sépare d'un immeuble en amorce rejeté à gauche du
cadre. Des
tramways électriques défilent, venant de l'intervalle libre en
profondeur
à droite et s'engageant dans une avenue à gauche du cadre au premier
plan après
un parcours en escalier pour contourner un angle du square (l'angle
sud-ouest
?) dont on peut voir les arbres à droite et au centre. Le carrefour au
premier
plan est occupé en son centre par un policier casqué et un
fonctionnaire
municipal en casquette se faisant face pour filtrer le passage des
piétons. Les
tramways motorisés sont prioritaires. Un tramway tracté par un cheval
au trot
venant de la même direction mais devant continuer probablement tout
droit vers
le bord inférieur du cadre (qui correspondrait à la Quatorzième rue)
s'immobilise pour se laisser doubler par ses pareils auto-mus qui lui
coupent
la route en bifurquant gauche-cadre. A l'avant-plan un petit crieur de
journaux
faisant face à la caméra sort du champ par le coin inférieur droit. Des
véhicules hippomobiles de fret circulent à l'arrière-plan. Compte tenu
de la
saison, de l'heure probable évaluée d'après leur portée restreinte, la
direction des ombres indique approximativement le nord. Ce qui
confirmerait que
le premier plan est au sud d'Union Square et que les tramways au
premier plan
s'engagent dans Broadway sud : si je me trompe, je vous prie de ne pas
me
laisser dans l'erreur !
Sensation générale d'un cadre fermement
inscrit mais d'une convergence générale du mouvement au premier plan
gauche-cadre, imprimant à cette image foisonnante une dynamique
orientée. Images.
20/03/04 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page Bambola
Fr.-It.-Esp.
VO (esp.) 1996 95' (version it.) ______________________________________Haut
de page Le
Voyage de la peur
(The
Hitch-Hiker) USA
N&B 1953 71' Bigamie
(The
Bigamist) USA N&B 1953 80' _______________________________________Haut
de page
La Nuit de la Saint-Sylvestre
(Sylvester)
All. Muet N&B 1921 57' ; R. Lupu-Pick ; Sc. Carl
Mayer ; Ph.
Guido Seeber, Karl Hasselmann ; Int. Eugen Klöpfer (l'homme),
Edith
Fosca (sa femme), Frieda Richard (sa mère).
La nuit de la Saint-Sylvestre à Berlin la clientèle afflue
dans une brasserie tenue par un couple amoureux. Logeant dans
l'appartement
attenant avec leur bébé ils se préparent aussi à fêter la soirée
autour
d'un bon repas. Mais la mère du cabaretier s'invite, ce qui contrarie
fort
l'épouse. Elle rajoute un couvert sur la partie de la table non
couverte par la
nappe. Finalement la belle-mère met la main à la pâte, tricote
pour le
bébé et la concorde paraît s'installer. On change la nappe pour une
plus grande.
Ayant un peu trop bu au cours du repas l'épouse somnole sur le
fauteuil,
surveillée tendrement par la belle-mère pendant que le mari s'occupe du
bar à
côté. Soudain à la vue de deux photographies encadrées ornant le mur,
le mari
et sa mère d'une part, le couple en tenue de mariés de l'autre, la mère
fait
une crise de jalousie. Elle tente d'étrangler sa bru après l'avoir
traînée
devant les photos. Le mari survient. L'épouse indique la porte à sa
belle-mère.
Son fils s'interpose mais rattrape sa femme qui tente alors de fuir
avec le
bébé. Elle accepte de rester à condition que la
vieille déguerpisse. Son
mari ne peut s'y résoudre. Chacune d'un côté s'agrippe à l'homme
qu'elle tire
à soi.
Lequel se dégage brutalement et va s'enfermer dans la pièce voisine où
il se
suicide. Entrés pour partager leur joie à minuit, les fêtards se figent
à la
vue du cadavre. Le café se vide, comme la ville alentour.
Kammerspiel à l'encontre
d'expressionnisme, à savoir, manifeste de sobriété. Non seulement par
l'intimité du lieu et le naturalisme des gestes et des accessoires liés
à
l'activité professionnelle, mais aussi à la proximité des corps
appréhendés
avec une minutie exigeant la retenue des acteurs et une caméra
attentive
au souffle près. Mais s'il y a unité de lieu il n'y a pas moins cosmos.
Dès le
premier plan on est à la porte de la brasserie, et la caméra reculant
découvre
le trottoir, puis par panoramique s'élargit à toute la rue, animée
comme il se
doit ce jour-là (on songe à La
Rue
de Karl Grune sorti la même année). Globalement
l'espace fermé du drame est l'objet par le montage d'allers et retours
avec la
brasserie noire de monde, qu'assourdit visuellement un vigoureux pianiste,
tout cela devant traverser les murs du foyer ; ensuite la rue
intensément
animée, puis toute la ville palpitant dans le noir de ses feux fixes et
clignotants, enfin la mer battant furieusement les rochers. La violence
domestique est tributaire de forces qui la dépassent. Tout communique
transversalement comme l'indiquent les
faux-raccords. Réciproquement, au
finale, minuit sonne, la rue se vide et la mer s'apaise, ou bien
n'est-ce pas
l'inverse ? L'exergue, du reste, se réfère au mythe de la Tour de
Babel, à
l'incompréhension mutuelle élevée à l'échelle cosmique. Il y a de ce
fait une
dérision de la mort, espèce de loufoquerie échappant à toute emprise,
pouvant
aussi bien survenir à propos d'une simple photo, ce qu'exprime
l'intrusion des
fêtards qui envahissent l'appartement puis grotesquement se figent face au cadavre.
Comble de la dérision dehors, ce fêtard sous le regard totalement
impartageable
d'un cheval. 19/11/17 Retour
titres
Sommaire
Commentaire
C'est avec les délices du capou… pardon, capitalisme
qu'elle
découvre sa féminité. Cependant, la princesse a dérobé les bijoux et
s'en sert
comme moyen de chantage pour obliger Ninotchka à se rapatrier si elle
veut les
récupérer. Rentrée dans son pays, elle est dépêchée à Istambul pour
surveiller
le trio des commissaires dont la mission se prolonge anormalement.
C'était un
stratagème orchestré de Turquie par d'Algout pour la retrouver, avec la
complicité du trio maintenant à la tête d'un restaurant russe.
Sans quoi le film ne serait qu'une banale intrigue de roi
et de
bergère, prétexte à propagande, si remarquable que fût l'économie
filmique d'un
récit fluide et elliptique, témoignant d'un Lubitsch au meilleur de sa
forme.
12/09/02 Retour titres Sommaire
Commentaire
Mais le déroulement de l'histoire comporte des épisodes
aussi
imprévisibles qu'incompréhensibles, comme dans la vie : au bout de dix
ans sa
femme le quitte sur un malentendu certes, mais pour des raisons
profondes qu'on
ne saisit pas. Il l'enlève une nouvelle fois, puis elle le quitte
définitivement
après quinze ans de bonheur en mourant la première. Il est donc admis à
rejoindre Martha et le grand-père au Paradis.
À part ce déroulement qui imprime au récit un régime
d'imprévisibilité plus vrai que ne le serait une causalité ad hoc,
rien
de bouleversant, aucune audace. 31/12/00 Retour titres Sommaire
Sydney
LUMET
liste auteurs
Commentaire
Le cinéma est plutôt encombré par ce raffinement de
symétrie, qui
se justifie au théâtre comme mode d'amplification tragique. Même
système dans
la distribution des rôles : il y a d'un côté les bons, poètes de la
cité, de
l'autre les mauvais, réalistes de l'économie et de la politique. La
condition,
pour être doté d'humanité, est de sacrifier à la marginalité du monde
artistique. La femme du shérif, qui offre à Xavier l'hospitalité puis
lui
trouve du travail est peintre et sait adoucir la peine les détenus.
Carol
respecte les Noirs et brûle sa vie sans crainte du déshonneur. Quant à
Lady,
elle a connu de grands malheurs, ce qui la rend sensible à la beauté du
monde
de l'esprit.
De l'autre côté, ce ne sont que brutes sanguinaires. Ce
manichéisme ne convient guère au cinéma dont la vocation est de
pénétrer dans
les recoins les plus subtiles de l'âme humaine. Néanmoins Marlon Brando
(Galerie
des Bobines),
qui domine de très haut toute la
distribution, fait une éclatante démonstration de son génie d'acteur.
Surtout, l'espace-temps monodimensionnel du théâtre vient
détruire
la ressource la plus spécifique : l'ubiquité de la pellicule. Les
événements
s'enchaînent sans rompre le cadre spatio-temporel. Les personnages
interviennent après avoir fait leur entrée en scène comme si toute
manifestation était impossible en dehors du centrage scénique. Comme Un
tramway nommé
désir, le
film n'est guère sauvé, encore
une fois, que par la performance de Brando
dont la
puissante personnalité semble incompatible avec tout épanouissement
artistique
au cinéma, sauf pour un film qui, sans être une sublime exception, se
distingue
à cet égard : Reflets
dans un œil
d'or de John
Huston. 6/08/04 Retour
titres
Sommaire
Commentaire
Louis
LUMIÈRE
liste auteurs
Ah ! Si nos géniaux auteurs actuels savaient aussi bien
rester à
leur place, que de vain et tonitruant spectaculaire épargné ! (Images).
16/03/04 Retour titres Sommaire
En tenue de ville estivale de standing variable (chapeau,
jupe et
chemisier), des employées et manufacturières paraissant par les deux
ouvertures
en commençant par le porche, se hâtent de plus en plus nombreuses vers
les
bords latéraux du cadre. Les deux premières à droite prennent leur élan
et
semblent littéralement plonger dans le hors champ par le bord droit du
cadre.
La première à passer par la porte de gauche tient dans ses bras une
fillette
coiffée d'un grand chapeau. Les ombres portées très concentrées autour
des
personnages indiquent l'heure de midi environ au solstice d'été, et la
sortie
de l'usine au sud. Les femmes venant du porche se dirigent
indifféremment dans
les deux sens, quitte à se croiser au besoin. Les autres surgissant par
la
porte sortent uniquement gauche-cadre. Bientôt un homme, puis plusieurs
dont
certains à bicyclette se mêlent à la masse féminine. Beaucoup portent
le
canotier. Renversant à moitié un cycliste, un chien en liberté poursuit
un
ouvrier en tablier qui l'excite en courant vers la caméra. En même
temps, une silhouette
passe à toute vitesse de droite à gauche devant l'objectif. Ils
disparaissent
droite-cadre. Tout le monde étant sorti, le chien revient dans le champ
par la
gauche au moment où l'on referme les portes, ralentissant sa marche,
comme
frustré.
Bigas
LUNA
liste auteurs
Commentaire
Ida
LUPINO
liste auteurs
Commentaire
Commentaire
LUPU-PICK
liste auteurs
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Noémie
LVOVSKY
liste auteurs
Oublie-moi
Fr.
1995 95' ; R., Sc. N. Lvovsky ; Ph.
Jean-Marc Fabre, Sophie Cacler ; Pr. Alain Sardes ; M.
Andrew
Dickson ; Int. Valeria Bruni-Tedeschi (Nathalie), Emmanuelle
Devos
(Christelle : Galerie des Bobines),
Laurent Grévill (Eric), Emmanuel Salinger (Antoine), Philippe Toreton
(Fabrice).
Tout en couchant avec Fabrice qui l'aime, Nathalie aime
Antoine qui ne l'aime plus. Elle s'obstine et revendique des raisons,
quitte à
être de plus en plus importune à son amant, qui se montre pourtant
patient.
Elle rompt avec Fabrice et sa dérive entraîne des aventures qui sont
des
fiascos ou des coucheries dégradantes. Mais, par un revirement
incompréhensible, Antoine finit par lui revenir.
Le film peut se définir sous un triple
aspect : le témoignage d'une femme qui se débat dans une crise avec les
moyens
d'une génération délestée des scrupules glaçants de la pudibonderie ;
l'attraction de l'espace parisien contemporain avec son métro, ses rues
et ses
immeubles caractéristiques ; le réalisme ontologique français, qui
exclut toute
poésie comme fausse et préconise des situations plausibles dans des
décors
"vrais" (métro, café, appart. bordélique, escaliers crasseux, chiottes,
cabines téléphoniques, magasins fermés) ainsi qu'une diction au besoin
inaudible pour paraître naturelle.
On sent une fascination pour Jean Eustache dont
l'essentiel
résidait pourtant dans la tension poétique de scènes au seuil de
l'impossible. Tout
repose sur la crédibilité d'une souffrance féminine poignante. Valeria
Bruni-Tedeschi cependant ne me semble pas à sa place. On réalise alors
que tout
reposait sur l'acteur. Le refus de l'ellipse, comme l'usage de plans
fixes, ne
sont guère que des solutions formalistes.
Qu'est-ce qu'un plan fixe sans l'émotion ? Un mode
d'emploi. Toute
la dernière séquence est ainsi dévolue au fonctionnement du téléphone.
Nathalie
rappelle plusieurs fois Antoine en temps réel. Toute la gamme des
touchants
petits bruitages du clavier et des signaux sonores auxiliaires de
l'appareil
nous est donc dispensée sans compter.
Il serait stérile néanmoins de pleurer la décadence du
cinéma
français, qui n'est pas forcément le cinéma parisien, outre que la
notion de
nationalité artistique n'a plus aucun sens. 30/06/02
Retour
titres
La
Vie ne me fait pas peur
Fr.
1997-1999 111' ; R.
N. Lvovsky ; Sc. N. Lvovsky, Florence Seyvos ; Ph.
Agnès Godard,
Bertrand Chatry ; M. Bruno Fontaine ; Mont. Michel
Klochender ; Pr.
Bruno Pésery ; Int. Magali Woch (Emilie), Julie-Marie
Parmentier
(Stella), Ingrid Molinier (Inès), Camille Rousselet (Marion), Valeria
Bruni-Tedeschi (la mère d'Émilie), Jean-Luc Bideau (le père d'Émilie).
La vie de quatre filles
depuis leur cinquième année jusqu'au bac. Le travail consiste à serrer
au plus
près la lutte pour le droit à l'existence de ces monstres que sont les
enfants
et adolescents au regard du monde adulte. Ce qui ne peut se faire qu'au
prix du
sang.
Le motif
du sang court sous la pellicule depuis la confiture de framboise qui
macule les
minois des petites hurlant leur vitalité à cinq ans, jusqu'au
dépucelage en
passant par les règles (qui restent implicites) et le rituel du sang
par lequel
les filles se lient pour la vie. Cela se saisit au moyen d'un cadrage
volontairement exigu pour que paraissent du moins calculés les
débordements
d'un permanent tourbillon impossible à cerner.
La démarche ne va pas sans verser dans la problématique
naturaliste, grande préoccupation du cinéma français. La vérité est
dans la
vie, donc captons la vie. Bien qu'elle manifeste plus d'amour pour la
chose
filmée que pour la liberté du signifiant, la seule méthode connue sur
terre
pour traduire l'amour, Lvovski a le mérite de sentir le piège et de
confronter
ludiquement le filmage au réel au lieu de placer toute sa confiance
dans une
métaphysique de la vérité, sans être tout à fait sûre de la différence
: ce qui
nous vaut ces moments de pur simulacre documentaire.
Pour ceux que ce film tout de même peu ordinaire aura
passionnés
je renvoie à deux très beaux éloges publiés dans Les Cahiers du cinéma
et dans
Positif, reproduits sur ce site. 11/04/03 Retour
titres
Sommaire
_______________________________________Haut
de page
David
LYNCH
liste auteurs
Elephant
man (The
Elephant Man) VO
N&B Panavision USA 1980 96'
Commentaire
Blue
Velvet
USA
VO 1986 115'
Commentaire
Sailor
et Lula
(Wild
at Heart) USA VO 1990 120' (Palme d'or, Cannes, 1990) ; R.,
Sc. D. Lynch d'après Barry Gifford ; Ph. Fred Elmes ; M.
Angelo Badalamenti ; Int. Nicolas Cage (Sailor), Laura
Dern
(Lula), Diane Ladd (Marietta), William Dafoe (Bobby), Isabella
Rossellini
(Perdita).
Sailor et Lula s'aiment
dans le délire des corps et des âmes. Mais Marietta, la mère de Lula
n'aime
Sailor que mort. Plus ou moins à son service, des psychopathes ayant la
gueule
de l'emploi se mettent en chasse. De sanglants accidents de voiture
endeuillent
la société. Un braquage de banque s'achève dans un carnage où un
guichetier
cherche vainement sa main emportée dans la gueule d'un chien. Sailor
est
condamné à six ans de taule. À sa sortie il a un fils de six ans.
L'amour est
intact.
Toutes
ces formes de la violence se croisent dans le leitmotiv de
l'embrasement
incendiaire dont l'intensité n'a de cesse de volatiliser l'écran, et
dans
l'accompagnement musical en point d'orgue ou en hard rock lancinant et
sulfureux, électroniquement retraité. Y correspondent à l'image des
inserts
carnassiers, des coïts surexposés à blanc, des visages rendus
monstrueux par
l'éclairage ou couverts de rouge. Répondant aux inserts subjectifs des
images
de sorcières qui obsèdent Lula, le montant de lit vaguement gothique
colle par
coïncidence calculée deux ailes noires maléfiques au dos de sa mère
dont les
pieds chaussent des mules noires à pointe recourbée de sorcière. Un
centrage
suivi d'un léger travelling restant à distance sur un couloir en
profondeur de
champ au bout duquel disparaît Johnny l'amant de Marietta, annonce
qu'il vient
d'effectuer ses derniers pas ici-bas.
Profusion d'effets courant le risque du cliché :
craquements orageux
ou chorus de trompettes grinçant dans le danger, coucher de soleil sur
le
désert dans le moment d'étreinte des grands voyageurs, etc. Mais elle
l'évite
avec brio par l'ironie d'un jeu parfaitement réglé, sur un rythme assez
traînant, sûr de ses effets. L'art de Lynch réside dans une fantaisie
calculée
pour ouvrir l'impossible question de la vérité. Non que celle-ci soit
vraiment
inaccessible, mais elle ne peut s'atteindre que par l'outrance. Ainsi
l'auteur
n'hésite-t-il pas à mettre en valeur le caractère monstrueux d'une
physionomie,
à forcer le trait d'un comportement, à pousser les situations aux
prolongements
les plus absurdes, à donner libre-cours aux pires obscénités morales :
"Elle est morte devant nous ! Comment a-t-elle pu ?" s'indigne Lula
devant
le cadavre de la jeune fille de l'accident de voiture. De ce fait, la
déréalisation résultant du montage musical instaure la tension
nécessaire à une
forme d'irréalité ramenant à la violence du réel. Le plaisir du
spectateur est
largement formé de cette mise en question du fallacieux naturalisme de
cinéma.
12/02/01 Retour titres Sommaire
Lost
Highway
USA
VO 1996 135' ; R. D. Lynch ; Sc. D. Lynch et Barry
Gifford ; Pr. Deepak Nayar, Tom Sternberg et Mary Sweeney
; Int.
Patricia Arquette (Alice/Renée), Bill Pullman (Fred), Balthazar Getty
(Pete),
Robert Loggia (Mr. Eddy), Robert Blake (Mystery Man).
Le saxo ténor Fred vit avec
Renée dans une villa des quartiers chic de Los Angeles. Une voix lui
annonce à
l'interphone : "Dick Morante est mort". Des vidéos de la vie
intime du couple sont déposées devant la porte. La police enquête sans
succès
mais Fred est interpellé à une soirée chez Dick Morante par Mystery
Man, tête
ronde, oreilles décollées et maquillage, qui prétend être en ce moment
même
présent chez lui. Ce que Fred peut constater aussitôt par téléphone.
Visionnant
un jour la dernière vidéo anonyme, il découvre avec horreur qu'il a
assassiné
sa femme. Condamné à mort et incarcéré, il souffre de maux de tête.
Mais à la suite d'une crise où la lumière prend une
insoutenable
intensité, le saxophoniste se métamorphose en un mécanicien auto appelé
Pete.
Libéré sous surveillance, il est dragué par Alice Wakefield, sosie
blond de la
brune Renée et maîtresse de Mr. Eddy le gangster. Relation torride et
létale
puisque Eddy ne saurait pardonner. Pour s'emparer de son argent et fuir
ensemble, Alice convainc Pete d'assassiner un ami riche de M. Eddy.
Afin de
monnayer le butin, Alice entraîne Pete dans une baraque sur pilotis en
plein
désert, puis disparaît. Pete se re-métamorphose en Fred et avec l'aide
de
Mystery Man ils tuent Mr. Eddy. Puis il va sonner chez lui pour
prononcer la
phrase du début : "Dick Morante est mort". La police le prend en
chasse sur la grand-route nocturne.
Lynch fait du bizarre avec du
bizarre. La villa est percée de fenêtres en forme de meurtrières. Les
personnages se dédoublent. Les vastes décors intérieurs permettent
d'isoler
chacun dans une sorte de dépouillement. Ils s'enfoncent dans des trous
d'ombre
ou au contraire sont surexposés. La baraque du désert s'enflamme en
tournage
inversé. La bande son sursaturée donne un ton inquiétant ("la musique
est
vraiment essentielle", Lynch). Le mystère de l'intrigue est une fin en
soi, car Lynch pense "qu'il faut respecter le mystère […] les mystères
sont merveilleux jusqu'à ce qu'on les résolve…" (Entretiens, Les
Cahiers
du cinéma). Il se contente donc de représenter le mystère en omettant
certains
liens nécessaires à l'intelligence de l'intrigue. Démence ou monde
fantastique
?
Cette conception du mystère peut sembler naïve. Bizarre et
mystère
au cinéma sont affaire de suggestion (laquelle suppose la sobriété) et
non
d'efforts pathétiques pour fabriquer de l'inquiétude. Le bizarre le
plus
bizarre se fait avec du non-bizarre. Il suffit pourtant de suspendre
l'effort
de résolution rationnelle pour, comme dans la lecture d'une composition
abstraite,
se laisser fasciner par la science du bizarre, par cette matérialité
friable
des teintes pastellisées qui semblent à tout moment sur le point de se
dématérialiser pour se recomposer autrement, par cette lente assurance
de plans
dépouillés fouillant des profondeurs vides sous des angles en puissance
de
vertige, par l'attention portée aux infimes distorsions physionomiques,
par
l'accentuation des bruitages minuscules, par ces rythmes musicaux
d'opéra
sulfureux. Ce qui ne saurait, somme toute, combler le vide éthique(1),
c'est-à-dire l'absence de questionnement.
En ce sens on a bien raison de comparer Lynch à Hitchcock
: deux
grands mages du cinéma condamnés à plaire sans effleurer les
consciences.
5/02/01 Retour
titres
Sommaire
Mulholland
Drive
USA-Fr.
VO 2001 146'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Alexander
MACKENDRICK
liste auteurs
Tueurs
de dames
(The
Ladykillers) GB VF couleur 1955 97' ; R. A. Mackendrick ; Sc.
A. Mackendrick, William Rose, d'après W. Rose ; Ph. Otto Heller
; M.
Tristam Cary ; Pr. Michael Balcon ; Int. Alec Guiness (Marcus),
Cecil
Parker (le major), Herbert Lom (Louis), Peter Sellers (Harry), Katie
Johnson
(Mrs. Wilberforce).
Le professeur Marcus, qui
loue une chambre chez une vieille dame, prévient son hôtesse qu'avec
quelques
amis musiciens amateurs, ils vont répéter du classique. En réalité des
voleurs
qui passent un enregistrement pendant qu'ils préparent le casse du
siècle. Ils
imaginent, pour transporter le butin dans Londres, d'utiliser une malle
que
l'hôtesse convoiera innocemment en taxi. Comme elle finit par
comprendre ils
décident de la supprimer mais, soit maladresse soit humanité, ne
réussissent
qu'à s'éliminer mutuellement ! Restée seule elle informe de l'affaire
le
commissaire à qui elle signalait d'habitude les histoires
d'extraterrestres. Il
ne la croit donc pas et lui conseille par plaisanterie de garder
l'argent… Ce
qu'elle prend au sérieux.
Le pavillon désuet de Mrs.
Wilberforce dominant un complexe de voies ferrées est un décor
approprié, isolé
dans l'étrange et lugubre atmosphère des décors du rail à vapeur.
L'intérieur entièrement ripoliné de vert anglais des murs aux plafonds
est
quelque peu étouffant. Les personnages sont caricaturaux à souhait
mais, comme
souvent dans ce cinéma de genre typiquement britannique, c'est du
théâtre filmé.
Nulle mécanique pour nous entraîner dans une logique de
pellicule
: on attend que l'action se montre à travers le cadre. Ce ne sont que
des
effets de contenu : pittoresque de la brave mythomane choyant des
perroquets
qui ont survécu au naufrage où périt le mari, capitaine de la marine
marchande
saluant sur une gravure dans le salon ; caricature du gangster
américain tenant
son étui à violon comme une mitraillette, jeu hypocrite de Marcus l'œil
aux
aguets, retroussant ses lèvres épaisses sur de longues dents, etc.
Prépondérance du scénario, de
liberté point, donc. 4/09/00 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Pierre
MAILLARD
liste auteurs
Potlatch
Sui.
2001 95' ; R.
P. Maillard ; Sc. P. Maillard et Jean-Marc Fröhle ; Dial.
P.
Maillard ; Ph. Aldo Mugnier ; Mont. Rodolfo Wedeles ; M.
Arthur Besson ; Pr. Zoo-films/Pierre Maillard ; Int.
Julien
George (Mathieu), Olivier Lafrance (Antoine), Anne-Shlomit Deonna
(Claire),
Fanny Brunnet (Anna), Felipe Castro (Vladimir), Hélène Hudovernik
(Lou), Nicole
Bachmann (Isabelle), Miami Themo (Salman), Elodie Weber (Zoé), Valentin
Rossier
(Bruno).
Disparus dans un accident
depuis trois ans, les parents de Claire, Antoine et Mathieu, leur ont
légué une
maison et des objets rapportés d'expéditions passionnées aux antipodes.
En même
temps que Claire, qui travaille au musée ethnologique et occupe un
appartement
genevois, Mathieu, le plus rangé, débarque après trois ans dans la
maison
familiale squattée par Antoine avec un groupe de Hard Rock. Mais tout
se
complique. Chacun des trois connaît en parallèle des dérives
sentimentales,
Claire entend s'accaparer les trois masques océaniens distribués,
Mathieu
s'intéresse soudain à la maison et s'encanaille, Antoine a un
comportement de
plus en plus délirant et joue avec le feu. La maison peu à peu se vide
et se
dégrade. Elle finit en cendres sous les yeux des trois orphelins
réconciliés
après avoir déclenché la catastrophe.
On a affaire à première vue à
de banals déchirements d'héritage, en même temps qu'au déroulement
ordinaire
des aléas propres à une génération débarrassée des ci-devant illusions
maritales. Mais en profondeur tout se ramène à une sorte de malédiction
des
esprits océaniens associée à la mort des parents. Des chants syncopés
murmurés
hantent des moments de suspens énigmatiques. Des images additionnelles
non figuratives
intercalées présentent, entrecoupées d'anticipations de l'incendie, des
figures
symétriques semblables à des masques animés de pulsations. Des
arrière-plans
systématiquement flous suggèrent l'omniprésence muette d'un au-delà. De
minuscules événements visuels ou sonores (une ampoule qui grille, un
tatouage
se dévoilant sur le dos de Mathieu, un bref recadrage incluant une
figure
totémique, un morceau d'affiche faisant allusion à l'explosion
nucléaire, des
objets évoquant les masques etc.) ou l'apparition de personnages
associés au
voyage (Salman le Noir ou Diégo le Sud-Américain) ponctuent le récits
de
signaux opaques.
Il fallait en définitive se délivrer du Potlatch, cadeau
somptuaire des parents assurant leur pouvoir sur les survivants.
L'intérêt majeur
de l'œuvre tient donc à ces lignes de force sous-jacentes. Dommage que
le
bizarre s'y monnaye avec du bizarre comme ce Bruno, réminiscence
tchékhovienne
de l'éternel étudiant génial occupant une cabane au fond du jardin et
qu'à
l'opposé l'authenticité des personnages repose sur un simulacre de
spontanéité
à la française. Les acteurs jouent donc faux, à l'exception
d'Anne-Shlomit
Deonna, troublante et imprévisible figure vampirique au masque blafard.
Bref, sorti de l'ordinaire, on y rentre par l'autre porte.
27/10/01 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Gilles
de MAISTRE
liste auteurs
Féroce
Fr.
2000 95' ; R. G. de Maistre ; Sc. Christophe Graizon ; Ph.
Thierry Deschamps ; Mont. Brian Schmitt ; M. D.J. Spank & Joey
Starr ; Pr.
Tetra Media ; Int. Sami Naceri (Alain), Jean-Marc Thibault
(Lègle), Elsa
Zilberstein (Zebulon), Bernard Le Coq (Cervois), François Berléand
(l'inspecteur), Nils Tavernier (Jean).
A la suite du meurtre
raciste d'un petit voisin, le Beur Alain qui a perdu enfant sa grande
sœur dans
une ratonnade fasciste, s'infiltre dans le parti d'extrême droite (la
Ligue
Patriotique) pour en assassiner le chef, Lègle. Devenu le garde du
corps de ce
dernier, il est renié par les siens sauf par Amina, sa petite amie qui
est au
courant. Il séduit la fille du patron qui tombe amoureuse. Lègle
consent au
mariage parce qu'il servira son image d'homme politique ouvert et
généreux.
Alain prend conscience que le tuer serait adopter ses méthodes.
Abandonné de
tous, il doute, se met à boire, à fumer et à manger du porc, viole
Amina, qui
le quitte, sauve le patron d'un attentat. Mais ce dernier ordonne son
assassinat. L'ayant compris, il réussit à le compromettre
définitivement en
faisant prévenir la police avant de mourir attaché à une charge de
plastique en
criant le nom d'Amina. C'est la fille de Lègle qui reprend le flambeau
et se
présente aux élections à la place du père.
Le tout commenté "en
fosse" par force rap. Tourné en vingt jours avec un budget de cinq
millions de francs, polar politique sincère et qui a le mérite d'avoir
bravé la
censure économique, mais qui se compromet avec trop de clichés du
genre,
notamment la "fosse" dictatoriale, l'écrasement de la perspective au
zoom, des scènes sexuelles racoleuses et clinquantes, une éthique(1)
individualiste. 7/03/02 Retour
titres
Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Terrence
MALICK
liste auteurs
La
Balade sauvage
(Badlands)
USA VO
1974 94'
Commentaire
La
Ligne rouge (The
Thin Red Line) USA
VO 1998 164'
Commentaire
L'Arbre
de la vie
(The
Tree of Life) USA
VO couleur par De Luxe 2011 139' ; R., Sc. T. Malick
; Ph. Emmanuel
Lubezki ; Mont. Hank Corvin, Jay Rabinowitz, Daniel
Resende,
Billy Weber, Mark Yoshikawa ; M. Bach, Berlioz,
Brahms,
Cassidy, Couperin, Mahler, Preisner, Smetana, Tavener ; Pr. River
Road Entertainement, Cottonwood Pictures et Plan B Entertainment
; Int. Brad
Pitt (le père), Jessica Chastain (la mère), Sean Penn (Jack adulte),
Hunter
McCraken (Jack, le fils aîné), Laramie Eppler (R.L. le cadet), Tye
Shridan
(Steve, le benjamin).
Vision mystique
croisée de la naissance du monde et de la vie d'une famille. Dans
les
années soixante, un télégramme ouvert par la mère annonce la mort à
dix-neuf
ans d'un de ses fils. L'aîné devenu adulte se souvient et évoque son
enfance
dans les années cinquante. Mère soumise et père militaire, un pianiste
raté, homme violent bien qu'aimant ses fils.
Une Palme de plus
signant la médiocrité et le conformisme du Festival de Cannes. Bourrée
de
clichés, la spiritualité de Malick évoque davantage une culpabilité de
grenouille de bénitier qu'un authentique sentiment religieux.
Esthétique très
pauvre et envahissante d'effets spéciaux sur l'univers en gestation,
qui prétend justifier
ces choix en tant qu'ils ne recourent que très peu au numérique.
Les
dinosaures de service pourtant ne nous sont pas épargnés. On avait bien
compris
depuis La Ligne rouge que, filmées inlassablement en
contre-plongée
totale, les frondaisons vénérables où
filtre le soleil sont la figure insigne de la présence de Dieu.
Malick
n'hésite pas à
magnifier sans risque la nature à l'aide d'une musique de renfort de
prestige,
détournant ainsi notre attention de l'indigence du travail filmique
proprement
dit. Cadres tour à tour étirés et hyperserrés avec mouvements de
caméra de
drone, tout cela très artificiel. Le monologue intérieur au premier
plan
sonore, comme de confidences intimes jouant l'empathie, ne fait que
davantage
désincarner l'image.
Seul le document sur la famille des années cinquante
aurait pu
présenter quelque intérêt avec un minimum de sobriété. Je n'ai
regardé
jusqu'au bout qu'en l'honneur de La Balade sauvage, que je
tiens
décidément pour l'unique chef-d'œuvre de Malick. 04/06/15 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Louis
MALLE
liste auteurs
Le
Feu follet
Fr.
N&B 1963 110' ; R., Sc., Ad., d'ap. Drieu
La
Rochelle, L. Malle ; Ph. Ghislain Cloquet ; Mont.
Suzanne
Baron ; Déc. Bernard Evein ; M. Eric
Satie ; Pr.
NEF ; Int. Maurice Ronet (Alain Leroy), Jeanne Moreau
(Jeanne),
Lena Skerla (Lydia), Alexandra Stewart (Solange), Bernard Noël
(Dubourg).
Ayant laissé sa femme à
New-York, Alain Leroy, dandy parisien désargenté, est sur le point de
terminer
une cure de désintoxication à Versailles. Il couche avec la meilleure
amie
de
sa femme qui lui laisse un gros chèque ("c'était
très
bien.") puis, entre le Quartier latin et Saint-Germain, entreprend un
pèlerinage autour de ses anciennes relations d'élégant noctambule, dont
son ami
Dubourg car, au cinéma, les désespérés ont toujours un ami fidèle de
bon conseil
qui n'a aucune influence sur eux. On l'accueille avec une certaine
chaleur
mais, se remettant à boire, il n'en tire quant à lui que du
désenchantement.
Rentré à la clinique il se suicide d'une balle entre les côtes, comme
il
l'avait décidé en inscrivant sur la glace de sa chambre la date fatale
: 23 juillet.
Éloge déguisé, en tant qu'esthétique, du spleen létal
constituant le suprême cachet d'un romantisme arraché au carcan de la
condition
bourgeoise. Le meilleur film de Louis Malle selon des connaisseurs est
surtout
le parfait symptôme d'une époque où la France s'ennuie, comme le
déclarait
fièrement dans un reportage un sociologue improvisé de la Télévision Française.
Le Feu follet joue parfaitement sa partition de ce cinéma morose et
glacé,
doublement célébré deux ans auparavant à la Biennale de Venise par le
Lion d'or
décerné à L'Année
dernière à Marienbad
d'Alain Resnais, et à la berlinale par l'Ours d'or
pour La
Notte
d'Antonioni, auquel Malle fait, consciemment ou non,
hommage en reprenant le prénom de Lidia, l'héroïne qui va de déception
en
déception. Sauf qu'un peu de l'humour du scénariste Robbe-Grillet était
passé
chez Resnais, et qu'Antonioni faisait lui, montre d'une sensibilité
proprement filmique.
Il s'agit là, surtout, de s'identifier, grâce à la photo
d'art ne
reculant guère devant les très gros plans à la
Resnais, au visage sensible et au jeu sobrement pathétique de
l'acteur et
de se laisser enchanter par le ton littéraire de la voix off du
début puis
envahir par la noble mélancolie d'un piano "de fosse" dédié à Éric
Satie. Le plus intéressant, parce que cela apporte un peu de
crédibilité à une
intrigue qui paraît si artificielle, à moins qu'elle ne soit tout
simplement
narcissique, est le tournage en direct dans le décor parisien naturel, qui a
pourtant du mal à faire oublier les
séquences postsynchronisées sans nulle
nécessité. Bref, c'est terriblement daté. 8/03/20 Retour
titres Sommaire
Le
Voleur
Fr.
couleur 1966 120' ; R. L. Malle ; Sc. Jean-Claude
Carrière, L. Malle, d'après Georges Darien (1897) ; Dial.
Daniel
Boulanger
;
Ph. Henri Decae
;
Déc. Jacques Saulnier ; Cost. Ghislain Uhry ; Pr.
Hubert Mérial ; Int. Jean-Paul Belmondo (Georges Randal),
Geneviève
Bujold (Charlotte), Marie Dubois (Geneviève), Julien Guiomar (l’abbé La
Margelle), Françoise Fabian (Ida), Marlène Jobert (Broussaille),
Bernadette
Lafont (Marguerite), Charles Denner (Canonnier), Martine Sarcey
(Renée), Paul
Le Person (Roger la Honte), Pierre Etaix (un pickpocket).
Fin
XIXe
siècle. Cambriolant tranquillement de nuit une imposante demeure
bourgeoise délibérément sans souci du respect des lieux, Georges Randal
se
souvient de son tuteur, un oncle qui l’a dépossédé, et de sa cousine
Charlotte,
la fille de celui-ci, dont il est amoureux mais qui l’a déçu en
acceptant de se
fiancer par convenance à un autre. Ce furent les raisons de son premier
cambriolage qui, ruinant la future belle-famille, entraîna la rupture
des
fiançailles. Cet acte de vengeance, ainsi que la découverte d’un voleur
en la
personne de l’abbé La Margelle, digne ami de la famille, décida de sa
vocation.
Croisé par hasard dans le train qui l’amène à Bruxelles
pour
monnayer les bijoux du coup des fiançailles, l’abbé va l’initier au
métier.
C’est à Londres que les butins sont écoulés. Randal mène une vie
mouvementée
dans le milieu où se mêlent prostituées et anarchistes, mais il a un
faible
pour le travail solitaire. Ayant séduit Geneviève, l’épouse d’un
banquier qu’il
a cambriolé, il l’encourage à séduire son oncle pour le plumer et
renoue avec
Charlotte, qui devient à son tour sa maîtresse. Accourant à l’annonce
de la
mort prochaine de l’oncle, avec la complicité de l’abbé, notre
voleur
remplace par un faux en leur faveur le testament qui rendait légataire
l’institut
Pasteur. Charlotte et Georges sont fort riches, et pourraient vivre
bourgeoisement. Mais Georges ne peut renoncer à la passion qui le
met en
marge de cette société honnie : le vol. Il achève celui qu’il est
en train
de commettre, et, ses valises bourrées d’objets précieux à la main,
monte dans
un train au petit matin.
Avec la complicité de Jean-Claude Carrière et paré
d’une
habileté propre à désarmer la critique, Malle s’ingénie à dépolitiser
Darien, à
en aseptiser le propos. Il s’agit avant tout de la mise en spectacle
d’une
époque mythique. Il fallait pour cela un filmage académique,
c’est-à-dire
évitant tout ce qui pourrait soulever un questionnement. Les choses
sont
présentées pour elles-mêmes, les rapports étant strictement narratifs,
ordonnés
à la conclusion hypocritement romantique du loup solitaire, en chasse
dans un
arrière-monde pittoresque, sans avoir à se mêler des affaires de la
Cité. Ce
qui conduit finalement à une esthétisation de la cambriole.
Pour ce faire, un soin tout particulier est porté aux
décors, aux
matières, aux costumes (admirables, de Ghislain Uhry). Le spectateur se
sent
une soudaine double vocation d’antiquaire amateur et d’élégant
aventurier du
milieu, assuré de l’impunité du héros romanesque, Lupin sans panache.
D’autant
mieux que le choix des acteurs connus invite à la construction d’un
monde
irréel, émanant davantage du show-business que d’une quelconque vérité
à
dévoiler. Belmondo
(Galerie des Bobines) mène
la danse, avec une
sobriété morose qui sied admirablement au rôle, on en convient.
Au total, accessoires et acteurs, qui devraient en être
les
moyens, apparaissent comme la fin du filmage. 6/02/09 Retour
titres Sommaire
Lacombe
Lucien
Fr.-It.-All.
Eastmancolor 1974 135'
Commentaire
La
Petite
(Pretty
Baby) USA VO 1978 112' ; R. L. Malle ; Sc.
Polly Platt ; Ph. Sven Nykvist ; M. Jerry Wexler ; Pr.
L.
Malle ; Int. Brooke Shields (Violet), Susan Sarandon (Hattie,
sa mère),
Keith Carradine (Bellocq, le photographe).
La petite Violet vit dans
un bordel de la Nouvelle-Orléans avec sa mère, la prostituée Hattie. Le
photographe Bellocq y passe son temps pour l'amour des chairs vénales
qu'il se
contente de photographier. Une amitié naît entre l'artiste et la
fillette, dont
la virginité, à douze ans, est vendue quatre cents dollars aux
enchères. Sa
mère fait un mariage bourgeois mais Violet se plaît dans cette grande
maison
pleine de vie. Pourtant après avoir été fouettée pour des avances à un
jeune
Noir, elle s'enfuit pour s'installer chez Bellocq. Non sans retourner
vivre au
bordel à la première scène de ménage. Mais les maisons ferment sous la
pression
des Puritains. Bellocq vient la rechercher et l'épouse. Cependant sa
mère, qui
n'a pas donné son consentement, vient la reprendre légalement.
L'œuvre, qui eut un succès de
scandale, est admirée en général pour cette absence de jugement qui la
caractérise au nom de l'émancipation des fleurs des champs. La beauté
de la
photographie - due au talent de Sven Nykvist, le photographe de Bergman
puis de
Tarkovski - tente de faire droit à cette folle liberté, luxuriante
comme la
végétation du delta du Mississipi, en s'inspirant de la tonalité
esthétique des
décors du temps. Ce qui ne signifie nullement audace artistique, au
contraire.
En s'assurant des valeurs extrafilmiques : la générosité
morale et
le mythe esthétique (renforcé par le motif de la photographie), le film
dénie
les conditions de la pellicule. Au spectateur gavé d'effets et privé de
l'accès
aux organes profonds du travail cinématographique, est donc dénié le
rôle de
partenaire. 24/02/03 Retour titres Sommaire
Atlantic
City Fr.-Can.
VO 1980
104' (Lion d'or au festival de Venise 1980) ; R. L. Malle ; Sc.
John Guare ; Ph. Richard Ciupka ; M. Michel Legrand ; Pr.
Denis Heroux ; Int. Burt Lancaster (Lou), Susan Sarandon
(Sally), Kate
Reid (Grace), Michel Piccoli (Joseph).
À Atlantic City, le vieux
bookmaker Lou, caïd sur le retour vivant aux crochets d'une reine de
beauté
déchue nommée Grace, se rince l'œil à la toilette de Sally, jeune femme
dont la
fenêtre se trouve en face dans le même immeuble. Dave, le mari de Sally
débarque avec sa belle-sœur enceinte de lui et une livraison de cocaïne
interceptée à Philadelphie. Il se lie avec Lou à qui la drogue est
confiée en
garde. Mais rattrapé par les deux vrais propriétaires de la came, le
jeune
aventurier est poignardé à mort.
Pour avoir écoulé la drogue, Lou croit avoir retrouvé son
ancienne
splendeur et joue les protecteurs avec Sally, qui succombe à son charme
de papy
plein aux as. En raison des antécédents de Dave cependant, elle est
renvoyée du
stage de croupier qui lui aurait permis de réaliser son rêve :
croupière à
Monaco. De plus, les trafiquants, qui n'ont pas retrouvé leur
marchandise, s'en
prennent à elle. Finissant par comprendre la provenance de l'argent de
Lou,
elle lui réclame sa part. Elle l'accompagne en cavale après qu'il ait
abattu
les gangsters, mais c'est pour lui subtiliser le magot et prendre la
poudre
d'escampette. Lou, qui l'a laissée faire, revient à Atlantic city
auprès de sa
belle anachronique.
L'intrigue baigne dans une
ambiance singulière en raison du statut de la ville, ancienne station
balnéaire
de luxe en train de se reconvertir dans le jeu et dont le citoyen Lou
et Grace
font figure de glorieux survivants. Par Monaco et la princesse
homonyme, le
lien mythique s'étendant dans l'espace, renforce le statut nostalgique
d'une
intrigue empreinte pourtant de sobriété documentaire. Dépourvu de la
moindre
ride quant à lui, sans nulle trace de romantisme larmoyant, le récit
nous
emporte sur le fil du rasoir dans un devenir tragique toujours en
suspens.
20/10/02
Retour titres
Sommaire
Vanya
42e rue
(Vanya on 42nd Street) USA VO 1996 Dolby 115' ; R.
L. Malle ; d'après la pièce de Tchékov Oncle Vanya ; Ph. Declan
Quinn ; M.
Joshua Redman et quartet ; Mix. Tod A. Maitland ; Pr.
Fred Berner
; Int. Pheobe Brand (Nanny la nounou), Lynn Cohen (Maman),
George Gaynes
(prof. Serebryakov), Jerry Mayer (Waffles, la gauffre), Julianne Moore
(Yelena), Larry Pine (Dr. Astrov), Brooke Smith (Sonya), Wallace Shawn
(Vanya),
André Gregory (lui-même).
Aux accents du quartet de Joshua Redman,
les membres de la troupe d'André Gregory qui va répéter Oncle Vanya au
214 West
42nd Street à New York, dans le New Amsterdam Theater, théâtre
désaffecté du
début du siècle, arrivent perdus dans la foule de la 42e
rue, tel débouchant
du métro, tel autre longeant le trottoir, celui-là avalant un sandwich
en
attendant les autres. On entre et on admire les beautés fanées de la
pittoresque ruine. Cela commence en costume moderne, si bien qu'on ne
sait pas
d'abord que c'est du théâtre filmé. Bientôt un contrechamp dévoile les
rares
spectateurs autorisés alignés sur un banc.
Les murs lépreux conviennent parfaitement
à l'ambiance décadente de la grande maison de famille où se déroule
l'intrigue.
Dans la courte pause entre les actes, le jazz reprend. Mais ambiguïté,
la fin
de la pièce forme la fin du film. Quoi qu'il en soit, abordée par la
bande,
l'œuvre magnifique de Tchekhov débarrassée du protocole du spectacle et
du code
de la russité, retrouve tout son mordant, la véridicité du drame
psychologique,
social, historique, la force de l'éthique(1)
sous-jacente. 11/08/01 Retour
titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Joseph
Leo MANKIEWICZ
liste auteurs
L'Aventure
de Mme Muir
(The
Ghost and Mrs. Muir) USA VO N&B 1947 104' ; R. J. L.
Mankiewicz ; Sc. Philip Dunne d'après R. A. Dick ; Ph.
Charles
Lang ; M. Bernard Herrmann ; Int. Gene Tierney (Lucy
Muir), Rex
Harrison (le fantôme Daniel Gregg), George Sanders (Miles Farley), Edna
Best
(Martha), Vanessa Brown (Anne Muir), Anna Lee (Mrs. Miles Fairley),
Robert
Coote (Coombe), Nathalie Wood (Anna Muir enfant).
Après un an de veuvage la belle Mme
Muir décide de
quitter son étouffante belle-famille londonienne avec sa fille Anna et
sa
fidèle servante Martha. Malgré les fortes réticences de M. Coombe
l'agent
immobilier, elle porte son dévolu sur un cottage dominant la mer, qui
s'avère
hanté par un capitaine suicidé. Bientôt s'installe une véritable
intimité entre
ce fantôme nommé Gregg, en réalité banalement asphyxié au gaz par
négligence.
Il renonce à chasser "sa" locataire au détriment d'un projet de
maison de retraite pour marins, mais expulse la belle-famille et Coombe
qui, en
vue de l'épouser, vient annoncer à Mme
Muir sa ruine.
Pour la tirer d'affaire, le fantôme dicte à sa protégée
ses
mémoires de marin qui rapporteront de quoi racheter la maison. Le mort
conseille cependant à la belle vive de se trouver un homme pourvu d'un
corps.
Elle accepte de tout son cœur d'épouser l'écrivain Miles Farley
rencontré chez
l'éditeur. Gregg laisse le champ libre en disparaissant, après lui
avoir ordonné
dans son sommeil de l'oublier. Mais il s'avère que Farley est marié et
père de
famille. Les années passent. Anna maintenant fiancée lui raconte que,
petite,
elle avait des conversations avec le fantôme de la maison qui avait
brusquement
disparu. Les souvenirs de Lucy se raniment. Devenue grand-mère, un soir
dans
son fauteuil, son verre de lait lui échappe des mains. Elle a achevé sa
carrière. Gregg vient la chercher.
Très joli conte fantastique, qui a le mérite d'éviter les plates-bandes de Laura. Les éclairages y sont plus spectraux que funèbres, et le décor moins intimiste qu'ouvert sur l'univers maritime, ce qui fait du mort le représentant d'une réalité de ce monde. Gene Tierney n'est plus la jolie poupée sublimée, mais une femme dont la sexualité s'éveille au contact spirituel d'un mort. Intéressant subterfuge pour évoquer une réalité que la représentation (1) ne peut qu'affadir. Du reste les émois (à peine suggérés) éprouvés avec Fairley sont dédiés au Capitaine qu'elle attendra désormais sans le savoir toute sa vie. C'est donc davantage un éloge de l'amour qu'une méditation sur la mort. 17/07/02 Retour titres Sommaire
Ève
(All
about Eve) USA VO
N&B 1950
Commentaire
La
Comtesse aux pieds nus
(The
Barefoot Contessa) USA
VO Technicolor 1954 128’
Commentaire
Guêpier
pour trois abeilles
(The
Honey Pot) USA
VO couleur 1967 150' ; R., Sc. J. L. Mankiewicz,
d'après
Frederik Knott, Thomas Sterling et Ben Johnson ; Ph. Gianni Di
Venanzo ;
M. John Addisson ; Pr. Charles Feldman/J. L. Mankiewicz
; Int.
Rex Harrison (Cecil Fox), Cliff Robertson (McFly), Susan Hayward (Mrs.
Sheridan), Capucine (la princesse Dominique), Eddie Adams (Merle
McGill),
Maggie Smith (Sarah), Adolfo Celi (l'inspecteur Rizzi).
Le milliardaire Cecil Fox
engage McFly pour une mise en scène de sa propre mort à l'intention de
trois
anciennes compagnes parmi lesquelles sera choisie la légataire
universelle :
une actrice, une princesse et une milliardaire, Mrs. Sheridan.
Débarquant dans
le palais vénitien du "moribond", elles se tirent dans les pattes à
la grande joie du même, mais la Sheridan est assassinée après avoir
déclaré
être la seule épouse légitime.
Bien que sensuellement attirée par McFly, Sarah, la
secrétaire de
la victime, le soupçonne d'avoir éliminé celle-ci pour apposer son
propre nom
sur le testament en blanc, comme il en a le pouvoir. Mais coup de
théâtre, Fox
meurt. On apprend que ruiné, il a assassiné son épouse pour en hériter
puis se
sachant découvert s'est suicidé. Sarah demande alors à ce que son
propre nom
figure sur le testament comme souvenir, l'héritage étant nul. En fait
l'héritage de Fox entraîne celui de Mrs. Shéridan. McFly est furieux de
ce
tour, mais Sarah déclare son intention de l'épouser et de le rendre
bénéficiaire de la fortune.
On peut regretter que le
ressort dramatique de l'œuvre originale, à savoir la révélation des
basses
passions, soit affadi. C'est néanmoins une plaisante variation sur le
thème de
Volpone, comportant une intrigue ingénieuse par laquelle le faux Mosca
s'avère
être un vrai-faux Mosca dans les effets, avec des dialogues
sarcastiques à
souhait, dans une mise en scène de qualité, ce qui veut dire : bons
acteurs,
beaux décors, belles couleurs, belles images, belle musique.
Divertissement de
bon ton donc, témoignant d'un souci de l'emballage plutôt que d'un
questionnement sur ce que peuvent les rapports d'images et de son, sur
le
renouvellement d'un thème connu et surtout sur l'accomplissement
artistique de
la cinématographie, si rare. 21/07/01 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Anthony
MANN
liste auteurs
Winchester
73
USA
VO N&B 1950 86'
Commentaire
Les
Affameurs
(Bend
of the River) USA
VO Technicolor 1952 91’
Commentaire
Du
sang dans le désert
(The
Tin Star) USA
VO N&B 1957 93’
Commentaire
L'Homme
de l'Ouest
(Man
of the West) USA
VO DeLuxe Color CinemaScope 1958 96'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Auli
MANTILA
liste auteurs
Géographie
de la peur
(Pelon
Maantiede) Finl.
VF couleur 2000
90' ; R., Sc. A. Mantila ; Ph. Heikki Färm ; M.
Hilmar Orn Hilmarsson ; Pr. Blind Spot Pictures, Zentropa
Productions,
Wüste Film ; Int. Tanjalotta Räikkä (Oili Lyyra), Leea Klemola
(Maaru
Tang), Partti Sveholm (Rainer Suvinen), Kari Sorvali (Eero Harakka),
Anna-Elina
Lyylikäinen (Laura Lyyra), Elsa Saiso (Riika Malkavaara), Eija Vilpas
(Saara
Tanner).
Une petite communauté féminine et
féministe subventionnée par Saara Tanner assassine un homme et organise
des
expéditions punitives contre les agresseurs de femmes dans un
surpuissant
minicar agressif. Trois d'entre elles sont victimes de brutalités
extrêmes et
de viols dont Saara et Laura, la sœur d'Oili, une dentiste légiste,
maîtresse
d'un inspecteur de police. Maaru Tang, l'intellectuelle de la bande, le
front
barré d'une courte frange, fait des conférences sur la nécessité d'agir
en
dehors de la police, et sollicite Oili de les rejoindre. Celle-ci finit
par
accepter, à l'encontre de ses conceptions légalistes, après avoir
couché avec
elle.
Un microcosme de la violence sexuelle
entraînant la violence politique et réciproquement. La caméra très
mobile se
mêle à l'action elle-même dynamisée par les percussions de la musique
d'accompagnement. Le propos, du moins dans la
version doublée(1), n'est
pas des plus
clairs. Ceci sans doute parce que la mise en scène est exclusivement au
service
de la notion de violence, avec des moyens assez conventionnels,
notamment des
extérieurs-nuit percés de lueurs électriques. Nul questionnement donc.
Finalement le thème est affadi par le style de genre, entre horreur et
policier. 14/07/01 Retour
titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Samuel
MAOZ
liste auteurs
Lebanon
Isr.
VO (hébreu) 2009 92' ; R., Sc. S. Maoz ; Ph.
Giora Bajach ; Mont. Arik Lahav Leibovitz ; Son Alex Claude ; Pr.
Blind Spot Pictures, Zentropa Productions, Wüste Film ; Int.
Oshri Cohen
(Herzl, le chargeur), Zohar Shtrauss (Jamil (l'officier supérieur hors
char),
Michael Moshonov (Yigal, le conducteur), Itay Tiran (Assi, le
commandant), Yoav
Donat (Shmulik, le tireur), Reymond Amsalem (la femme libanaise), Dudu
Tasse
(le Syrien), Ashraf Barhom (un phalangiste). Lion d'or à la
Mostra de
Venise 2009.
Guerre du Liban en juin
1982, à l'intérieur d'un char de combat mené par un équipage de quatre
soldats
Israéliens. Les atrocités défilent à travers le viseur. L'angoisse des
jeunes
recrues crasseuses et harassées exaspère les tensions. On charge le
cadavre
d'un soldat qui doit être évacué, puis un prisonnier syrien. Yigal, le
conducteur, dont on vient d'assurer aux parents par téléphone qu'il est
en vie,
est tué.
Cauchemar intimiste cadré
étouffant au sein du vacarme extérieur dans l'habitacle du tank aux
parois
dégoulinantes de projections accidentelles diverses (eau et huile,
auxquelles
se mêlent des éclats et poussières causés par les impacts de tirs
ennemis), au
sol envahi par les infiltrations inévitables de l'écoutille qui s'ouvre
au-dessus des têtes, d'une eau où baignent mégots et autres immondices,
le tout
flouté par les vibrations émanant de la machinerie et du déplacement
sur
chenilles. C'est à travers la lunette de visée du mitrailleur que
défilent les
images de boucherie et les scènes d'épouvante du dehors. Huis-clos
aussi des
conflits engendrés au sein de l'équipage, aussi crasseux que nauséeux,
par la
mise en cause de la discipline militaire dépassée par l'ampleur du
désastre.
Inspiré d'une expérience réelle, ce film se veut
donc témoignage. On pressent pourtant que ce ne peut être que très
au-dessous de la réalité. Certes, le parti-pris minimaliste, y compris
la
sobriété de la sonorisation expressive d'accompagnement (même si le
fracas
filtrant dans l'habitacle pouvait suffire), évacue le spectaculaire.
Mais le
spectateur se sent en sécurité, coupé de façon absolue de l'action par
la
barrière de l'écran. Le réalisme le plus brut a pour corrélat paradoxal
l'accentuation du simulacre de la représentation, dont le préfixe (re-)
semble
se redoubler.
Hausse donc du film quand il parvient à s'émanciper du
régime de
monstration. Point de meilleur moment que celui où le Syrien enchaîné
dans le
char, privé de l'usage de ses mains, se plaint de la vessie en arabe,
au moment
où l'on pleure la mort de Yigal. Un membre de l'équipage qui comprend
la langue
prend en silence la boîte hermétique où l'on se soulage et, hors champ,
dégage
et oriente l'organe urinaire sur le récipient qui résonne sous le jet
puis,
toujours hors champ, remet tout en place comme pour un enfant. Seuls
sont
visibles les regards qui s'échangent exprimant un trouble à la mesure
d'une
situation limite. La mort du conducteur et le geste d'oxymorique
fraternité
rejeté hors champ qui s'ensuit font émerger un indicible, qui touche
davantage
que toute violence crue. 29/01/14 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Yvon
MARCIANO
liste auteurs
Le
Cri de la soie
Fr.-Bel.
1991 (sortie en France, 1996) 110' ; R. Y. Marciano ; Sc.
Jean-François Goyet et Y. Marciano ; Ph. William Lubtchansky ; M.
Alexandre Desplat ; Son Laurent Barbez ; Pr. Mimosa
Production,
T&C Film, CMC ; Int. Marie Trintignant (Marie), Sergio Castellitto
(Docteur
de Villemer), Anémone (la secrétaire).
Très jolie reconstitution d'un drame peu
ordinaire et bien de son époque (à l'exception d'un petit anachronisme
: une
Citroën des années vingt en pleine guerre de 14 !), inspiré de la vie
de
Clérambault. Les décors et les costumes ne sont pas muséographiques du
tout.
Psychiatre devenu aveugle, le Docteur de
Villemer s'est suicidé. Sa secrétaire, amoureuse dans l'ombre, a
récupéré les
lettres d'amour de sa maîtresse Marie à qui elle les restitue. Son
écharpe de
soie bleue qui a appartenu à Marie a glissé à terre. Elles la ramassent
en même
temps et chacune en tient un moment une extrémité : lien symbolique(1)
indiquant que cet amour porté au même homme, l'est de façon si
dissemblable que
loin de les brouiller, il les a rapprochées.
Petite couturière analphabète, Marie est en effet atteinte
de
perversion sexuelle : elle vole de la soie qui lui procure une extase
masturbatoire. Les hommes ne l'intéressent pas mais à l'asile où elle
est
internée comme kleptomane, elle s'éprend à sa manière de ce psychiatre.
Lequel
en retour se prend d'une fascination ethnologique pour les étoffes
féminines
des habits traditionnels, visant au-delà Marie elle-même. En 14 il est
mobilisé
en Afrique du Nord où il poursuit ses études sur les vêtements féminins
du cru.
À son retour ils se rejoignent puis sont à nouveau séparés par
l'emprisonnement
de Marie. Ils correspondent passionnément. Tandis que la secrétaire
plus âgée
s'est totalement dévouée en silence, l'aidant aussi bien à rédiger ses
livres
qu'à transmettre les lettres d'amour où à le soigner nuit et jour quand
il
était malade.
Film émouvant et sobre. Le thème de la sexualité spéciale
ne donne lieu à aucun voyeurisme. Ce n'est pas le moindre des mérites
de Marie
Trintignant de ne jamais se prêter à ce genre de complaisance. 31/07/00
Retour
titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Tonie
MARSHALL
liste auteurs
Vénus
Beauté (Institut) Fr.
1999 102' ; R.,
Sc., Dial. T. Marshall ; Ph. Gérard de Battista
; Son
Jean-Jacques Ferrari ; Mont. Jacques Comets ; M. Khalil Chahine
; Int.
Nathalie Baye (Angèle
(Galerie des Bobines)),
Samuel Le Bihan (Antoine), Bulle Ogier (Nadine (Galerie
des Bobines)),
Mathilde Seigner (Samantha), Robert Hossein, Emmanuelle Riva, Micheline
Presle.
Angèle,
la quarantaine juvénile mais désabusée en amour, travaille dans un
salon de beauté. Elle ne prend pas tout d'abord au sérieux Antoine, un
inconnu
venu lui déclarer son amour. Il ne se démonte pas et persiste tout en
affirmant
son indépendance. Grâce à ses absences, et malgré l'importunité d'une
fiancée
jalouse qui rôde, il devient peu à peu indispensable à Angèle. Pour
finir, la
fiancée armée d'un revolver les surprend enlacés dans le magasin. Elle
les rate
mais atteint l'enseigne lumineuse, ce qui provoque une pluie lyrique
d'étincelles
se prolongeant en même temps que le long baiser final dans une lumière
bleutée
de réverbération nocturne.
En parallèle et en interférence, se déroule la vie
ordinaire du
petit salon de beauté, véritable vitrine psychosociologique, celle de
la
patronne et des deux autres employées, de leurs amours et déboires et
celle des
allées et venues d'une clientèle souvent croquée avec une délectable
ironie que
souligne un décor à dominante rose et donnant lieu à quelques traits de
vérité
crue.
Excellente comédie dans la tradition de la mémorable Cuisine (Kitchen),
pièce de Arnold Wesker (1967). 7/05/02 Retour
titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Fabrice
MARUCA
liste auteurs
Surprise
!
Fr.
court-métrage 2007 18'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Laetitia
MASSON
liste auteurs
À
vendre
Fr.
Scope-couleur 1998 115' ; R., Sc. L. Masson ; Ph.
Antoine Héberlé ; M. Siegfried ; Int. Sandrine
Kiberlain (France
Robert), Sergio Castellitto (Luigi Primo), Jean-François Stévenin
(Pierre
Lindien).
Rescapé d'une séparation
encore douloureuse, le détective Luigi Primo enquête sur la disparition
de
France Robert, pour le compte de son amant Pierre Lindien, largué le
jour de
leur mariage. Son parcours le mène de la ferme familiale en Champagne
pouilleuse,
aux amants successifs dispersés sur le territoire. Quand il la
retrouve, il
s'éprend d'elle et renonce à la ramener à Pierre. Elle se réfugie aux
États-Unis d'où elle réalise lui être attachée.
L'image épurée en clip répond
à la rigueur de l'enquête et de son récit : chaque étape dans un
nouveau lieu
où elle a séjourné et connu un homme étant illustrée par un flash-back.
Mais ce
qui s'y dévoile sous le regard interrogateur et sans préjugé de la
réalisatrice
ne relève d'aucun modèle. France se fait payer par ceux qu'elle aime.
Elle
aurait fini prostituée si Luigi ne l'en avait empêchée. Une psychologie
se
dessine par les faits, sans didactisme.
D'abord coincée dans un milieu familial étouffant
("Champagne
pouilleuse", ça veut tout dire), elle est déniaisée par le coq du
village
qui s'en lasse aussitôt. Elle n'a de cesse alors de fuir l'amour à
travers les
plus insolites aventures. L'imagination de l'imprévisible, une des clés
de la
vérité au cinéma, n'est pas la moindre des qualités de ce film. La
séquence où
Luigi en intrus chez son ex-femme réclame un "Miko" devant la télé et
tente de flirter sous les yeux de son compagnon est à cet égard sans
défaut. De
friser le ridicule, elle rayonne parce qu'elle va jusqu'au bout.
Les deux acteurs principaux présentent sans complaisance
un tel
naturel de singularité. Dommage que les autres ne soient pas au même
régime :
les parents par exemple, jouant la carte du naturel de l'interview
publicitaire. C'est en effet la rigueur qui manque pour que l'on soit
pleinement satisfait. Le récit se linéarise de surajouter l'épisode
new-yorkais, une fugue de plus allongeant la série. Le sens de
l'imprévisible
fait du coup défaut.
La musique relève avec bonheur de la pure scansion sonore,
mais en
un véritable couac, elle se fait soudain symphonique pour illustrer le
pathétique de Pierre Lindien renvoyé à sa solitude. On dirait que la
réalisatrice sait, puis oublie par moments que l'émotion au cinéma
vient
"par-dessus le marché". En cherchant à la provoquer directement, elle
bloque la liberté nécessaire au jeu de l'ensemble qui y mène.
Du style donc, mais le souffle un peu court. Ce qui n'ôte
rien à
ce sûr coup d'œil féminin, dénonçant par son authenticité le
phallocratisme
dominant au cinéma. 20/07/01 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Rudolph
MATE
liste auteurs
Le
Souffle de la violence
(The
Violent Men) USA
VF 1954 92' ; R.
R. Mate ; Sc. D. Hamilton ; Ph. B. Guffey/W.H. Greene ;
M.
Max Steiner ; Pr. L. Rachmill ; Int. Glenn Ford
(Paris), Edward
G. Robinson (Wilkinson), Barbara Stanwyck (la fille Wilkinson).
Le "Capitaine"
Paris est confronté à la terrible famille Wilkinson qui veut virer tous
les
fermiers pour s'emparer de la vallée. Finalement il n'y a qu'un
véritable
méchant : la mère. Ce qui permet au héros de se réconcilier à la fin
avec le
pauvre vieux bougon d'infirme de père et de s'amouracher de la fille.
Tellement démodé qu'il paraît
avoir été tourné dix ans plus tard avec les clichés inspirés de la
décade
précédente ! La musique décrète par avance le destin des choses et des
gens.
Harpe pour le sentiment, trompettes pour les charges, groupes de
violons pour
les paysages avec les thèmes ad hoc. "Poussif western
dynastique" a-t-il été dit.
Rien à ajouter. 12/07/00 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Elaine
MAY
liste auteurs
Mikey
and Nicky USA
VO 1976
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Joe
MAY
liste auteurs
Asphalte
(Asphalt)
Muet
N&B 1929
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Archie
MAYO
liste auteurs
Une
nuit à Casablanca (A
Night in Casablanca) USA
N&B 1946 85' ; R. A. Mayo ; Sc. Joseph Fields,
Roland
Kibbee ; Ph. James Van Tree ; M. Werner Janssen ; Pr.
United Artists ; Int. Groucho Marx (Ronald Kornblow), Harpo
Marx
(Rusty), Chico Marx (Corbaccio), Siegfried Rumann (comte
Pfefferman/Heinrich
Stubel), Charles Drake (lieutenant Delmar), Dan Seymour (capitaine
Brizzard),
Lisette Verea (Béatrice), Lois Collier (Annette).
Forcé par les Nazis de transporter par avion un butin de guerre
en
Amérique du sud, le lieutenant Pierre Delmar a réussi à atterrir au
Maroc. Mais
les Nazis se sont emparés du trésor, qu'ils ont caché à
l'hôtel
Casablanca. Trois directeurs successifs sont assassinés par le comte
Pfefferman, pseudonyme du Nazi Stubel, afin de s'en assurer
l'emprise. Ronald Kornblow, le quatrième, doit subir le même sort
au
prétexte de vengeance amoureuse, car il courtise Béatrice, la maîtresse
du
comte. Aidé par Rusty, le valet de chambre de ce dernier et de
Corbaccio, son
garde du corps autoproclamé, il y échappe. Le lieutenant assisté
d'Annette, la
secrétaire de l'hôtel dont il est épris, mène l'enquête pour se
disculper car
il est passible de la cour martiale. Stubel tente de s'enfuir avec le
trésor,
sans Béatrice, qui se venge en passant à l'autre camp. Les trois
compères qui
ont fait en vain tout leur possible pour le retenir en vidant
subrepticement ses malles au fur et à mesure qu'il les remplissait,
prennent
d'assaut
in
extremis son avion en train de décoller et provoquent un crash. Le
faux comte, démasqué, est arrêté. Pierre et Annette s'étreignent.
Béatrice
avoue qu'elle les envie. Elle est prise en chasse par les trois
pitres.
Tout ici repose évidemment sur les gags inimitables des
Marx. Le
cinéma en soi n'a rien d'autre à faire qu'à les mettre en valeur. Je
recommande
la séquence des malles vidées au fur et à mesure comme dans un jeu de
cache-cache reposant sur un simulacre de distorsion de l'espace-temps,
de sorte
que des personnages présents en un même lieu ne se croisent jamais.
9/12/17
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Leo
MCCAREY
liste auteurs
À
visage découvert
(Mighty
Like a Moose) USA
Muet N&B 1926 22' ; R. L. McCarey ; Pr. Hall
Roach/Pathé Exchange ; Int. Charley Chase, Vivian Oakland,
Charles
Clary, Anne Howe, le chien Buddy.
Monsieur et Madame Moose
sont affligés chacun d'une difformité : elle d'un pif patibulaire, lui
d'une
dentition en pare-buffle de locomotive. Se trouvant ensemble à une
soirée après
une secrète séance de chirurgie esthétique, ils se plaisent sans se reconnaître. Même le toutou n'a pas reconnu son papa. Cependant,
leur hôte
ayant réputation d'organiser des parties fines, la police fait une
descente.
Tout le monde est en état d'arrestation, sauf les musiciens qui sortent
munis
de leur instrument dans une procession que ferme le faux couple
adultère
poussant un piano.
Ils se donnent
rendez-vous à plus tard et, séparément, passent se préparer au domicile
conjugal, où dans un premier temps miraculeux, grâce à un jeu de
portes, ils se
croisent sans jamais se rencontrer.
Lorsqu'il
est devenu impossible de s'éviter, Moose ayant reconnu sa moitié décide
de lui
donner une leçon. Pour l'embarrasser, il joue les deux rôles de l'amant
et du
mari au moyen d'une prothèse de sa défunte infirmité, de la robe de
chambre de
l'époux qui dissimule le costume de l'amant et d'un chapeau qui le
complète,
simulant un pugilat avec l'adversaire imaginaire dissimulé derrière la
cloison
du dressing-room. L'épouse entre-temps découvre la supercherie dans le
journal.
L'ingéniosité du jeu est dévoilée au spectateur par des contrechamps
originés
en-deçà de la cloison. Il essuie notamment des coups de pied au moyen
d'une
botte oscillant au bout d'une ficelle attachée à une patère. Un
paravent à
l'arrière-plan lui permet même de simuler une poursuite.
Une gifle
envoie le dentier dans la gueule du chien qui ressemble du coup à son
maître
première version.
Saluons la remarquable qualité de ce court-métrage, qui mérite
de
figurer parmi les plus grands. Pourquoi cet oubli de l'histoire ? Et
par quel
mystère l'acteur Charley Chase n'est-il pas reconnu à l'égal d'un
Chaplin, d'un
Keaton, d'un Langdon, d'un W.C. Fields, de deux Laurel et Hardy, trois
ou
quatre Marx Brothers, etc.? Aidés par un montage serré très moderne
associé à
d'incessantes variations de grosseur parfaitement fonctionnelles, les
gags
s'enchaînent à un train d'enfer, chacun totalement original sans jamais
briser
l'unité du récit. Grâce à leur filmicité (1) les
quiproquos installent un espace
entièrement magique, qui fait éclater les lois cognitives sur
lesquelles on
prend enfin sa revanche. 5/01/05 Retour
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Wrong
Again
USA
Muet N&B 1928 20'
Commentaire
Soupe au canard (Duck
Soup) USA VO
N&B 1933 70' ; R. L. McCarey ; Sc. Bert Kalmar, Harry
Ruby ; Ph.
Henry Sharp ; Déc. Hans Dreler ; M. Bert Kalmar, Harry
Ruby ; Mont.
LeRoy Stone ; Pr. B.P. Schulberg/Paramount ; Int. Groucho
Marx (Rufus T.
Firefly), Harpo Marx (Pinky), Chico Marx (Chicolini), Zeppo Marx (Bob
Roland),
Margaret Dumont (Miss Teasdale), Louis Calhern (Trentino), Edgar
Kennedy (le
marchand de limonade), Raquel Tores (Vera Marcal).
Richissime veuve, Mrs. Teasdale consent à
contribuer par
un prêt au relèvement de la Freedonie en déconfiture, à condition qu'on porte à sa tête le
prodigieux
Rufus T. Firefly, auquel la millionnaire fait les yeux doux et qui le
lui rend dès le chiffre su de sa fortune. Le pays
acclame le
nouveau chef d'État, sans paraître le moins du monde s'offusquer de sa loufoquerie délirante. Cependant, avec la complicité
d'une jolie
maîtresse, Trentino, ambassadeur de Sylvanie, ambitionne par stratégie
politique la main de la bienfaitrice. Il dépêche deux espions, Pinky et
Chicolini, dans l'entourage du Président, qui ne trouve rien de mieux
que de
nommer le second ministre de la guerre. Comme Firefly, jaloux, humilie son rival et sabote les tentatives de réconciliation
menées par
sa dulcinée, la Sylvanie déclare la guerre à la Freedonie. Bien
qu'encerclés,
le Président et son État-major amènent à capituler Trentino, dont la
tête
coincée dans une porte défoncée est bombardée de fruits. Miss Teasdal
entonnant
du coup un chant de victoire, le jeu de massacre se détourne sur sa personne.
La grande
idée est le clivage entre le sérieux et le bouffon, permettant de
libérer le
maximum de force comique, celle-ci échappant aux contraintes de la
vraisemblance. Ainsi Mrs. Teasdale essuyant d'un air fâché le cynisme
bouffon
de Firefly, n'en continue pas moins à croire en lui. La danse générale
saluant
la déclaration de guerre est une satire du bellicisme d'une insolente
liberté. Le
burlesque des Marx Brother pourrait se qualifier d'animalesque. Les
pires
catastrophes verbales et physiques sont commises avec la placidité du
chat qui
a brisé le vase précieux transmis avec amour par quinze générations. Le
camp de
la victime est indifférent. Ainsi les espions accablent-ils leur
commanditaire
de niches sadiques.
Peu apte à exploiter ces ressorts de manière foncièrement
filmique
cependant, le filmage multiplie les figures descriptives et narratives,
notamment par la mobilité de la caméra. On a donc un propos délirant de
facture
sagement académique. Les qualités du récit tiennent au rythme soutenu
de
l'enchaînement des gags et au caractère mesuré de leur mise en valeur.
Les
parties chantées, de plus, loin de composer une comédie musicale, sont
des
apports burlesques judicieusement distribués, contribuant comme tels de
façon
plaisante au tempo narratif.
Pour des raisons de sobriété et d'équilibre, un des
meilleurs Marx
Brothers. 22/03/04 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
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Nana
MCHEDLIDZE
liste
auteurs
Le
Printemps du football
(Pirveli
Mertskali (Géorgien) ou Pervaya lastochka (russe)) Géorgie VO Scope
couleur 1975 75' ; R. N. Mchedlidze ; Sc. Levan
Chelidze, Nana
Mchedlidze ; M. Jansug Kakhidze ; Int. Dodo Abashidze
(Jason), V.
Nadaraia (Khvicha), Ya Ninidze (Elene), Laura Vartanian (Esmeralda).
Vers
1900, un
petit village géorgien est si passionné de football que les limites du
terrain
ne découragent guère les spectateurs envahissants et que les matches se
terminent en pugilats. Deux équipes s'affrontent : les
célibataires et les
autres. Battus, ces derniers sollicitent Jason, un redoutable shooter
qui s'est
retiré mais accepte de remonter une équipe de choc, "la première
hirondelle" (titre original du film). Le policier sera l'arbitre et le
goal le jeune Khvicha, citoyen du bourg voisin qui a bloqué, au prix
d'un
évanouissement, un penalty tiré par Jason lui-même.
Le jeune téméraire est amoureux d'Elene, la fille du
médecin,
laquelle prit soin de lui après sa perte de connaissance. Le père
s'oppose au
mariage malgré l'intervention solennelle des camarades de l'équipe.
Soutenue
par les notables celle-ci a remporté d'éclatants succès et semble
imbattable
sous la houlette de Jason qui y a sacrifié sa vie familiale, se
consolant avec
Esmeralda, la danseuse du cabaret. Jusqu'à la rencontre avec des marins
anglais... Honteusement défaite, "la première hirondelle" entonne un
chant viril pour ranimer les cœurs meurtris.
Le comique de cette tragi-comédie repose sur la
cocasserie des
situations, sur le pittoresque lié au passé : attributs de la
virilité
(sabres et moustaches monumentales), incommode accoutrement
traditionnel porté
pendant les matches, sur l'aspect hétéroclite des joueurs, qui ne
semblent pas
atteints par la limite d'âge (Jason : quinquagénaire bedonnant)
contrairement à
leurs vainqueurs, et sur le caractère parfois sautillant ou saccadé de
la
gestuelle. Tout se passe pourtant comme si la légèreté de ton devait
camoufler
la préparation en sous-main du dénouement. Le filmage des matches y
contribue,
à témoigner d'un amour du football par un remarquable savoir-faire. On
ne suit
jamais le trajet du ballon lui-même, et les plans d'ensemble du terrain
nous
sont épargnés au profit de plans rapprochés des jambes en action suivis
de la
réaction des joueurs.
Chaque événement est ainsi intelligible sans le recours à
l'abstraction explicative. L'échec amoureux de Khvicha est comme un
fragment de
réel qui va gripper l'optimisme béat de la comédie et installer le
pathétique
éclatant du chœur au final. C'est le mérite de ce film d'avoir su somme
toute,
malgré parfois l'irritant recours à des procédés faciles, déjouer la
futilité
initiale de l'intrigue. 4/10/03 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
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Norman
McLEOD
liste auteurs
Monnaie
de singe (Monkey
business) USA
VO N&B 1931
77' ; R. N. McLeod ; Sc. S.J. Perelman, Will
Johnstone ; Ph.
Arthur Todd ; Pr. Paramount ; Int. Groucho, Harpo, Chico et
Zeppo (les
passagers clandestins), Thelma Todd (Lucille).
Passagers
clandestins sur un navire, les Marx introduisent la logique du rêve
dans le
réel. Les choses très sérieuses comme le capitaine, les voyageurs, les
gangsters, la mise aux fers, la sexualité, la douane, le rapt, sont
constamment
désarmées par des mots et des gestes absurdes et grotesques.
La caméra de plus s'en mêle. Comme si l'exorbitant
ne
pouvait se contenir dans un plan fixe, c'est un long travelling qui
accompagne
Groucho traversant une vaste salle de réception de sa démarche
bouffonne à
grands pas furtifs accentuant l'amplitude verticale de la dynamique du
corps à
l'exception de la tête droite et immobile, ce qui donne une impression
d'impossible élasticité. Même si les numéros musicaux obligés ne nous
sont pas
épargnés, quelle liberté ! 30/08/00 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
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Ken
McMULLEN
liste auteurs
Ghost
Dance
GB
1984 94'
Commentaire
_______________________________________Haut
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Alexandre
MEDVEDKINE
liste
auteurs
Le
Bonheur (Stchastié) URSS Muet N&B 1934 65'
Commentaire
_______________________________________Haut
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Dariush
MEHRJUI
liste
auteurs
La
Vache (Gaav) Iran N&B 1969 100'
Commentaire
_______________________________________Haut
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George MELFORD
liste auteurs
Le Cheik
(The
Sheik) USA
Muet N&B 1921
80' ; R. G. Melford ; Sc. Monte M. Katterjohn,
d'apr. rom.
d'Edith Maud Hull ; Ph. William Marshall, Paul Ivano ; Pr.
Famous
Players-Lasky Corporation, Paramount Pictures ; Int. Rudolph
Valentino
(Cheik Ahmed Ben Hassan, Agnes Ayres (Lady Diana Mayo), Franck Butler
(son
frère), Adolphe Menjou (Raoul de Saint Hubert), Walter Long (Omair).
Une
jeune aristocrate anglaise visitant l'Algérie française, Lady Diana
Mayo, déclare hautement honnir le mariage, qu'elle considère esclavage,
surtout
en ces contrées où la femme n'a pas le choix du mari. Esprit rebelle
s'aventurant imprudemment dans le Sahara, elle est enlevée par le cheik
Ahmed
Ben Hassan, qui "lui fait l'amour comme un sauvage", dixit l'écrivain
Raoul de Saint Hubert, son ancien compagnon d'études à Paris. Ce
dernier rend
visite à son ami dont les manières s'adoucissent sous son influence.
Diana est
secrètement amoureuse de son bourreau (des cœurs), qui de son côté se
découvre
terrassé par l'amour. Il consent même à laisser partir la belle captive
avec
Saint Hubert. Cependant elle est ravie au geôlier magnifique par le
bandit
Omair. Lancé à son secours à la tête de sa cavalerie, le cheik la
délivre, mais est gravement blessé. Diana à son chevet inconscient apprend de la
bouche de
Saint Hubert qu'Ahmed en réalité n'est pas arabe mais né de parents
européens.
Quand il se réveille un sourire ensorceleur aux lèvres, tous les
obstacles
au mariage sont balayés, y compris féministes.
Voilà
donc la bombe cinématographique de l'année 1921, film
jugé immoral par certains défenseurs patentés de la civilisation
américaine, qui provoqua dans les salles obscures des désordres
féminins
d'ordre orgasmique. Ce n'est d'ailleurs pas si mal fait si l'on passe
sur les
clichés du genre : à l'étage, la chambre de la demoiselle ouvrant sur
une
galerie au parapet diligemment pourvu d'une épaisse végétation tombant
jusqu'à
terre, idéale pour la grimpette amoureuse. Nous sont épargnées
grimaces et
gesticulations, le dialogue est au fond d'assez bonne tenue, et
certains effets
(le rideau soulevé par le vent à l'avant-plan dans l'ultime scène où
l'amour
éclate) ne manquent pas de charme.
L'intérêt global malgré tout est plus
sociologique que
filmique, il vaut la peine de tenter d'y voir un peu pourquoi. Le
véritable
ressort en est la frustration sexuelle des femmes yankees.
Celles-ci se
trouvent des compensations imaginaires dans le sexe sauvage,
c'est-à-dire le
métissage, alors proscrit aux États-Unis. Interdit sexuel qui a le
visage, si
l'on peut dire, de l'exotisme barbare. Le viol est alors effraction du
mur de
vertu dressé par la société puritaine, et en tant que sauvage, le
contraire
secrètement désiré de la sainte séance hebdomadaire de procréation
conjugale
(Ah ! Passer d'hebdomadaire à dromadaire !). "Elle est humiliée [que je
sois témoin de son déclassement]" reproche Saint Hubert à Ahmed qui
rétorque "Elle est contente", autrement dit : "je la fais
jouir". Mais gronde aussi quelque chose de plus secret et de plus
terrible, une sexualité sans différence sexuelle qui pouvait se
fantasmer dans
la féminité de Rudolph Valentino (n'avait-il pas épousé en 1919
Jean
Acker, une homosexuelle ?) : force totalement indifférente aux enjeux
du rêve
américain et beaucoup plus dangereuse parce qu'invisible aux censeurs.
C'est
pourquoi la nécessaire autocensure du film pour des raisons
d'exploitation ne
porte que sur le féminisme, qui est présenté comme incompatible avec
l'amour, et le métissage, dénié en trouvant, in extremis, des
origines
européennes au "Barbare". 18/12/17 Retour
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_______________________________________Haut
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Georges
MÉLIÈS
liste auteurs
Un Homme de têtes Fr.
Muet N&B 1898 1'
; R., Sc. G. Méliès ; Pr. Star-Film ; Int. Georges
Méliès.
En
plan d'ensemble fixe, un homme debout entre deux tables,
face-caméra. Il prend sa tête à deux mains et la pose sur la table de
gauche.
La tête sur la table continue de vivre et de s'exprimer tandis
qu'une tête
réapparaît sur ses épaules. Il se glisse sous la table pour montrer
qu'il n'y a
nul truquage, recommence l'opération et pose une deuxième tête à côté
de la
première. Même résultat. Une troisième fois il la pose sur l'autre
table, puis
prenant un tabouret s'assoit et se met à jouer du banjo entre les deux
tables.
Les têtes de gauche étant trop bruyantes, il les fait disparaître en
les
frappant de son instrument. Mais ayant perdu sa propre tête, il saisit
celle de
la table de droite et la lance en l'air de façon à ce qu'elle retombe
en
s'ajustant exactement à la bonne place sur son corps. L'homme de têtes
vient
saluer dans les règles à l'avant-plan avant de s'éloigner gracieusement
vers le
fonds en passant entre les deux tables.
Acrobate du trucage, virtuose du gag, Méliès est réputé être le
premier
magicien du cinéma. Il l'est en effet. 01/04 Retour
titres Sommaire
Le
Voyage dans la Lune Fr.
Muet N&B 1902 14' ; R., Sc.
G. Méliès ; Ph. Michaut ; Déc. G. Méliès, Claudel ; Pr.
Star-Film ; Int. Georges Méliès (Barbenfouillis), Bleuette
Bernon
(Phœbe, jeune femme sur la lune), Victor, André, Delpierre, Farjaux,
Kelm,
Brunnet (Nostradamus, Oméga, Micromégas, Alcofribas et
Parapharagaramus, les
membres de l'expédition), les danseuses du corps de ballet du Châtelet
(étoiles
et girls de la cérémonie de départ), acrobates des Folies-Bergères (les
Sélénites).
Ayant
éliminé un opposant qui reçut le livre du président Barbenfouillis en
pleine
poire, la commission des astronomes vote le voyage dans la Lune.
Barbenfouillis
choisit cinq membres pour l'accompagner : Nostradamus, Oméga,
Micromégas,
Alcofribas et Parapharagaramus. On fabrique l'obus habitable et le
canon géant
qui doit le propulser dans l'espace. Acclamés par la foule, les
explorateurs de
l'espace grimpent sur les toits de la ville pour le grand départ. Un
officier
met sabre au clair devant une garde de jeunes femmes légèrement vêtues.
Ils
s'embarquent assistés par une hôtesse sans plus de costume et se tenant
près de
la passerelle comme cela se fera couramment bien des années plus tard.
L'obus
est lancé. Il tape en plein dans l'œil de la Lune.
Les savants débarquent et admirent le clair de Terre. Ils
dorment
à la belle étoile, observés par des étoiles vivantes de forme humaine
et
féminine, par Phœbus en équilibre sur un croissant et par le vieux
Saturne dans
son globe cerné d'un anneau. Les astres décident de punir les intrus.
Au matin
il se met à neiger. Tout grelottants ils décident d'explorer un cratère
où
poussent des champignons géants. L'un d'eux plante son parapluie qui se
transforme en l'un de ces monstrueux thallophytes. Ils sont attaqués par les Sélénites, des
acrobates
explosant au moindre coup comme des pétards, qui les font prisonniers
et les
présentent au roi, dont le trône est entouré d'étoiles vivantes
personnifiées.
Les intrépides explorateurs s'évadent, poursuivis par une armée de
Sélénites,
mais parviennent à regagner l'obus qui, en position instable au bord de
la
Lune, bascule avec Barbenfouillis, accroché à l'extérieur pour s'être
sacrifié
à faire entrer les autres, et sur la Terre plonge dans l'Océan où un
navire
vient les recueillir. Tous sains et saufs, ils sont comblés d'honneurs.
Plan fixe d'ensemble de rigueur qui n'exclut pas le hors
champ,
décors féeriques en carton-pâte, fondus enchaînés et même un semblant
de
travelling-avant sur la lune (il semble qu'en réalité ce soit le globe
qui
s'approche), jeu burlesque des comédiens avec acrobaties, ce film, qui
connut
un succès mondial, a conservé tout son charme car, sans aucune
prétention, il
est plein de fantaisie et s'enlève avec vigueur. 17/01/04
Retour titres Sommaire
Le Tripot
clandestin Fr. Muet N&B 1905 1'50 ; R., Sc.
G.
Méliès ; Pr. Star-Film ; Int. G. Méliès et autres.
Un seul plan, fixe.
Par d'ingénieux dispositifs
mécaniques, un tripot clandestin se mue en magasin de vêtements
féminins dès
l'alerte donnée. Des femmes se déshabillent pour faire croire à des
essayages.
Le commissaire présente ses excuses. Un jour les joueurs s'enfuient à
l'arrivée
de la police sans pouvoir procéder aux manœuvres indispensables. Le
patron n'a
que le temps d'éteindre la lumière. Dans le noir les flics se battent
entre eux
jusqu'à ce que le commissaire rallume. Sous la direction de leur chef,
les
fonctionnaires de l'ordre entourent la table et reprennent le jeu où il
s'était
arrêté.
La mise en
scène vaut par l'extrême vivacité et la bonne humeur de l'équipe.
Méliès se
moque paraît-il du préfet Lépine qui avait fait interdire les tripots.
17/03/04
Retour titres
Sommaire
Les
Affiches en
goguettes
Fr.
Muet N&B 1905 2'43 ; R., Sc. G. Méliès ; Pr.
Star-Film.
Un
seul plan fixe, occupé par des affiches publicitaires connues,
inscrites
dans un rectangle qu'elles divisent en sept parties. Au centre un cadre
vacant
porte la mention "réservé". Un colleur d'affiches muni d'une échelle
entre dans le champ et placarde une réclame pour un spectacle leste
intitulé
"Parisiana. L'amour à crédit". Elle représente une jeune femme
haut-troussée à califourchon sur les épaules de son partenaire. Le
colleur sort
du champ. Deux policiers traversent le champ. Dès qu'ils sont passés,
les
figures des affiches deviennent de vrais personnages qui s'agitent
frénétiquement. Le couple de "l'amour à crédit" va prendre un verre
chez le limonadier de l'affiche "Quinquina Caca". Un cuisinier cuisine
des aliments dans une casserole, etc., mais les bonshommes Ripolin, ici
transformés en "Tripolin" pour des raisons de droits sans doute, se
livrent à une danse échevelée. L'homme de Parisiana se querelle avec le
cuisinier qui lui déverse le contenu de la casserole sur la tête.
Soudain, tout reprend sa place et prend l'air sage d'une
image. Se
racontant des histoires à grand renfort de gestes, les deux flics
repassent
dans l'autre sens et sortent droite-cadre. Un homme respectable lisant
un
journal rentre dans le champ par le trajet inverse. Les personnages
reprennent
leurs fiévreuses activités et arrosent le passant de choses poudreuses
non
identifiées. Celui-ci appelle les sergents de ville, qui sont bombardés
de
projectiles à leur tour.
Mais l'image s'immobilise dans la forme initiale.
L'affiche
centrale, qui a perdu sa réclame pour "l'amour à crédit", indique à
nouveau "réservé". Le panneau s'abat en basculant sur les
malheureux gardiens de l'ordre, découvrant une grille d'enceinte de
l'autre
côté de laquelle sont agrippées les responsables de l'injure,
pensionnaires
d'une institution de jeunes filles. Les poulets tentent en pure perte
de
grimper pour sévir. Resté accroché par ses bretelles, l'un d'eux
ballotte au
rythme de ses vaines gesticulations. Le panneau se remet en place de
lui-même,
ce qui a pour effet de faire apparaître les policiers, dont le corps a
traversé
le papier des affiches, à la place des figures. Une joyeuse farandole
ironique
passe et repasse à l'avant-plan.
L'imagination, la fantaisie burlesque, le
dynamisme,
l'invention et l'habileté technique laissent pantois. 18/03/04 Retour
titres Sommaire
_______________________________________Haut
de page
Jean-Pierre MELVILLE
liste auteurs
Deux
hommes dans Manhattan
Fr.
N&B 1958 84' ; R.,
Sc., Dial. J.-P. Melville ; M. Christian
Chevalier,
Martial Solal ; Pr. Florence Melville/Raymond Bondy ; Int.
Jean-Pierre
Melville (Moreau), Pierre Grasset (Delmas), Ginger Hall (Judith).
Journaliste à
l'AFP de New-York, Moreau est chargé par son patron de retrouver
Fèvre-Berthier, le délégué français aux Nations Unies qui n'a pas siégé
ce
jour. Il se fait aider par Delmas, un photographe imbibé de whisky,
requis pour
sa débrouillardise mais qui se révèle vite dépourvu de scrupules. Ils
découvrent que marié et père de famille, le diplomate a succombé à une
crise
cardiaque chez sa maîtresse. Delmas monte autour du cadavre une mise en
scène
scabreuse qu'il photographie. Le patron accouru détruit la pellicule et
organise un autre scénario pour épargner à un homme honorable un
scandale
posthume. Bien entendu la vraie pellicule, qui vaut une fortune, est
restée
dans la poche du photographe. Mais quand il réalise la tristesse de la
fille du
défunt, qui les a filés pendant leur enquête, il jette à l'égout le
précieux
document.
Ainsi l'auteur du Samouraï et autres petites
merveilles a
pu commettre un superbe navet, un film noir américain à la française,
passé à
la moulinette petite-bourgeoise du fétichisme du Nouveau Monde. Les
véritables
stars sont le whisky, un jazz frelaté (nonobstant le talent habituel de
Solal)
de "fosse" et d'écran, les gratte-ciel nocturnes illuminés et les
grosses automobiles dont on ne se lasse pas de vérifier le bon
fonctionnement
des vitres électriques. Les deux hommes de dos sur les larges sièges
avant de
la voiture, se serrent amoureusement l'un contre l'autre pour les
besoins du
cadrage. L'éclairage superlatif du tableau de bord hors champ tient
lieu de
rampe lumineuse des visages dans l'intimité nocturne de la conduite
intérieure.
Il y a un bon et un méchant, mais ce dernier, sans doute parce qu'il
est
français, finit par se montrer généreux.
Reste le pire : la bande-son ultra schématique comme dans
un
mauvais dessin animé, absolument dépourvue de bruitages d'ambiance. Et
les
paroles originales des natifs en anglo-américain sont calibrées Assimil
débutant.
Impression d'une série télévisée du samedi soir dans les
années
50, avant l'importation du week-end. 23/05/01 Retour titre
Sommaire
Le Doulos
(générique)
Fr. N&B 1962 108' ; R., Sc.,
Dial.
J.-P. Melville, d'après Pierre Lesou ; Ph. Nicolas Hayer ; M.
Paul Misraki ; Pr. Georges de Beauregard ; Int. Jean-Paul
Belmondo
(Silien), Serge Reggiani (Maurice), Jean Desailly (le commissaire
Clain),
Michel Piccoli (Nuttheccio), René Lefèvre (Varnove, le receleur),
Fabienne Dali
(Fabienne), Carl Studer (Kern).
Sorti de prison, Maurice (Reggiani : Galerie
des Bobines) entend se venger d'avoir été trahi. Il liquide un
receleur et
s'empare d'une collection de bijoux avec une liasse de billets de
banque juste
avant que ne déboule la bande à Nuttheccio, responsable du casse. Après
avoir
enterré les bijoux, le repris de justice prépare un cambriolage avec un
complice. Entre-temps Silien (Belmondo : Galerie
des Bobines),
un doulos (indic)
qui a travaillé dans la bande de Nuttheccio avec Maurice, force
Thérèse, la
petite-amie de celui-ci, à donner l'adresse du cambriolage, puis la
liquide au
moyen d'un accident de voiture simulé. Maurice est blessé et son
complice
abattu par la police, qui était renseignée. Après avoir perdu
connaissance, il
se réveille chez des gens du milieu qui le font soigner.
Silien cependant reconquiert Fabienne, son ancienne
maîtresse
passée à contrecœur à Nuttheccio. Il récupère le plan de la cache
confié par le
blessé à ses hôtes, descend Nuttheccio chez lui ainsi que son associé,
maquille
le double meurtre en règlement de comptes et dépose les bijoux déterrés
dans le
coffre. Mais convaincu d'avoir été vendu par Silien, Maurice en prison
avait
chargé Kern, son compagnon de cellule,
de le supprimer pour
deux millions, prélevés ultérieurement chez le receleur. Il est
détrompé par
Silien lui-même qui, ayant démasqué et éliminé Thérèse comme indic,
l'avait
ramassé, lui, évanoui, avant de liquider Nuttheccio. Espérant encore
pouvoir
annuler le contrat, Maurice se rend chez Silien où Kern posté l'exécute
par
erreur. Bientôt arrive le bon doulos qui tire sur le tueur à gages puis
lui
tourne le dos pour s'occuper du mourant, mais dans un dernier sursaut,
Kern l'abat.
On a parlé d'un film
noir à l'américaine. Or si ce film a une originalité, nonobstant sa
dette à
Dassin, c'est de se dérouler dans les décors de banlieue qui
inspireront les
meilleures réalisations ultérieures de l'auteur. Ce ne sont pas la
belle
collection de trench-coats, ni le ballet des voitures américaines -
péché
mignon de Melville - qui font l'Amérique, fort heureusement car les
mythes
yankee n'ont au fond rien inspiré de bon à ce passionné de cinéma
américain,
dont le meilleur reste lié au contexte de la France des années soixante.
Lieux désolés donc
avec vastes
terrains vagues et lugubres édifices, ponctués du hurlement des
locomotives
soulignant la marginalité au fond poignante du milieu. Car une autre
caractéristique est de placer l'amitié au cœur de l'intrigue noire. Le
tragique
propre aux personnages de Melville, c'est ce pouvoir seigneurial du
truand, à
tout moment menacé d'être anéanti par la mort qui rôde et que l'amitié
virile
rend pathétique. Ce qu'exprime bien la mélancolie de la jolie musique
de Misraki,
qui est donc susceptible d'être redondante pour autant que les images
et le son
y suffisent, ce qui n'est pas certain.
L'intrigue est cependant excessivement compliquée.
L'utilisation
abusive du flash-back n'est pas pour simplifier. Ce premier film de la
série du
genre manque plutôt d'assurance. En témoigne, la ressemblance criante
du final
avec celui d'A bout de souffle (1959, même agonie, même acteur, même
jeu), plus
proche, en sa forme, du plagiat que de l'hommage. 01/11/03 Retour titres Sommaire
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Kleber
MENDONÇA FILHO
liste auteurs
Aquarius Brés.
VO 2016 138'
Commentaire
_______________________________________Haut
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Jiri MENZEL
liste auteurs
Trains
étroitement surveillés
(Ostre
Sledované Vaky) Tchéc. VO N&B 1966
88'
Commentaire
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Agnès
MERLET
liste auteurs
Le
Fils du requin
Fr.-Bel.-Lux.
1993 95' ; R. A. Merlet ; Sc. A. Merlet et
Santiago Amigorena ; Ph. Gérard Simon ; M. Bruno
Coulais ; Mont.
Guy Lecorne et Pierre Choukroun ; Son Henri Morelle et
Jean-Pierre
Laforce ; Pr. François Fries ; Int.
Ludovic
Vandendaele (Martin), Erick da
Silva (Simon), Maxime Leroux (le père), Sandrine Blancke (Marie),
Yolande
Moreau (l'institutrice), Olivier Saladin (l'employé de
mairie).
Inspiré d'un fait divers, c'est le regard féminin sans
concession ni jugement, d'amour plutôt que de compassion, jeté sur deux
frères
fugueurs de dix-douze ans abandonnés de leur mère, dont le père est
alcoolique
et la sœur se prostitue, dans une bourgade portuaire du Nord. Les
allusions au
martyre du Christ ne manquent pas. Ils vivent où ils peuvent, dans la
carcasse
d'un bus qu'ils ont précipité du haut de la falaise, derrière des murs
délabrés, dans les wagons d'une gare de triage, fracturent des portes
pour
chaparder ou se projeter un film dans un cinéma en pleine nuit, jouent
des
tours qui exaspèrent la population. "Fils de la femelle du requin",
visage durement limpide et cœur tendre, Martin se repaît des Chants de
Maldoror, s'en hallucine, y trouvant les mots de son amour fou pour
Marie.
D'allure plus enfantine, le frère sort pourtant facilement son couteau.
Ils sont trop jeunes pour la prison et les foyers
d'insertion n'en
veulent plus. On a beau placer l'un dans une famille, l'autre dans une
clinique,
ils se rejoignent toujours comme par un puissant instinct animal. Comme
de
jeunes chiens du reste, ils se bagarrent sans cesse. Martin, pour qui
l'idée du
bonheur se confond passionnément avec les poissons de Maldoror, voulait
attirer
Marie dans la mer pour une étreinte suicidaire. Simon la lui ramène en
offrande
sexuelle à moitié nue sous la menace d'un canif. Martin se rebiffant,
la lame
reste plantée dans sa cuisse, ce qui n'arrête pas la commune errance
fraternelle pour autant. Des adultes tels l'institutrice, l'homme de la
mairie
ou la grand-mère les comprennent, mais la déshérence sociale des
enfants est
hors d'atteinte, car la véritable cruauté ne vient pas du requin et de
son fils
mais de l'Homme.
Le montage sec, entrecoupé de plans sous-marins
poissonneux
auxquels correspondent respectivement un quatuor à cordes lancinant de
détresse
et une mélodie élégiaque, alterne la dureté du réel avec la rêverie
ducassienne
de Martin. Ce raffinement rompt avec le refus des concessions que
traduisent les
longs plans fixes du mûr regard clair de Martin dans un visage chétif,
sous un
crâne rasé de bagnard. Les deux dimensions étant dissociées, on sent
bien que
l'audace d'Agnès Merlet a dû en rabattre devant les exigences
commerciales.
L'authenticité de ce premier long métrage reste néanmoins
digne de
la dédicace de la réalisatrice à son frère disparu. 25/08/01 Retour titres Sommaire
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Ernö METZNER
liste auteurs
Accident (Polizeiberichtüberfall)
All. Muet N&B 1929 21' ; R. E. Metzner ; Sc. E.
Metzner et
Grace Chiang ; Ph. Eduard von Borsody ; Pr. Deutscher
Werkfilm ; Int.
Heinrich Gotho (l'homme), Eva Schmid-Kayser (la prostituée), Alfred
Loretto (un
malfaiteur).
Une automobile
renverse un passant en train de ramasser une pièce de monnaie sur la
chaussée.
Un autre la trouve. Elle est rejetée comme fausse par le marchand de
cigares. Grâce
à elle néanmoins son possesseur gagne aux cartes. Des malfaiteurs qui
l'ont
repéré le suivent dans la rue. Il se réfugie chez une prostituée qui
l'expulse
après l'avoir volé à l'aide de son souteneur. La pièce roule sur le
pavé. Il
est assommé par l'un des malfrats qui l'attendait à la porte. L'homme
se
réveille à l'hôpital où la police l'interroge sur ses agresseurs.
"Straßenfilm", en réaction contre l'expressionnisme,
développant un fait réaliste sans intérêt par lui-même. Une simple
piécette trouvée
déclenche une suite d'actions puis retourne à son destin lié aux aléas
des
prochains propriétaires.
Minimalisme scénaristique cédant la place à un brillant
montage,
de sorte qu'il n'y a en guise de cartons qu'un sous-titre au début et à
la fin.
Première minute du film en quelque vingt-cinq plans imprimant une
énergie à
l'action, par les variations calculées de grosseur, de personnages et
de décor
: travelling serré en plongée sur pavé, fragment dans le coin inférieur
gauche
de la voiture lancée sur individu occupant le milieu de la rue en
profondeur
de champ, gros-plan plongeant sur la piécette à ses pieds, plan
serré sur
le chauffeur actionnant un levier, plan moyen sur un policier qui se
retourne,
plongée sur bas de caisse du véhicule en mouvement, plan serré sur deux
passants de trois-quarts dos qui se retournent, bras dépassant sous une
roue
arrêtée,
policier
en pleine course,
etc. : la parfaite dynamique d'une suite d'événements liés les uns
aux
autres. Dommage que le coma du protagoniste soit si naïvement illustré
par des
effets spéciaux dignes d'effets optiques forains. 16/02/19 Retour
titre
Sommaire
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de page
Nikita
MIKHALKOV
liste auteurs
Esclave
de l'amour
(Raba
Ljubvi) URSS 1976
100' ; R.
N. Mikhalkov ; Sc. Fridrich Gorenstein ; Ph. Pavel
Lebechev ; M.
Edouard Artémiev ; Int. Elena Solovel (Olga), Rodion Nakhapetov
(L'opérateur), Alexandre Kaliaguine (le réalisateur).
1917
: on tourne
en Crimée un mélodrame bourgeois pendant que la Révolution éclate à
Moscou. La
star Olga, adulée par toute l'équipe, tombe amoureuse de l'opérateur,
un
révolutionnaire. Elle l'aide à cacher des bobines
compromettantes.
Découvert, il est abattu.
Vision
fellinienne pour mieux faire place à la cruauté de la police
militaire. La scène où dans son petit cabriolet, au centre d'une grande
place,
l'opérateur est abattu, est tournée en grand-ensemble au point de vue
d'Olga,
assise à la terrasse d'un café. Confirmation que, comme le
disait
Bergman à propos du 7e
Sceau, les lointains traduisent parfois mieux l'atrocité que les gros
plans. Film d'une maturité cinématographique exemplaire. 13/04/00 Retour titres Sommaire
Cinq soirées
(Piat vietcherav)
URSS
VO N&B et
couleur 1978 100' ; R. N. Mikhalkov ; Sc. Alexandre
Adabachian,
d'après la pièce d'Alexandre Volodine ; Ph. Pavel Lebechev ; M.
Yuri Mikhalkov ; Pr. Mosfilm ; Int. Lioudmila
Gourtchenko (Tamara
Vassilievna), Stanislas Lioubchine (Alexandre Iline), Valentina
Telichkina
(Zaïa), Larissa Kuznecova (Katia), Igor Nefedov (Slava), Alexandre
Adabachian
(Timoleev).
Alexandre Iline est en bonne compagnie
avec Zaïa quand il s'avise qu'en face vit Tamara, sa logeuse
d'avant-guerre.
Jurant n'en avoir que pour quelques instants, il va lui rendre visite
après
quinze ans. Tamara, qui vit avec son neveu adolescent et orphelin
Slava,
manifeste sa stupeur. Elle lui propose le gîte. Alexandre déclare à
part à Slava
qu'il veut dispenser à sa tante un peu de bonheur. Il paraît
s'installer tout
en étant toujours sur le départ, remettant chapeau et manteau,
retournant chez
Zaïa, etc. Peu à peu se dessine la situation d'un ancien amour
cherchant
obscurément à revivre.
En même temps la vérité se fait jour sur Alexandre qui,
d'ingénieur en chef dans la plus grande usine chimique d'URSS allégué,
finit
par se révéler chauffeur dans le nord. De même, l'indépendance de
l'homme
fantasque et bagarreur laisse place à la fragilité et à la soif
d'amour. De son
côté, Tamara, dont le comportement indique une renonciation à la vie de
femme,
se découvre un fort besoin d'amour. Le dernier soir Alexandre prend
furtivement
le train du nord, mais en redescend pour un retour définitif. La sépia
se mue
alors en couleur et Alexandre, ce rebelle farouche à tout lien,
abandonne sa
tête aux genoux de Tamara.
Adapté d'une pièce crée en 1958, le film tente de s'en
émanciper
par la mobilité de la caméra, les changements d'échelle en fonction de
la
nécessité de la scène, et la subtilité de la bande-son, qui se fait
parfois
imperceptible pour suggérer une ambiance et caractériser un lieu. Ce
dernier
effet soutient la qualité de document un brin ironique du scénario
quant à
l'étude de la vie quotidienne dans les appartements collectifs de
Moscou.
Cela reste pourtant, globalement, du théâtre filmé. Servi
par des
acteurs remarquables, le dialogue s'affirme comme l'élément moteur de
l'intrigue dont la mise en scène est tout imprégnée de théâtralité,
comme ces
entrées et sorties de champ calquées sur les entrées et sorties de
scène.
En définitive, animé par un souffle de liberté sous-jacent
portant
la marque du dégel khrouchtchévien contemporain de la pièce, le film
garde
intacte sa vigueur après un quart de siècle. 2/09/03 Retour titres Sommaire
Les
Yeux noirs (Otchi
tchiornie) It.
VO (trois versions,
it. rus. fr.) 1986 117' ; R. N. Mikhalkov ; Sc.
N.
Mikhalkov et Cecchi D'Amico, d'après Tchékhov ; Ph. Franco Di
Giacomo ; Déc.
Mario Garbuglia ; M. Francis Lai ; Pr. Excelsior ; Int.
Marcello
Mastroianni (Romano), Silvana Mangano (Elisa), Elena Sofonova (Anna),
Marthe
Keller (Tina), Vsevolod Larionov (Pavel).
Sur un paquebot en croisière au début du XXe
siècle, l'Italien
Romano conte à un passager Russe sa romance avec Anna, une beauté russe
rencontrée dans une ville d'eau alors qu'architecte raté, il était
l'époux
d'une riche fille de banquier romain appelée Elisa. Après l'aventure
pour lui
sans lendemain, terminée par le brusque départ de la belle, il reçoit
de
celle-ci une lettre rédigée volontairement en russe pour se laisser le
temps de
disparaître. Lorsqu'il se décide enfin à la faire traduire, il y
découvre un
amour rare.
Enflammé, il part pour la Russie au prétexte de faire les
plans
d'une usine de verre. La fugitive est l'épouse du gouverneur d'une
petite
ville, qui accueille l'architecte à bras ouverts dans l'espoir de tirer
profit
de l'opération. Le voyageur amoureux cependant parvient à attirer Mme
la
gouverneur dans un lieu retiré où ils se déclarent leur amour. Romano
promet à
Anna de revenir après avoir arrangé ses affaires à Rome. Il y surprend
Elisa en
train de vendre ses biens à la suite d'une faillite mais, rompant même
avec sa
maîtresse, se réconcilie avec l'épouse. Plus tard alors qu'elle a
reconstitué
sa fortune, il la quitte. Coup de théâtre, annoncé par le maître
d'hôtel interrompant
la confidence dans l'intérêt du service, le voici serveur dans le
restaurant de
bord. Mais ce n'est pas terminé. Le Russe tient absolument à présenter
à Romano
son épouse : et on découvre qu'il s'agit d'Anna.
Dans une reconstitution mi-fellinienne mi-viscontienne de
l'époque, un personnage comique par inconsistance vit une superbe
aventure
qu'il fait tourner à la tragi-comédie. Les épisodes russes sont les
plus
inspirés. Ils développent une satire de la bureaucratie tzariste qui
n'a rien à
envier à celle qui y succéda : Romano a toutes les peines du monde à
obtenir la
signature officielle qui lui permettra de circuler pour réaliser son
projet
d'architecte. Même une émouvante fête populaire typique tourne à la
satire de
faire honneur à un pitre étranger.
Mais en général l'inspiration romanesque russe, quasi
gogolienne,
sort gauchement bigarrée d'un mélange mal assumé. La vaste plaine
brumeuse
parcourue sur un char à banc accompagné en travelling latéral et que
doublent
les tziganes à toute allure en chantant, dansant et sifflant, excède la
possibilité en souffle de l'ensemble, même si le choix des grosseurs de
plan
reste toujours assez peu conventionnel. Au total le caractère
résolument
concerté des effets ne laisse guère sa chance à la liberté artistique.
17/10/03
Retour
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Andreï
MIKHALKOV-KONTCHALOVSKI
liste auteurs
Le
Bonheur d'Assia (Asino
stchastié) URSS
VO N&B 1967 97'
Commentaire
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Radu MIHAILEANU
liste auteurs
Train
de vie
Fr.
1998 103' ; R., Sc. R. Mihaileanu ; Ph. Yorgas
Arvanitis, Laurent Dailland ; Mont. Monique Rysselinch ; Mont.-son
Eric De Vos ; M. Goran Bregovic ; Pr. Noé, Raphael
Films, Canal+,
RTL-TVI, Israël Films ; Int. Lionel Abelanski (Schlomo), Rufus
(Mordechaï),
Clément Harari (le Rabbi), Michel Muller (Yossi), Agathe de la Fontaine
(Esther).
Le
fou Schlomo
raconte comment son Setl (village juif) a organisé un faux train de
déportation
pour échapper aux Nazis. Le dernier plan du narrateur au "lager"
révèle que c'était imaginaire.
Du burlesque dans le montage et pas dans l'image : au
tournage,
les wagons d'abord roses ont été repeints au dernier moment dans une
couleur
neutre, ce qui confirme que la filmicité du burlesque. La force du film
repose
sur la permanente conversion réciproque des contraires : par exemple
raccord
salut nazi, bras levés des danseurs juifs (apparemment inconscient
selon un
témoignage involontaire du chef opérateur présent à la projection) et
dans
l'ensemble sur le parti-pris d'expression indirecte. C'est, notamment,
la vie
intense de la communauté qui commente sa mort certaine. 17/12/99 Retour titres Sommaire
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Vincente
MINNELLI
liste auteurs
Lame
de fond (Undercurrent)
USA
VO N&B 1946 114'
Commentaire
La
Caravane du plaisir
(The
Long Long Trailer) USA
VF Technicolor 1954 105' ; R. V. Minnelli ; Sc. Frances
Goodrich, Albert Hackett, d'après Clinton Twiss ; Ph. Robert
Surtees ; M.
Adolph Deutsch, Richard A. Whiting ; Pr. Phadro S. Berman/MGM ;
Int.
Lucille Ball (Tacy), Desi Arnaz (Nick).
Une jeune
femme convainc son fiancé qui voyage professionnellement d'acheter une
caravane
pour éviter les séparations. Après s'être endettés pour le plus beau
modèle
entraînant aussi l'achat d'une voiture plus puissante, ils convolent
par les
routes américaines. Mais le nomadisme leur réserve encore des épreuves
finissant par entraîner une rupture, qui ne pouvait déboucher que sur
la
réconciliation.
Très médiocre Minnelli, mais tout
s'explique si l'on sait que Lucille Ball était alors une star populaire
(vedette de la série TV "I love Lucy"), et l'épouse de Desi Arnaz. Le
film tente
d'exploiter un succès et une situation préexistants. Sans compter
l'éloge
indirect du matériel de rêve que le marché offrait à l'Américain
moyen :
une caravane de 13 m équipée de tout le confort, tractée par un
cabriolet Mercury.
Comment expliquer l'admiration de Deleuze, aux yeux duquel la couleur
jaune vif
de la caravane est un trait d'audace esthétique (in Cinéma 1, p. 167) ?
Mystère
!
Tout lasse, tout passe, la caravane bien sûr. 30/10/00 Retour titres Sommaire
Comme
un torrent
(Some Came Running) USA
VO Scope couleur 1958 127'
Commentaire
Les
Quatre cavaliers de l'Apocalypse
(The
Four Horsemen of
the Apocalypse) USA VO couleur 1961 143'
Commentaire
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Tsai MING-LIANG
liste auteurs
La
Rivière
(He
liu) Taïwan VO 1997 110' ; R. T. Ming-Liang ; Sc.
T. Ming-liang, Yang Biying ; Ph. Lao Peng-jung ; Int.
Lee
Kang-sheng, Miao Tien, Lu Hsiao-ling, Chen Caho-jung, Chen Shiang-chyi.
Vivant à Taïpei avec des
parents qui ne s'adressent pas la parole dans une maison prenant
l'eau à la
moindre averse, Kang-sheng est un jeune homme pimpant, chevauchant vêtu
de
blanc un scooter immaculé. Une fille en mini-jupe blanche naguère
fréquentée,
l'entraîne au tournage qui l'emploie, sur les rives où se déversent les
égouts.
Le mannequin gonflable tenant lieu de cadavre flottant du film n'étant
pas
crédible, on engage Chen, qui doit s'immerger dans les eaux fétides de
la
rivière. La copine l'invite à se doucher chez elle. L'odeur est tenace,
mais
ils font l'amour. Le lendemain, il est affligé d'un sérieux torticolis
qui,
malgré les médecines, s'aggrave par la suite jusqu'à devenir
insupportable et
lui donner l'allure d'un handicapé moteur.
Avec les inondations de la maison et des détails tels
qu'une
interminable miction du père en temps réel, s'installe, parallèlement à
un
dysfonctionnement affectif évident, une sensation d'humide malédiction.
Tout
commence avec cet éveil sexuel correspondant à la plongée du virginal
jeune
homme dans les eaux polluées du cours d'eau. Il est dès lors admis de
fait dans
le monde trouble des parents : la mère a un amant qui la frustre
sexuellement,
le père drague les minets. Attiré par l'homosexualité, le fils se
trouve un
jour commettre dans l'obscurité d'un garni spécialisé l'inceste avec
son père
sans le savoir. Un grand gourou consulté dans une ville lointaine
prédit sa
guérison et l'invite à rentrer à Taïpei. Mais le film se termine avant
la
rémission promise.
Le plan fixe, le plan séquence, la profondeur de champ et
les
économies d'éclairage, contribuent à l'expectative lancinante clouant
le
spectateur dans la contemplation du malaise décliné à toutes les
sauces. Mais
il y a simultanément manque et surcharge. Manque de
questionnement donc de
souffle, surcharge par un parti pris de modernité esthétique (influence
du Dogme ?)
excédant les capacités du propos.
28/09/02 Retour titres Sommaire
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de page
Anthony
MINGHELLA
liste auteurs
Truly,
Madly, Deeply
GB
VO 1990 100' ; R., Sc. A. Minghella ; Ph. Remi
Adefarasin ; M. Barrington Pheloung ; Int. Juliet
Stevenson
(Nina), Alan Rickman (Jamie), Bill Paterson (Sandy), Michael Maloney
(Mark).
Veuve
et solitaire, en cure
analytique, Nina refuse tous les hommes qui gravitent autour d'elle
parce
qu'elle ne se remet pas de la mort de son époux. Le défunt est à ses
côtés et
lui parle. L'épouse inconsolable se refuse à quitter la maison dégradée
et
envahie par les rats, où ils vécurent ensemble. Un jour, interprétant
en larmes
Bach au piano, elle ne s'aperçoit pas tout de suite qu'un violoncelle
l'accompagne
: Jamie est de retour, à son instrument comme à l'accoutumée.
Jubilation. Il
revient parce que la souffrance de celle qui ne peut l'oublier est trop
forte.
Mais le mort s'avère vite incommode. Il n'arrive pas à se réchauffer et
ses
copains fantômes squattent la maison, visionnant des cassettes ou
formant un
orchestre. Entre-temps elle rencontre Mark, psychologue spécialiste des
mongoliens, prestidigitateur à ses heures. Le fantôme a perdu. Il se
tire avec
ses copains.
Film mal joué, sans imagination, impuissant au mélange des
genres,
bourré de clichés. On reste à mi-chemin des intentions. Les
acteurs
convainquent un moment puis se relâchent, le film hésite entre le
burlesque et
l'insolite. La thématique fantastique des rats et de la maison en
déconfiture
n'est pas intégrée. Le groupe des fantômes sous l'éclairage blafard de
la vidéo
est grotesque. À la fin ils tapent sur l'épaule du mari pour le
consoler puis
font un signe d'adieu de la main derrière la fenêtre comme les
mongoliens de
Mark.
Le parallélisme général entre fantômes et débiles mentaux
semble
du reste inconscient et c'est dommage ! Le psy n'est pas crédible,
surtout dans
son métier, où l'on sent une affectation d'acteur. La recherche de
certains
effets est trop intentionnelle. Lorsque Nina évoque sa première nuit
d'amour
avec son mari, son visage est généreusement éclairé dans la
demi-obscurité
comme effet de plénitude. En l'impossibilité de toute approche
contemplative
enfin, le choix du rythme lent s'avère désastreux. 11/04/01 Retour titres Sommaire
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Hayao MIYAZAKI
liste auteurs
Le
Château dans le ciel (Tenky
no shiro Ryaputa),
animation, Japon 1986 124'
Commentaire
Princesse
Mononoke
(Mononoke
hime), animation,
Japon 1997 130' ; R., Sc. H. Miyazaki ; M.
Jô Hisaishi ; Pr. Toshio Suzuki.
Atteint d'une lésion
maléfique au bras en sauvant le village d'un sanglier géant possédé du
démon,
monté sur son élan rouge, le prince Ashitaka se lance à la recherche
d'un
antidote à la mort qui le ronge. Une boule de fer trouvée dans les
entrailles
du sanglier conduit le héros à une ville fortifiée lointaine tenant sa
puissance de l'industrie du fer. En guerre contre la forêt
environnante,
qu'elle détruit pour développer sa production, la ville de fer est
gouvernée
par Dame Eboshi dont le fusil servit à loger dans le corps du sanglier
le
projectile de fer. Cette boule représente la haine qui engendre les
démons.
Ashitaka a bien pour mission de combattre la haine, dont son propre
bras porte
le poison.
La forêt abrite l'esprit de la forêt, visible le jour sous
la
forme d'un cerf merveilleux. Elle est défendue par les sangliers et les
loups
géants d'autrefois, qui ont élevé Sen, princesse Mononoke, dont
Ashitaka
s'éprend au premier coup d'œil. Au cours d'affrontements divers, ils se
sauvent
mutuellement la vie. Le jeune guerrier désire réconcilier ville et
forêt. Mais
pour complaire à l'empereur convaincu qu'elle apporte l'immortalité,
dame
Eboshi coupe la tête du dieu-cerf. La forêt meurt. Les humains fuient
devant le
corps protéiforme qui, privé de ses organes de vision, se propage
aveuglément
dans toutes les directions à la recherche de sa tête.
Pour la lui restituer, Ashitaka et San la reprennent aux
mercenaires de l'empereur. La forêt renaît dès l'intégrité recouvrée du
dieu-cerf qui guérit le jeune homme en retour mais détruit la ville de
fer.
Dame Eboshi est indemne grâce au jeune couple aidé par les loups. En
reconnaissant la nécessité de la paix, elle renoue avec le bien qui
correspond
à sa nature profonde, elle, la protectrice des prostituées et des
lépreux dont
elle lave les plaies. Ashitaka reste pour aider à la reconstruction de
la ville
et garder contact avec sa bien-aimée encore farouche aux humains.
La valeur de cette fable philosophique, véritable
chef-d'œuvre du
cinéma d'animation, tient à l'unité d'un ensemble complexe et divers,
doté
d'une énergie morale peu commune et comprenant, au-delà du façonnement
indépassable (image, animation, son) d'un monde merveilleux, une forte
étude
documentaire, psychologique, politique.
Documentaire sur la vie quotidienne au XVIe
siècle. Psychologique
quant aux types psychologiques avec leurs contradictions, leurs
caractéristiques physiques et comportementales (Jigo par exemple) etc.
Politique en ce que le système libertaire appuyé sur la puissance
technique et
économique de la ville de fer attise les haines et les convoitises des
seigneurs féodaux (on savourera l'insolente ironie d'une guerre
opposant des
Samouraïs à des Putes). Le moine Jigo, âme damnée de l'empereur,
manipule dame
Eboshi en faisant valoir le soutien de son maître, qui a pourtant à
coup sûr
des vues secrètes sur les richesses de la ville.
La valeur satirique et éthique(1) du propos relativement à
notre monde
est notablement stimulante. 14/03/03 Retour
titres Sommaire
Le
Voyage de Chihiro
(Sen
to Chihiro no
kamikakushi) animation 2001 122', Ours d'Or, Berlin 2002 ; R.,
Sc.
H. Miyazaki ; M. Jô Hisaishi ; Pr. Toshio Suzuki,
Yasuyoshi
Tokuman ; Anim. Masashi Ando, Mariko Matsuo, Atsushi Tamura, Horomasa
Yonebayashi.
Déménageant,
la petite
Chihiro Ogino et ses parents s'égarent en voiture dans la forêt.
Poursuivant à
pied par le tunnel sans fin s'ouvrant dans une bâtisse rouge qui borne
le
chemin, ils débouchent dans un monde magique, qui s'avère être celui
des
esprits, où les humains oublient leur propre nom. Les parents sont
changés en
cochons à cause de leur gourmandise et la fillette traverse une série
d'épreuves dont elle sort victorieuse grâce au concours de M. Kamaji,
l'homme
araignée, mais surtout à l'aide attentive de Haku, un garçon dont les
pouvoirs
sont pourtant sous l'emprise de Yubaba, la sorcière régnante. Avec le
soutien
de Zeniba, la sœur jumelle bienfaisante de la méchante Yubaba, Chihiro
aide
Haku à se libérer en contribuant à retrouver son véritable nom. Il se
débarrasse alors du corps de dragon qui l'emprisonne à certaines
périodes. Au
final, le trio familial repasse le tunnel dans l'autre sens comme si de
rien
n'était.
Tous les ingrédients du conte de fées, avec des
réminiscences
d'Alice au pays des merveilles et des figures inspirées des mythologies
nippones s'accordent à un hallucinant réalisme de facture. Le dualisme
du film
oppose plus précisément une esthétique du monde industriel du
dix-neuvième
siècle avec des références à l'architecture militaire médiévale
symbolisant
l'oppression du monde actuel, aux forces ambivalentes du rêve que
Chihiro doit
canaliser pour mûrir et connaître l'amour, comme dans tous les contes
de fées.
Outre la qualité hors-pair du dessin - n'excluant pas quelque
schématisme
de passage dans l'animation -, la réussite du film tient
essentiellement à
cette capacité de synthèse visionnaire. 1/01/03 Retour titres Sommaire
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de page
Kenji
MIZOGUCHI
liste auteurs
La
Cigogne en papier
(Orizuru
Osen) Jap.
Muet
N&B 1935 87'
Commentaire
Oyuki
la Vierge
(Maria
no Oyuki) Jap. N&B
1935 78'
Commentaire
Les
Coquelicots
(Gubijinso)
Jap.
VO N&B 1935 68' ; R. K. Mizoguchi ; Sc. Daisuke
Ito et Haruo Takayanagi, d'apr. la nouvelle éponyme de Natsume Soseki
(1907) ; Ph. Minoru
Miki ; Mont. Tazuko Sakane ; M. Koichi
Takagi
; Pr. Daiichi Nagata ; Int. Ichiro Tsukida
(Seizo
Ono), Kuniko Miyake (Fujio Kono), Chiyoko Odura (Sayako Inoue), Yukichi
Iwata
(Tomotaka Inoue, son père), Daijiro Natsukawa (Hajime Munechika, le
fiancé
éconduit de Fujio), Kazuyoshi Takeda (Kingo Kono, demi-frère de Fujio),
Yoko
Umenura (Mme Kono, mère de Fujio, belle-mère de Kingo), Toichiro
Negishi (Asai,
ancien étudiant de Tomotaka Inoue).
Séduit par la riche Fujio
dont il est le précepteur à Tokyo, l'indécis Ono déçoit les
espoirs de
Tomotaka Inoue, son bienfaiteur et ancien professeur, venu de Kyoto
avec sa
fille, Sayako, ne doutant pas que le protégé demandera sa main après
cinq
années d'absence pour les études.
Fujio s'est engagée en offrant à Ono la montre en or de son
défunt père.
La mère intrigue pour déposséder son beau-fils Kingo de l'héritage au
profit de
la fille, dont elle approuve le choix. Sous prétexte d'un échec à
l'examen de
diplomate, elle écarte Munechika, le fiancé choisi par le père. Le
jeune homme
finalement décroche le diplôme convoité et, prenant de l'assurance,
convainc
Ono que son véritable destin est avec Sayoko. Son argument : être
fidèle à
soi-même. Il n'entend nullement par-là faire droit à l'amour
mais aux
obligations morales (giri). En l'occurrence, à l'égard d'Inoue, veuf de
surcroît, qui l'avait sauvé, lui, orphelin mourant de faim dans la rue,
en le
prenant intégralement en charge. Fujio et son père sont par Ono et
Munechika
rattrapés de justesse au départ du train de Kyoto.
Alors que, lâchée par Ono, Fujio était prête à se rabattre
sur le
fiancé maintenant honorable, celui-ci rompt brutalement en jetant à la
mer la
montre en or que lui a glissée Ono en sautant dans le train.
Scénario ad hoc
pour un moralisme de choc. Tout se joue sur la base des oppositions
homme-femme, riche-pauvre, intéressé-désintéressé, femme moderne
dissolue-traditionnelle innocente, indécis-volontaire,
intrigant-bienfaiteur,
voire mort-vivant : ces oppositions dites métaphysiques, qui nous
condamnent à
des alternatives interdisant le champ des possibles si on ne les
déconstruit.
Elles sont d'avance ici marquées d'un coefficient de valeur, de
sorte que
les conflits se résolvent au profit de valeurs positives a priori :
femme
pauvre et innocente, bienfaiteur. Ce dernier, non seulement représenté
par
Inoue mais aussi Munechika dont le discours moraliste rétablit la paix
des
chaumières, tout en satisfaisant le talion par la violence du geste
final. Autrement dit les écarts incommodes sont anéantis par un
rétablissement vengeur de la norme. Ce dispositif
rudimentaire laisse peu
de chance à l'art, qui n'est pas instrumentalisable.
Fort de ce qu'offre l'œuvre connue, je dirais que
Mizoguchi est un
artiste clivé par la peur de déplaire. L'insidieux manichéisme relève
de la
concession faite à la facilité, supposée à tort pacifier le public.
Elle
s'accompagne volontiers d'un attirail racoleur, comme le décor gothique
de
studio du manoir Kono, le pathos musical surajouté, le
recours
épisodique au montage court et heurté pour faire monter la tension,
sans
compter l'allégorie intempestive, comme celle de la mer déchaînée
engloutissant
la montre au son d'un violon tragique. Enfin la fétichisation du héros,
telle à
la tombée du jour la silhouette de Munechika en contrejour, appuyé
dos-caméra au bastingage du bateau qui le ramène à Tokyo, passant du
plan moyen
au gros plan en profil de médaille, qui se maintient en surimpression
sur le
générique de
fin.
Elle vient couronner la
leçon de
morale déjà suffisamment pesante par elle-même.
Et pourtant, perce la signature du maître sous
le consensuel
fatras. La prise en compte du hors-champ, un personnage, par exemple,
s'adressant à un autre invisible. La distanciation spatiale entre les
protagonistes par la mise à contribution de la profondeur de champ, ou le refus de la subjectivité du
champ-contrechamp. De
même que les sorties de cadre laissant un champ vide, rendu à son
autonomie. Ou
encore le décentrage de l'action, déportée dans un coin-cadre, à
moins
d'un surcadre décalé du centre. Rapports distendus en
tout cas
entre cadre et champ comme si le filmage ne se prenait pas au sérieux.
Jusqu'à
l'allégorie tout de même quand elle ne se signale pas comme telle.
Voyez ce
chat en terre cuite sur un rebord de fenêtre, dont les oreilles
évoquent l'ouïe
de Munechika attablé derrière un panneau du restaurant où Ono est
incité à voix
haute par son ami Asai à épouser Fujio. D'où le rappel au devoir
moral. Tout
cela réintroduisant l'éventail des possibles de façon autre, en mettant
du jeu
entre les éléments.
Quoi qu'il en soit, Mizoguchi a amplement prouvé qu'il
pouvait
faire mieux, à la mesure de cette liberté du cadre propre à dépasser
l'esthétique
de carte postale ! 21/01/22 Retour
titres Sommaire
L'Élégie
de Naniwa
(Naniwa
erejii) Jap.
VO N&B 1936 71'
Commentaire
Les
Sœurs de Gion
(Gion
no shimi) Jap.
VO N&B 1936 66'
Commentaire
Conte
des chrysanthèmes tardifs (Zangiku
monogatari) Jap.
VO N&B 1939
146'
Commentaire
Les
Quarante-sept
rônins (Genroku
chushingura) Jap.
VO
N&B 1941-1942 214'
Commentaire
La
Victoire des femmes (Jozi
no shori) Jap.
VO
N&B 1946 84'
Commentaire
Femmes
de la nuit
(Yoru
no onna tachi) Jap.
VO N&B 1948 73'
Commentaire
Le
Destin de Madame Yuki
(Yuki
Fujin ezu) Jap. VO
N&B 1950 85' ; R. K. Mizoguchi ; Sc. Yoshikata
Yoda, Kazuo
Funabashi, d'apr. Yuki Fujin Ezu de Seiichi Funabashi ; Ph.
Jôji Ohara ;
Mont. Toshio Gotô ; M. Fumio Hayasaka ; Pr. Shintoho
Compagny Ltd
; Int. Michiyo Kogure (Yuki Shinano), Yoshiko Kuga (Hamako Abe,
femme de
chambre), Ken Uehara (Masaya Kikunaka, le professeur), Eijirô Yanagi
(Naoyuki
Shinano, le mari), Haruya Katô (Seitaro le jeune homme de la maison),
Yuriko
Hamada (Ayako, la maîtresse de Naoyuki), Kumeko Urabe (San, fidèle
auxiliaire
de Madame Yuki), So Yamamura (Takeoka, amant et comparse d'Ayako).
Yuki, une aristocrate déchue, a épousé
Naoyaki Shinano, bourgeois brutal et dépravé qui la trompe et dilapide
son
héritage. Bien que le haïssant et amoureuse de Massaya
Kikunaka, son
ami d'enfance, elle reste - au point de faire une tentative de
suicide
pour se débarrasser "du démon" qui s'est emparé de son corps -
dépendante sexuellement de son mari, qui la traite comme une
prostituée, tout
en l'aimant jusqu'à supplier Massaya de ne pas la lui prendre. Sur les
conseils
de ce dernier, dans le but de rendre son amie indépendante
financièrement,
l'opulente demeure familiale dominant le lac Biwa dont a hérité
Yuki est
transformée en auberge. Mais Naoyaki a fait l'erreur de la mettre au
nom
d'Ayako, sa maîtresse, qui dépouillera les Shinano avec la
complicité
de son amant et complice Takeoka. La débandade est complète ; enceinte de
son mari et n'ayant pas la force de divorcer Yuki perd la confiance de
Massaya. Elle
met fin à ses jours en se jetant dans le lac. Travelling plongeant à la
grue
sur le lac. Coda solennelle de l'accompagnement musical ad hoc.
Mélodrame larmoyant saturé de violons (je
n'ai rien
contre ce noble instrument en soi, c'est en tant que cliché expressif
que je le
récuse), filmé dans une dominante en clair-obscur de mauvais augure
avec une
complaisance pour les beaux paysages lacustres mélancoliquement brumeux chers aux suicidaires.
La beauté du
paysage est une donnée extrafilmique, c'est-à-dire un matériau. Il est
indifférent
à l'art que son matériau soit beau ou laid en soi. L'important est de
le
transformer selon ses fins. Comme toujours, Mizoguchi n'offre rien de
plus
qu'un sens littéral. La liberté que confère le langage comme artifice
distinct
de ce qu'il désigne lui est étrangère. Aucun jeu. Non que l'audace soit
exclue
mais il s'agit d'audace rhétorique, à savoir, vouée au mélodrame.
Parfois un
peu lourdement comme ces plantes vertes s'égouttant bruyamment à la
suite des
sanglots de Yuki en deuil. Retenons néanmoins les tenues
grotesques du
mari, qui rompent avec l'excès de sérieux de l'ensemble.
Le moins intéressant n'est pas la violence de l'érotisme
car elle
fait contrepoids à la mièvrerie sentimentale invitant le spectateur à
éprouver
de la compassion pour un être de celluloïde. Hamako est sommée
perversement par le mari d'entrer dans la chambre maritale lors d'une
scène
d'abomination sexuelle restée hors-champ, qui l'horrifie. Un travelling
récurrent en plan serré sur les vêtements féminins épars au sol parmi
lesquels
une ceinture munie d'une broche figurant le masque en métal d'un démon,
répondant à celui dont se plaint Yuki qu'il s'est emparé de son corps.
Ces
mêmes effets abandonnés avant le plongeon fatal dans le lac et que
Hamako
découvre sur la berge avant de les précipiter dans les eaux en criant à
la
lâcheté.
En exceptant le côté trop angélique de Massaya, maître de
koto,
dont le raffinement est prémédité pour mieux dénoncer la grossièreté de
ses
semblables masculins (comme Shinnosuke, maître d'art dans Miss Oyu), et
les
commentaires superflus des domestiques sur le comportement du mari déjà
amplement ridiculisé par le seul caleçon à rayures, un autre aspect
ménageant
un peu de jeu dans les limites du cadre imparti sont les réactions de
l'entourage
: amoureux de Yuki et jaloux jusqu'à tenter de poignarder le mari, le
jeune
Seitaro espionne les nuits troubles de la maîtresse, le récit
étant en
partie au point de vue de Hamako, à laquelle est dévolue la conclusion
accablante en contraste avec l'admiration initiale.
02/09/21 Retour
titres Sommaire
Miss Oyu
(Oyu-sama)
Jap.
VO
N&B 1951 89'
Commentaire
La
Vie de O-Haru, femme galante
(Saikaku no ichidai onna) Jap.
VO
N&B 1952 130'
Commentaire
Les
Contes de la lune vague après la pluie
(Ugetsu Monogatari) Jap.
VO
N&B 1953 96', Lion d'argent, Venise, 1953
Commentaire
Les
Musiciens de Gion
(Gion Bayashi) Jap.
VO N&B 1953 85'
Commentaire
Les
Amants crucifiés
(Chicamatsu monogatari) Jap.
VO N&B 1954 108'
Commentaire
L'Intendant
Sansho
(Sansho dayu) Jap.
VO N&B 1954 118'
Commentaire
Une
femme dont on parle
(Uwasa no onna) Jap.
VO N&B 1954 84'
Commentaire
Le
Héros sacrilège
(Shin heike monogatari) Jap.
VO couleur 1955 107'
Commentaire
L'Impératrice Yang Kwei-Fei
(Yokihi)
Jap.
VO
couleur 1955 88'
Commentaire
La Rue de la honte (Akasen chitai)
Jap. VO N&B 1956 85' ; R. K. Mizoguchi ; Sc.
Masachige
Narusawa, d'après la nouvelle "Susaki no Onna" de Yoshido Shibaki ; Ph.
Kazuo Miyagawa ; M. Toshiro Mayuzumi ; Pr. Masaichi
Nagata/Daiei
; Int.
Machiko
Kyo (Mickey), Ayako Wakao (Yasumi), Aiko Mimasu (Ymeko), Michiyo
Kogure (Hane), Kumeko Urabe (Otane), Yasuko Kawakami (Shizuko), Hiroko
Machida
(Yorie).
On suit les pensionnaires d'une maison close du quartier
réservé
de Yoshiwara à Tokyo dans leur quotidien, de sorte que les
stéréotypes sont
peu à peu démontés. Le patron est un homme d'affaires auquel, par un
effet
intentionnel d'ironie, un policier venu enquêter témoigne seul dans la
maison
un respect particulier. Cet homme important tient devant
celles qu'il
considère comme ses employées des discours mystificateurs pour en
masquer
l'exploitation. Selon lui, le gouvernement en s'apprêtant à voter une
loi
anti-prostitution ne défend pas leurs intérêts. C'est le patron,
véritable
travailleur social, qui fait vivre les filles en leur permettant de
travailler
chez lui.
Sans plus de commentaire, est démontré le
contraire : que ces femmes n'ayant pas de quoi vivre sont liées par le
système
de l'endettement. Seule pourra s'en sortir l'usurière Yasumi en ruinant
deux
habitués et rachetant le magasin de l'un d'eux. Endettée pour éduquer
son fils
qui la renie, Yumeko devient folle. Hanaé, la seule qui vive à
l'extérieur avec
une vraie famille, a
peine à nourrir
son bébé et entretient son mari chômeur et suicidaire, mais sans
pouvoir
empêcher leur expulsion. Yorie songe au mariage. Elle réalise son rêve
mais
réapparaît bientôt, préférant le bordel à l'esclavage conjugal. Mickey
semble
n'avoir aucun scrupule à rafler les clients de ses collègues. Quand son
père
vient la chercher pour préserver l'honneur de la famille, il lui
apprend la
mort de sa mère et son remariage. Elle se rebiffe, lui rappelant qu'il
a
toujours fait souffrir la défunte en la trompant, qu'elle-même ne fait
que
l'imiter, lui, dans sa conduite. En dérision elle fait mine,
cyniquement, de
lui proposer une passe puis
le chasse.
Les plus dures cependant ont toujours un douloureux secret
expliquant leur comportement. Yasumi doit verser la rançon de son père
impliqué
dans un scandale. Elle fait d'ailleurs preuve de générosité au mariage
de
Yorie. Mickey est cynique mais véridique et ses propos acerbes
recouvrent une
sagesse profonde, à notamment faire remarquer à propos de Yasumi : "à
moins d'agir comme elle, vous ne quitterez jamais le métier". Elle ne
fait
que formuler ce que figure parfois l'image par un jeu du cadrage sur la
nudité
d'une statue associée malicieusement aux prostituées en rappelant leur condition,
parfois en amorce à droite ou à gauche du cadre ou à l'arrière-plan sous
différents
angles.
Le sens du film ne se construit donc pas seulement sur la
base du
donné explicite : le fondu au noir entre les séquences souligne que
l'épisode
qu'elles délimitent n'est qu'un exemple parmi une infinité, de même que
les
éléments d'un reportage ne sauraient épuiser la totalité exhaustive du
sujet.
L'extrême sobriété dans l'approche du tragique gisant au fond de ces
destinées,
produit le décalage d'une vision singulière au seuil de l'humour noir.
Ainsi,
au dernier plan, le
timide geste de
racolage de la petite débutante à moitié dissimulée par une colonne
portant un
écriteau d'invite devant la maison close.
Au total, en faisant abstraction de l'accompagnement
musical
pseudo avant-gardiste avec sa scie musicale poussant de plaintifs
miaulements,
on retiendra surtout, sous un angle de vision étrangement laconique qui
en est
l'élément artistique, la richesse du témoignage et le plaidoyer sans
pathos.
16/08/04 Retour titres Sommaire
___________________________________Haut
de page
Jean-Pierre
MOCKY
liste auteurs
Un
drôle de paroissien
Fr.
N&B/couleur 1963 82' ; R., Sc. J.-P. Mocky d'après Michel
Servin ; Dial. Alain Noury ; Ph. Léonce-Henry Burel ; M.
Joseph
Kosma ; Pr. Henri Diamant-Berger ; Int. Bourvil
(Georges
Lauchaunaye), Jean Poiret (Raoul), Francis Blanche (inspecteur
Cucherat), Jean
Tissier (Brigadier Bridoux), Jean Yonnel (Le père de Georges).
En priant Dieu de l'aider à sortir sa famille de la
misère,
Georges reçoit un signe divin l'autorisant à piller les troncs
d'église.
Aristocrates parisiens ruinés refusant de travailler, les siens sont
rapidement
renfloués. Georges, dont les méthodes passent du caramel mou à
l'aspirateur
spécial, finit par être pourchassé par la "brigade des églises". Son
complice Raoul est pincé mais s'évade pour sauver Georges qui, bien que
son portrait-robot
soit diffusé, fait donner des actions de grâce à Saint-Etienne-du-Mont
avant de
filer à l'étranger avec sa famille. Tout le monde s'embarque.
Bourvil est admirable en honnête et pieu voleur. Avec la
qualité
de la photo (Burel), il sauve quelque peu le didactisme un peu
simpliste de
Mocky, assurant que la malhonnêteté paye et que les flics sont des
cons. Tout
de même bien meilleur (moins canularesque, humour plus fin) que La
Grande
lessive. 2/04/01 Retour titres Sommaire
La
Grande lessive
Fr.
couleur 1968 95' ; R., Sc. J.-P. Mocky ; Dial. Alain
Noury ; Ph. Marcel Weiss ; M. François de Roubaix ; Pr.
Georges Cheiko ; Int. Bourvil (Armand Saint-Just), Francis
Blanche
(Loupioc), Roland Dubillard (Missenard), Jean Tissier (Benjamin), Jean
Poiret
(Lavalette), Michel Lonsdale (Delaroque).
Ni les bonnes idées ni les gags loufoques ne suffisent.
C'est
pourtant là-dessus qu'est censé reposer l'intérêt du film.
Conduite par Armand de Saint-Just, un professeur de
français juste
et saint, afin de délivrer les enfants de l'emprise de la télé, la
petite
équipe de professeurs assistée d'un dentiste vicieux et d'un vieil
anar, grimpe
sur les toits de Paris pour mettre les antennes hors d'état en les
aspergeant à
la sulfateuse. Traqués par la police en liaison avec le directeur de la
télé
(Lavalette), ils parviennent finalement à se faire entendre des
pouvoirs
publics.
Filmé illustratif avec du burlesque gratuit et noyé dans
l'atroce
musiquette de François de Roubaix. Meilleure scène : Bourvil grimpant
au sommet
du clocher à saboter est invité au passage à tenir sa partie dans la
chorale
d'une paroisse parisienne. On remarque son bel organe et il doit
entonner en
solo le cantique. Aussi gratuit que le reste. Mais c'était en
soixante-huit, où
l'on pouvait croire que la valeur des idées tenait lieu d'esthétique.
7/01/01 Retour titres Sommaire
Vidange
Fr.
1998 95' ; R.
J.-P. Mocky ; Sc. J.-P. Mocky, André Ruellan, Michel Grisolia ;
Ph.
Edmond Richard ; M. Eric Demarsan ; Int. Marianne
Basler
(Mireille Bertillet), Jean-Pierre Mocky (Castellin), Laurent Labasse
(Baron).
Avec verve, Mocky règle leur compte aux politiciens véreux.
Une jeune femme nommée à Paris en remplacement d'un juge
complaisant emprisonné pour corruption, ne se montre pas aussi docile
qu'on
l'attendait, et met tout son zèle à envoyer au bloc des gens
respectables. Le
millionnaire Castellin, qui trempait dans ces scandales, séduit
Mireille
Bertillet sous un pseudonyme, à la fois pour la contrôler et pour se
venger de
ses anciens amis haut-placés qui lui ont manqué d'égards.
Elle est subjuguée mais quand elle apprend la vérité, grâce à un
petit flic
sympathique, elle se détache et continue à remplir son devoir à
l'encontre de
son ancien amant lui-même. Celui-ci la met tout de même en garde contre
la
mafia, qui tire en réalité toutes les ficelles. Mise en examen à son
tour sur
ordre, elle s'évade à l'aide du flic. Ils filent au Venezuela, tandis
que
Castellan, qui s'était réfugié au couvent après avoir fait de la
prison, est
abattu. On retrouve à la fin, s'esclaffant dans un wagon de métro, le
groupe de
Parisiens moyens qu'on voit au début se plaindre de la corruption dans
la même
situation.
Tout cela mené tambour battant, avec un Mocky en grande
forme.
Mais le brillant dialogue est très mal desservi par la stricte démarche
du
polar politique, dans un style déjà daté. Il y a totale dissociation
entre
l'analyse cynique du brillant scénario et la banalité filmique du
récit.
27/10/02 Retour
titres Sommaire
___________________________________Haut
de page
Gustaf
MOLANDER
liste auteurs
Intermezzo
Suède
VO
N&B 1936 90'
Commentaire
___________________________________Haut
de page
Mario MONICELLI
liste auteurs
Le
Pigeon
(I soliti ignoti) It. VO N&B 1958 95' ; R. M. Monicelli
;
Sc. Age/Scarpelli, Suso Cecchi D'Amico/Monicelli ; Ph.
Giani Di
Venanzo ; M. Piero Umiliani ; Pr. Lux ; Int.
Vittorio
Gassman (Pepe), Marcello Mastroianni (Tiberio), Renato Salvatori
(Mario), Toto
(Dante), Claudia Cardinale (Carmelita), Memmo Carotenu (Cosimo).
Comédie burlesque filmée dans le style néoréaliste en
l'honneur du
petit peuple victime du chômage, avec des effets de vie urbaine à
l'arrière-plan.
Cosimo est en prison pour
tentative de vol de voiture. Il est prêt à payer un pigeon. Le boxeur
Pepe
s'accuse donc à sa place, sans succès. Il est libéré après avoir
soutiré par
ruse à Cosimo un plan de casse : s'introduire dans un appartement
contigu au
mont-de-piété (thème réaliste) et s'emparer du coffre après avoir percé
le mur
mitoyen. Pepe séduit la petite bonne du lieu et récupère la clé, mais
finalement ils entrent par effraction, percent le mauvais mur qui
conduit dans
la cuisine où ils se contentent de piller le frigo.
La petite bande de larrons forme un quarteron burlesque.
La
gouaille populaire s'en donne à cœur joie ("si tu me trouves le pigeon,
dit Cosimo au parloir à sa maîtresse, tu auras le manteau de fourrure
que tu
désires. - Et tu m'épouseras ? - J'ai déjà une condamnation, je ne vais
pas en
prendre une deuxième !") et les gags se bousculent, servis par des
acteurs
inimitables. Voyez Pepe, le boxeur, tirant la langue et penchant
la tête
de tous côtés pour fignoler sa signature au bas d'un contrat. Ils
reposent en
général sur la paresse et la maladresse des protagonistes, conférant
une fausse
causalité à l'injustice sociale à effet de caricature.
L'éclairage, le cadrage et la musique relèvent, en même
temps que
du néoréalisme, du film noir. Mais les cartons ménagés entre les
séquences, du
burlesque. Cependant l'intérêt du typage contrasté reste assez
limité. Il
entraîne une déperdition des deux côtés. Le jazz d'accompagnement est
surajouté
et faux. Il prétend imposer une ambiance et un rythme de façon
envahissante.
Heureusement que le burlesque en soi ne vieillit pas ! 25/05/00 Retour titres Sommaire
L'Armata Brancaleone
It.
VO couleur 1966 90' ; R. M. Monicelli ; Sc.
Age/Scarpellin/Monicelli ; Ph. Carlo Di Palma ; M.
Carlo
Rustichelli ; Pr. Fair Film ; Int. Vittorio Gassman
(Brancaleone),
Catherine Spaak (Mathilde), Gian Maria Volonte (Theophilas), Folco
Lulli
(Pecoro), Barbara Steel (Theodore), Toto (le Juif Habakuk).
Conte burlesco-picaresque censé démystifier l'époque des
croisades
("c'était une tentative de démystifier le Moyen Âge tel qu'on
l'enseignait
alors à l'école en Italie. Nous voulions insister sur la barbarie, la
grossièreté, la misère et l'ignorance qui prévalaient alors"
(entretien)).
Le pauvre et ridicule chevalier Brancaleone usurpe le
titre de
gouverneur de la ville d'Aurocastre. Tout au long du chemin menant à la
cité
maritime il s'adjoint divers pittoresques compagnons dont il prend la
tête,
juché sur un cheval jaune. Après moult aventures ils prennent
possession de
leur fief où ils sont confrontés aux Sarrasins. Vaincus, ils sont
délivrés par
Main-de-Fer le gouverneur en titre et ne doivent d'échapper au bûcher
qu'à
s'engager dans les Croisades.
Le burlesque qui repose
notamment sur le maquillage, le pittoresque de certains visages et les
outrances de ton n'est pas irrésistible. Le picaresque est soutenu par
les
beaux décors médiévaux en extérieur. Tonalité fantastique réussie du
décor et
des costumes du château où la petite troupe tente (en vain) d'obtenir
une
rançon. 5/07/00 Retour titres Sommaire
___________________________________Haut
de page
Robert
MONTGOMERY
liste auteurs
La
Dame du lac (Lady in the Lake) USA
VO N&B 1947 98' ; R. R. Montgomery ; Sc. Steve
Fisher, d'apr. Chandler ; Ph. Paul
Vogel ; M. David Snell,
Maurice Goldman ; Pr. MGM ; Int.
R.
Montgomery (Philip Marlowe), Audrey
Totter (Adrienne Fromsett), Leon Ames (Derace Kingsby), Lloyd Nolan
(DeGarmo),
Tom Tully (capitaine Kane), Jayne Meadows (Mildred Haviland).
Se déclarant rétif aux
formes convenues du genre, le privé Philip Marlowe conte lui-même
son
aventure, dont il dépose le manuscrit chez l'éditeur Kingsby. Il est
engagé à
cette occasion par une peau de vache, l'ambitieuse sous-directrice
Adrienne,
afin de retrouver Crystal, la femme disparue du patron, qu'elle
souhaite voir
divorcer en sa faveur. Censée être au Mexique pour épouser son gigolo
Lavery,
Crystal pourrait se cacher dans le chalet de son mari au bord d'un lac.
Marlowe, qui se méfie d'Adrienne veut laisser tomber, mais il est
engagé par
Kingsby, toujours amoureux de Crystal. On apprend que la femme du
gardien du
chalet s'est noyée dans le lac. La police de Bay City, qui n'aime
pas
qu'on marche sur ses plates-bandes, met à Marlowe des bâtons dans les
roues.
Celui-ci découvre pourtant que la noyée était Crystal, tuée par
une
certaine Mildred Haviland, qui, protégée par le policier DeGarmo, a
aussi abattu
Lavery son amant, se faisant ensuite passer pour Crystal. DeGarmo
compromis
abat la jeune femme mais il est arrêté avant d'avoir pu supprimer
Marlow.
Finalement ce dernier file le parfait amour avec la peau de vache, qui
n'était
pas du tout celle qu'on croyait... Bref, un embrouillamini bien
chandlérien.
L'œuvre est surtout connue pour avoir rompu avec le genre
noir
classique en tournant en caméra subjective. Ce qui importe pourtant
n'est pas à
mon sens une simple question de technique, mais d'un ensemble de
données qui
contribuent toutes à l'ambiance très originale, globalement ironique.
Passant
sur les procédés du film noir, notamment les éclairages nocturnes,
j'aimerais
évoquer le système particulier du leurre. La caméra subjective relève
avant tout
d'une mise en jeu générale du sens. Exemplaire est la situation
initiale à cet
égard : le manuscrit déposé, évalué par la directrice un pet-de-lapin
(200$),
moins que l'enquête (300$), contient toute l'histoire, y compris celle
du
manuscrit même.
La Dame du Lac est donc la mise en scène subjective d'un
récit
censé ne rien valoir, dont l'intérêt réside dans l'enquête qui va
le
dévoiler au prix de renversements qui n'étaient pas censés lui
appartenir... Le
ton ironique doit aussi au fait que l'intrigue commence trois jours
avant Noël,
reléguant les exploits du détective au second plan, comme s'il fallait
que tout
soit résolu avant l'arrivée du Père-Noël. Le générique est imprimé sur
une
série de cartes de Noël empilées, qui ôtées une a une dévoilent sur la
dernière
l'image d'un revolver.
La caméra subjective produit un effet surprenant : à la
fois
énoncé et énonciation, elle confond action et distance ironique. C'est
par un
simple jeu de caméra qu'on est informé de l'intérêt que Marlowe porte à
la secrétaire
de Kingsby, qui de son côté ne se montre pas indifférente. Le ton
cynique
du héros contribue à cette distance. De même que le caractère spirituel
du
dialogue : ayant proposé une "rencontre autour de quelques
glaçons" Adrienne se voit rétorquer qu'elle n'a pas besoin de
glaçons...
C'est donc fort injustement, à l'évidence, que Lady in the
Lake
est relégué au rayon des curiosités techniques. 18/02/15
Retour titres Sommaire
Et
tournent les chevaux de bois
(Ride the Pink Horse) USA
VO N&B 1947 99'
Commentaire
___________________________________Haut
de page
Michael
MOORE
liste auteurs
Roger
et moi (Roger and Me) USA
VO 1990 85' ; R., Sc., Pr., Enquêtes M. Moore.
Documentaire
subversif
d'un chômeur de la General Motors à Flint, sur ses tentatives pour
rencontrer
le dirigeant Roger Smith, lui poser des questions et l'inviter à
visiter la
ville qui périclite depuis le licenciement de trente mille ouvriers.
Après
avoir été maintes fois éconduit, il parvient à lui adresser la parole
par
surprise à l'issue d'un discours lénifiant et paternaliste prononcé à
l'occasion de Noël, lequel est monté en parallèle avec les expulsions
frappant
des chômeurs munis d'un sapin de Noël.
Par cette méthode, qui consiste à faire parler
d'elles-mêmes les
images souvent avec humour, finissent par se dessiner les contours d'un
problème terrifiant par ses multiples ramifications. Le mépris des
joueurs de
polo ou de golf reposant sur l'idéologie du chômeur fainéant et
incapable dans
un pays libre où chacun peut "entreprendre", le repliement sur des
métiers qui permettent de vivoter (éleveur de lapins), ou relèvent de
l'ironie
du sort (dans une prison remplie de chômeurs, gardiens qui ont craqué),
la
pénurie des camions de déménagement suremployés au loin, les millions
dépensés
en pure perte pour réhabiliter la ville, l'optimisme béat des
présentateurs de
la propagande officielle, la bêtise de l'homme de la rue intoxiqué par
le
libéralisme économique, l'hypocrisie des porte-parole patentés de la
direction,
la complicité de vedettes du spectacle originaires de la ville tels Pat
Boone,
l'autojustification morale du shérif adjoint chargé de l'exécution des
expulsions, la parfaite rhétorique du personnel chargé de faire barrage
à
l'enquête.
Bref, éclate l'absurdité d'un monde délétère uniquement
préoccupé des
moyens de sa reproduction. 16/08/01 Retour titres Sommaire
___________________________________Haut
de page
Jonathan MOSTOW
liste auteurs
Point
de rupture
(Breakdown)
USA
couleur 1997 95' ; R. J. Mostow ; Sc. J. Mostow et Sam
Montgomery ; Ph. Doug Milsome ; M. Basil Poledouris ; Int.
Kurt Russel (Jeff Taylor), Kathleen Quinlan (Amy Taylor), J.T. Walsh
(Red
Barr).
Thriller "haletant" tourné avec un confortable budget à
en juger par les moyens mis en œuvre.
Traversant le Nouveau-Mexique en 4X4 pour se refaire une
vie à
l'Ouest, Jeff et Amy sont rançonnés par des pirates de grand chemin.
Jeff
parvient à délivrer sa femme en otage au moment où elle allait
succomber dans
un congélateur. Ils sont sauvagement poursuivis par un gigantesque
semi-remorque qui finit par écraser son propre chauffeur sympa après
avoir été
suspendu à un viaduc sur le vide.
Réminiscences de Psychose, Duel, Délivrance,
Vol
au-dessus d'un nid de coucous et tutti quanti. Comme quoi
l'intertextualité
est souvent symptôme d'indigence. Le public américain aime à se faire
peur en
s'inventant des abîmes au seuil de son monde rassurant. Globalement je
n'ai
rien contre les productions grand-public de qualité, mais rien pour non
plus
(rien de pire que le spectaculaire insipide). 31/08/00 Retour titres Sommaire
___________________________________Haut
de page
Russel
MULCAHY
liste auteurs
Highlander
GB
VF Scope-couleur 1986 115' ; R. R. Mulcahy ; Sc.
Gregory
Widen ; Ph. Gerry Fisher ; M. Queen, Michael Kamen ; Pr.
Peter S. Davis ; Int. Christophe Lambert (McLeod), Sean Connery
(Ramirez), Roxane Hart (Brenda Wyatt), Clancy Brown (Kurgan).
Chef de clan écossais, immortel né au XVIe
siècle,
McLeod est initié par le noble espagnol Ramirez, non moins
immortel, au maniement des armes qui lui permettront de vaincre
d'autres
immortels en les décapitant, seul moyen de tuer, pour conquérir le
titre
suprême. Il s'agit surtout du très méchant Kurgan qu'il croisera
régulièrement
à travers les siècles et qui parvient en combat à raccourcir Ramirez.
Au
vingtième siècle, l'antiquaire McLeod se livre à un duel au sabre dans
un
parking contre un immortel dont la tête va rouler entre les véhicules.
Une
jolie auxiliaire de la police érudite en matière d'armes blanches
anciennes, Roxane,
enquête sur le meurtre du parking. Elle tombe amoureuse de McLeod, qui
lui
dévoile son secret. C'est sous ses yeux que le noble Ecossais vainc
enfin le
terrible Kurgan dans une joute homérique. Un maelström d'électricité
céleste
dévastant tout autour de lui consacre sa victoire.
Divertissement sur la base du fantasme infantile de
toute-puissance et de maîtrise de l'éternité dans un univers
manichéiste. Pour
pittoresque qu'elle soit, l'alternance narrative contrastée entre les
époques
ne saurait rendre digestes tant de couleuvres, sauf à se prendre au
jeu, au
risque de ne plus pouvoir quitter l'âge mental requis (entre deux et
trois ans
selon le cas). Ce qui est contestable n'est pas tant le recours à des
bases
fantasmatiques que le fait de les réduire au sens littéral, prétexte à
des
effets spéciaux lucratifs, au détriment de la véritable puissance
filmique, la
suggestion.
L'intérêt artistique du fantasme(1) est du reste, on ne le
répétera jamais
assez, dans sa vocation à ne se laisser connaître qu'à titre
d'émergence d'un
affect dont la formulation volatiliserait le sens. Le fantasme peut
être une
riche source d'inspiration en tant que réalité psychique certes, mais
toute
instrumentalisation ne saurait que le dénaturer en un banal récit.
23/01/05 Retour
titres Sommaire
___________________________________Haut
de page
Friedrich
Wilhelm MURNAU
liste auteurs
La Marche dans la nuit
(Der Gang in die Nacht) All.
Muet N&B
1921 84'
Commentaire
Le
Château de Vogeloed
(Schloß Vogeloed)
All. Muet N&B 1921 80', restauré en 2002
Commentaire
Nosferatu
le vampire
(Nosferatu, Eine Symphonie des Grauens) All. Muet N&B 1922 90'
Commentaire
Le
Dernier des hommes
(Der Letzte Mann) All.
Muet N&B 1924 95',
version allemande parmi les trois existantes, restaurée, 2002
Commentaire
Faust All.
Muet N&B 1926
116'
Commentaire
L'Aurore (Sunrise)
USA
Muet N&B
1927 95' ; R. F.W. Murnau ; Sc. C. Mayer, d'après Die
Rese nach
Tilsit de H. Sudermann ; Ph. C. Rosher, K. Struss ; Pr.
20th Century
Fox ; Int.
George
O'Brien (Ansass), Janet Gaynor (Indre), Margaret Livingstone (la
femme de la ville), Bodil Rosing (la servante), J. Farrell McDonald (le
photographe), Ralph Sipperly (le barbier).
Ansass, fermier amoureux d'une citadine, tente de noyer
Indre, sa femme, qui s'échappe vers la ville dès qu'ils ont accosté sur
l'autre
rive du lac. Il la rattrape pour se faire pardonner et, réconciliés,
ils
s'adonnent tous deux très amoureux aux plaisirs qu'offre la grande
cité. Mais
au retour une tempête précipite la jeune femme dans le lac où elle
disparaît.
Pendant que, désespéré, le mari va étrangler la maîtresse qui avait
combiné
l'assassinat, l'épouse est retrouvée en vie grâce à la botte de paille
qui
devait d'après le plan servir à sauver Ansass dans un simulacre de
naufrage. Le
couple réuni avec son enfant est dans l'extase. Indre se réveille et
cherche
amoureusement Ansass du regard
comme sortie d'un mauvais rêve.
L'œuvre
surpasse le genre comme tous les grands films : burlesque,
tragédie, poésie... Des images pleines et transparentes s'enchaînent de
façon
aussi nécessaire qu'imprévue. Simplicité et profondeur, à l'image de
l'amour
qui triomphe. Le village tout en décors artificiels évoquant le
conte
introduit une dimension
mythique à hauteur d'ode à l'amour. La ville, loin d'être un lieu de perdition
à
l'inverse du stéréotype, est un révélateur. Par elle, le couple
parvient à
s'approprier pleinement ce qui était au départ attribut factice par
l'adultère.
Le monde urbain apparaît d'abord aux yeux des
protagonistes en
plan fixe à travers le pare-brise du tramway dont le trajet sinueux
tient lieu à
la fois de figure psychologique et de mouvement d'appareil : film dans
le film
exprimant un irréel qui va devenir réel. Les scènes d'ensemble des
lieux de
fête foisonnant sur plusieurs plans en profondeur de champ représentent
une
force lyrique au service de l'épanouissement amoureux. Le plan lyrique
est un
plan large dont le décor vacille ou s'irradie autour du couple.
Des éléments matériels du décor participent de l'univers
intérieur. Ainsi les ondes du lac qui semblent émaner du corps d'Indre
dans un
plan serré figurent la naissance des soupçons avant la tentative de
meurtre. La
levée de la tempête dans la ville offre des images de cauchemar. Le cadrage
fixe-épaules permet
de voir les émotions naître et évoluer simultanément sur le visage et
sur le
corps rythmé par la respiration. Mais dans les plans plus larges, c'est
tout le
corps qui se modèle sur la nécessité émotionnelle du récit.
Bref l'émotion reine, en se moquant des recettes, s'ouvre la
voie de la
création. 28/08/99 Retour
titres Sommaire
City
Girl
(L'Intruse)
USA Muet N&B 1930 88'
Commentaire
__________________________________Haut
de page
Daniel
MYRICK et Eduardo SANCHEZ
liste auteurs
Le
Projet Blair Witch (The
Blair Witch
Project) USA
VF 1999 86' ; R.
D. Myrick et E. Sanchez ; Int. Heather Donahue, Michael C.
Williams,
Joshua Leonard.
Triomphe du réalisme nouveau genre.
On a retrouvé les deux caméras,
l'une couleur l'autre noir et blanc, de trois étudiants disparus à la
suite
d'une expédition en forêt à la recherche de phénomènes relevant de la
sorcellerie.
C'est censé faire illusion. Précaution est prise de
préciser que
c'est la première fois qu'ils manient la caméra, d'où : prises de vues
faussement maladroites. Mouvements filés de l'un à l'autre. Mauvais
cadrages
pour faire vrai. L'intérêt dramatique se fonde sur la montée de
l'angoisse. Des
signes magiques sont déposés autour des tentes puis un paquet contenant
un
morceau de mâchoire encore frais après la disparition du premier
camarade.
Procédés : extérieur nuit sans éclairage avec sons seuls et surtout les
mots de
la terreur. Le mea culpa de la fille en très gros plan de nuit sur
narines
frémissantes éclairées à bout portant par une lampe de poche est lourd.
La fin,
en intérieur-nuit, dans une grande maison abandonnée est très inspirée
de C'est
arrivé près de chez vous (humour en moins) tout se terminant par la
caméra fixe
à terre. Pour la sensation de vécu de l'aventure tragique voyez plutôt
Punishment Park, une
merveille méconnue. 2/05/00 Retour
titres
Sommaire
___________________________________Haut
de page
Mira
NAIR
liste auteurs
Kamasutra
Inde
VO (anglais) couleur 1997 110' ; R. M. Nair ; Sc. Mira
Nair, Helna Kriel ; Ph. Declan Quinn ; Lyda Dean Pilcher ; Int.
Indira
Varma (Maya), Sarita Choudhury
(Tara), Naveen Andrews (Raj Singh), Rekha (Rasa Devi).
Dans
l'Inde du XVIe
siècle,
s'étant épris de la servante de la future reine, le roi la déflore
le jour même de son mariage. Devenue première courtisane à la cour
après des
leçons de Kama Sutra, la servante est surprise avec son grand amour,
qui est
mis à mort. L'amitié de la reine trahie et de la servante renaît de
leur
malheur respectif.
Érotisme de bon aloi mais
assez timide dans une lumière poussiéreuse et colorée, photographie
étudiée de
beaux visages désirants, sensuelles pulsations de la musique
traditionnelle
contrariées par l'usage de l'anglais. Cela sent par trop le point de
vue
occidental. Y manque surtout un principe d'attraction entre les images.
L'impression de rupture entre les séquences parfois nuit à la
crédibilité de la
fiction. Sous un titre qui se veut alléchant, rien d'inoubliable.
25/03/01 Retour titres Sommaire
__________________________________Haut
de
page
Hiroyki
NAKANO
liste auteurs
Samouraï
Fiction
(SF
: Episode one) Jap.
VO N&B et couleur
1998 105' ; R. H. Nakano ; Ph. Yujiro Yajima ; M.
Tomoyasu
Hotei ; Pr. Takaaki Ezaki, Hiroto ; Int. Mitsuru
Fuikikoshi
(Heishiro Inukaï), Tomoyasu Hotei (Kazamatsuri), Morio Kazama (Hanbei
Mizogushi), Tamaki Ogawa (Koharu), Mari Natsuki (Okat su).
Kazamatsuri,
samouraï invincible, 1,90 m sous la toise, a volé un
sabre symbolique offert par le Shogun au clan Nagashima. Le chef du
clan veut
envoyer sa garde secrète aux trousses du voleur, ce qu'il interdit à
Heishiro,
son fils samouraï qui pourtant, animé d'un sentiment aigu de vengeance,
part
dans toute la fougue de sa jeunesse. Deux jeunes samouraïs de ses amis
le
rejoignent, mais ils sont défaits : l'un perd la vie, l'autre est
légèrement
touché et Heishiro grièvement blessé est recueilli par une jeune fille
et son
père adoptif (meurtrier du vrai père, qui a voulu se racheter), vivant
isolés
dans la forêt. Kazamatsuri s'acoquine avec une équipe assez louche
tenant une
maison de jeux, sous les ordres d'une belle femme d'âge mûr. Tout le
monde est
à ses pieds, l'appelle "maître". Il accomplit encore quelques
exploits. Le père de la jeune fille, qui est pacifiste, arrive à
dissuader
Heishiro de le combattre. Mais il s'avère lui-même être un maître des
arts
martiaux. Kazamatsuri le défie, et pour le forcer au combat, enlève sa
fille.
Battu, il se suicide après avoir exprimé son plaisir de l'avoir connu.
Heishiro
épouse la fille. Ils retrouvent le sabre englouti dans la rivière. Tout
rentre
dans l'ordre.
Facture moderniste en noir et blanc, avec des inserts au
filtre
rouge pour la mort au combat, le dernier plan en couleur, des ralentis,
beaucoup d'effets d'angle, la recherche du pittoresque social, des
plans
idylliques (éclairage) de la pure jeune fille cueillant des simples
dans la
forêt, une musique plutôt country-rock, une remise en cause de
certaines
valeurs traditionnelles comme l'autorité du père, par une pincée de
burlesque.
Le personnage de Heishiro est une citation du Samouraï impassible du
film Les 7
Samouraïs (celui qui devient Britt alias Coburn dans Les 7
Mercenaires). Bref,
trop d'effets impropres à faire oublier le caractère conventionnel de
ce film
qui parvient néanmoins à tirer des effets plastiques du ballet
des sabres.
15/08/00
Retour
titres
Sommaire
__________________________________Haut
de page
Tetsuya NAKASHIMA
liste auteurs
Un
été à toute épreuve
(Natsu
iikan no otonatachi) Jap.
VO 1995 75' ; R., Sc. T. Nakashima ; Ph. S.
Atoh
; Int. Yoshitomo Hidaka (Takashi), Ittoku Kishibe (Atsuo),
Noriko Nagi
(Yunko).
Un garçonnet vit les terreurs
de son âge. Sa mère serait-elle une femme-serpent, monstre cannibalique
qu'un
père faible est incapable de pacifier ? Usine de profilage social
auquel
collaborent des petits camarades plus impitoyables encore, l'école
n'arrange
rien. Surtout ce sacré exercice de la pirouette sur barre-fixe
stigmatisant
l'écolier transi : c'est assurément un futur raté s'il n'y parvient.
Inimitable regard d'enfance, mis en perspective par la
science du
cadre : un pont fait la liaison entre les bords latéraux, le champ
n'étant que
la transition du hors champ comme le confirme l'insistance des plans
fixes
après sorties de champ. Le recadrage offre de subtils décalages
ironisant
tendrement le stress enfantin. La mobilité de la caméra en général
répond
toujours à une intention précise.
Hélas, conventionnel et parasitaire, un piano nostalgique
de
renfort annihile cette libre et salutaire remise en cause d'un monde
aveugle à
ce qui fermente dans les futures têtes pensantes. 29/12/01 Retour titres Sommaire
__________________________________Haut
de
page
Vincenzo
NATALI
liste auteurs
Cube
Can.
VO 1997 86'
Commentaire
__________________________________Haut
de
page
Valdas NAVASAITIS
liste auteurs
Kiemas
(La Cour) Fr.-Lit. VO 1999 90' ; R., Sc. V. Navasaitis ; Ph.
Rimvydas Leipus ; Mont. Mingale Murmuraitiene ; Son
Sergej
Siniavaskij ; Déc. Jurij Grigorovie ; Pr. Aljana Kim,
Philippe
Avril, les Films de l'Observatoire ; Int. Donatas Banionis (le vieil
homme),
Albinas Keleris, Tatiana Liutajeva, Richardas Vitkaitis.
Années soixante-dix en
Lituanie. Plusieurs familles cohabitent dans une maison bourgeoise
décrépite,
divisée en appartements et entourée d'une cour-jardin où viennent jouer
des
enfants du voisinage qui, manifestation visuelle et/ou sonore à la fois
récurrente et non fonctionnelle, constituent comme le fil rouge de
l'intrigue.
Les protagonistes semblent n'avoir guère en partage que la morosité et
le
désespoir. On suit plus particulièrement l'itinéraire d'un vieil
alcoolique
vivant avec une épouse qui le persécute et leur fille adolescente.
Celle-ci est
attirée par un voisin quadragénaire marié et un peu haltérophile.
L'alcoolique
noue des relations amicales avec un jeune homme qui semble être le fils
du
voisin et vit au dehors en raison de problèmes conjugaux. Le jeune
offre à
l'homme âgé une somme d'argent pour aller vivre ailleurs un vieux rêve.
Puis il
se suicide. Le vieux ne survivra pas à l'épreuve.
Les choix esthétiques de l'auteur, dont c'est le premier
long
métrage, se ressentent de l'influence de Sharunas Bartas, avec qui il
collabora
pour plusieurs films. Longs plans fixes dans une lumière palpable,
traquant les
plus infimes tressautements de paupières ou s'attardant au suspens de
l'événement possible indéfiniment ajourné, décors vides après sorties
de champ
et bande-son hallucinante de pureté. L'immobilité libère les
micromouvements et
le silence fait tourner au vacarme la rumeur confuse qui s'en détache.
Très elliptique et sachant remarquablement éviter la
redondance de
l'image et du son correspondant, le montage exalte l'événement pour
lui-même.
Le soin technique est à son comble, même si Navasaitis est loin d'avoir
le sens
de la lumière d'un Bartas. Pourtant l'esprit ne souffle guère ici que
pour un
constat de désespérance assez vain. C'est le piège dans lequel tombe le
naturalisme en général : comme l'empreinte du réel sur la pellicule est
dépourvue
de force par elle-même, on croit pouvoir puiser celle-ci dans
l'expression du
sordide ou du malheur. La série des lugubres portraits du deuil
(visages
osseux, émaciés ou livides, traits tendus, cheveux fous et barbe à raie
médiane
du voisin cordonnier, yeux rougis du vieux), s'offre comme une
pittoresque
galerie de portraits-photos.
C'est au fond ce que la mémoire retient du film : une
exposition
de sombres photographies d'art. Même le coït furtif dans la cour
nocturne de la
fille du vieux avec le voisin musclé sous les yeux exorbités de deux
gamins est
un fiasco. Une fois de plus : tenter de capturer le réel en soi
sur la
pellicule est un exploit impossible sur cette terre. Mieux vaut
provoquer la
sensation du réel, laquelle ne s'obtient, paradoxalement, que par les
détours
de la figure : on sait que la poésie surpasse le réalisme, voire que la
farce
est plus forte que le pathos (Beckett : " Rien n'est plus drôle que le
malheur. ") A défaut de poésie, éviter surtout ce monologisme de
l'infortune.
Un bon petit coït bien jouissif avec détournement de mineure
consentante au
cœur du malheur sous les fenêtres du vieux père ne pouvait que fouetter
ce sang
irriguant tout destin, quel qu'il fût. 9/10/03 Retour titres Sommaire
__________________________________Haut
de
page
Jean
NEGULESCO
liste auteurs
La
Femme aux cigarettes
(Roadhouse)
USA VO N&B 1948 100' ; R. J. Negulesco ; Sc.
Edward Chodorov ; Ph. Joseph La Shelle ; M. Cyril
Mockridge ; Pr.
20th Century Fox ; Int. Ida Lupino (Lily Stevens), Cornel Wilde
(Pete
Morgan), Richard Widmark (Jefty Robins), Celeste Holm (Susie).
Lily Sevens est engagée comme chanteuse dans le cabaret
que
dirigent Jefty Robins le propriétaire avec Pete Morgan, dans une petite
ville
du nord-ouest à vingt-deux kilomètres de la frontière canadienne. Pete
souhaite
la renvoyer parce qu'elle revient trop cher et que Jefty a
régulièrement des
lubies féminines qui nuisent au commerce. Mais Lily ne se laisse pas
faire et
fait montre d'un caractère bien trempé. De plus, malgré une voix abîmée
par le
tabac, elle attire la clientèle par son talent.
Véritablement épris, Jefty revient après une absence de
trois
jours muni d'une licence de mariage. Lily et Pete cependant se sont
déclaré
leur amour. Jefty se venge en accusant Pete d'un vol qu'il a monté de
toutes
pièces, et surtout en proposant au juge de prendre son associé sous sa
tutelle
au lieu de la peine de prison qui a été prononcée. Il exerce alors une
odieuse
tyrannie pour faire retomber Pete, passible de dix ans de prison en cas
de
faute. Excédée Lily le tue en légitime défense. Susie, la secrétaire du
cabaret, fournit la preuve de la manigance.
Les acteurs sont discrètement ad hoc : Richard Widmark
(Jefty), le
méchant
(Galerie des Bobines), Cornel
Wilde (Pete)
le bon, l'air franc et honnête conduisant une Jeep vêtu d'un treillis, bien qu'au début les rôles semblent
inverses,
Jefty généreux et accueillant, Pete irascible et intolérant.
Quant à
Ida Lupino ((Lily Stevens), la brave fille qui a bourlingué, elle sait
tirer
avantage de sa faiblesse (sa voix). Celeste Holm (Susie) enfin la femme
délaissée est jolie mais pas trop.
Sans doute les stéréotypes psychologiques (les deux amants
sont
bourrés de dons naturels) et physiques font-ils partie du jeu, et
passent-ils
d'autant mieux qu'ils sont contrebalancés par des gros plans assortis
d'éclairages valorisant habilement l'émotion. La fuite de Susie à la
suite des
amants qui cherchent à gagner la frontière après avoir assommé
Jefty, est filmée
dans une moite forêt vierge envahie de brume nocturne où résonnent les
cris
d'une faune exotique. Les branches des arbres caressent mollement les
visages
tendus en plans serrés. Bruits de pas et d'essoufflement légèrement
superlatifs.
La bande-son s'avère du reste très évoluée : très peu de
musique
auxiliaire : juste dans la scène d'idylle sur le lac, toujours à peine
stéréotypée. Pour le reste, chansons de Lily, et jeu indécidable entre
"fosse" et écran pendant la déclaration d'amour, qui semble commentée
par un air d'opéra extradiégétique alors que le témoin lumineux de la
radio
reste bien visible à l'arrière-plan. Par ailleurs des sons diégétiques
comme la
sirène du train tiennent lieu de stimuli émotionnels. Films noirs
d'entre les
meilleurs à ma connaissance. 29/05/00 Retour
titres Sommaire
___________________________________Haut
de
page
Kurt
NEUMANN
liste auteurs
La
Mouche noire (The
Fly) USA VF
Scope-couleur 1958 94' ; R. K. Neumann ; Sc. James
Clavell,
d'après George Langelaan ; Ph. Karl Struss ; M. Paul
Sawtell ; Pr.
20th Century Fox ; Int. Al Hedison (André Delambre), Patricia
Owens
(Hélène Delambre), Vincent Price (François Delambre), Herbert Marschall
(l'inspecteur).
André Delambre invente la machine
à télé-transférer la matière, mais en l'expérimentant sur lui-même, il
ne prend
pas garde à la présence dans la cabine de dématérialisation, d'une
mouche avec
laquelle il échange sa tête et un membre antérieur dans le transfert.
Sans
espoir de retrouver cet insecte à tête et à patte désormais blanches,
préférant
épargner les conséquences de sa découverte à l'humanité, il détruit
tous ses
documents de recherche et sur sa demande, Hélène, sa femme, lui écrase
la tête
et le bras sous une presse. L'épouse est mise hors de cause par
l'inspecteur
qui, grâce à François Delambre, le frère du savant, a eu la preuve des
circonstances atténuantes : une mouche à tête humaine sur le point
d'être
dévorée par une araignée et criant au secours.
Tourné comme un policier de série B, avec des acteurs BCBG
illustrant l'idéal familial yankee dans des décors aux couleurs
criardes
inspirés de l'imagerie du Rêve américain, ce "chef-d'œuvre du
fantastique" n'a d'autre mérite que quelques fractions de seconde
d'effets
spéciaux. La figure du généreux savant, parfait citoyen et père de
famille, ne
convainc pas davantage. Contrairement à ce qui a été dit, son remake
par
Cronenberg (The Fly USA 1986) est bien plus intéressant, ne serait-ce
que parce
qu'il joue de l'ambiguïté du personnage principal incarné par Jeff
Goldblum qui
a déjà, entre autres et dès le départ, quelque chose du physique de la
mouche.
24/11/02 Retour titres Sommaire
___________________________________Haut
de page
Fred C. NEWMEYER et Sam TAYLOR
liste auteurs
Monte
là-dessus !
(Safety Last !) USA Muet N&B 1923 70' ; R. F.C.
Newmeyer et S. Taylor ; Sc. Hal Roach, Sam Taylor, Tim Whelan,
Jean C.
Havez ; Ph. Walter Lundin ; Mont. Thomas J. Crizer ; Truc. Fred
Guiot,
C.E. Christensen et J.J. Murphy Cart. H.M. Walker ; Pr. Hal Roach
Studios ;
Int.
Harold
Lloyd (Harold), Mildred Davis (Mildred), Bill Strother (Bill), Noah
Young (le flic).
Harold laisse accroire sa
fiancée venue le rejoindre à Los Angeles qu'il dirige le grand magasin
qui
l'emploie. Le vrai directeur propose une prime de mille dollars à qui
trouvera
un moyen de faire affluer le public. Se rappelant que son copain
Bill
s'est montré excellent escaladeur pour échapper à un flic, Harold, trop
fauché
pour épouser sa belle, propose pour y remédier une grande attraction
consistant à faire Bill escalader par l'extérieur les douze étages
de
l'établissement. Mais le jour J, ledit flic ayant flairé la
véritable
identité de l'acrobate surveille les lieux. Bill prie Harold de grimper
jusqu'au premier où il le relaiera moyennant l'échange des vêtements et
des
personnes par la fenêtre. Mais, toujours pourchassé par le flic, il
doit
rajouter à chaque fois un étage supplémentaire. Finalement, retrouvant
sur le
toit sa chérie admirative, c'est Harold qui accomplit l'exploit
au prix
de maladresses d'un comique décuplé par le danger.
Avec
son physique de bureaucrate,
Harold Lloyd introduit la fantaisie hilarante dans la trivialité
quotidienne,
crédibilisée par la vie urbaine en décors réels. Mais il lui fait subir
des
distorsions qui sont comme des pieds de nez à la platitude des
trottoirs, sans
avoir l'air d'y toucher, innocenté par le physique patibulaire de son
copain
Bill. Lequel a le flic aux fesses par la faute d'Harold. Distorsions
proprement
filmiques
comme à la gare ces adieux déguisés en
exécution capitale par le
détournement d'objet au moyen du
cadrage,
de l'angle et de la focale. Ou les plongées vertigineuses confisquant avec
le plancher
des vaches nos assises cognitives. C'est ce sur quoi repose l'autre
forme de
distorsion, celle des gags burlesques, où la transgression des lois
physiques
rejoint celle de la civilité. C'est à cause d'une erreur de perception,
prenant le flic pour un copain d'enfance portant le même uniforme,
que par
jeu, à quatre pattes derrière lui, Harold incite Bill à pousser le
représentant de la loi, qui bascule cul par-dessus tête. Un
autre
trouble cognitif, provoqué à dessein celui-là, les deux locataires
suspendus
aux patères tels des manteaux va, provisoirement,
déréaliser l'échéance du loyer.
Le film étant d'excellente facture quant à l'économie
filmique on
peut se demander pourquoi ça reste au-dessous d'un Keaton ou d'un
Chaplin. Deux
raisons possibles : d'abord y manque la profondeur tragique qui est
comme le
retour du refoulé de l'enfance, sur laquelle se fonde le grand
burlesque.
Tragique de la coupure absolue avec la vie amniotique chez Chaplin qui,
dans Les
Lumières de la
ville,
reprend le
gag du monte-charge, mais comme figure de catastrophe ontogénétique. On retrouve chez
Keaton dans
Le Cameraman le
gag du tram bourré mais sous la forme d'un
bus plein à
craquer évoquant le ventre maternel de la théorie sexuelle infantile
d'où est
expulsé un "locataire". Ensuite l'artifice filmique même y travaille
le motif latent de l'enfance perdue. Par ex. chez Chaplin, le cadrage
suggère
une présence maternelle culminant dans les hauteurs du hors-champ.
11/04/18 Retour
titres Sommaire
Vive le sport !
(The Freshman)
USA Muet N&B 1925 76'
Commentaire
___________________________________Haut
de page
Fred
NIBLO
liste auteurs
Le
Signe de Zorro
(The Mark of Zorro) USA
Muet N&B 1920
107' ; R. F. Niblo ; Sc. Elton Thomas (Douglas
Fairbanks),
d'après le roman de Johnston McCulley ; Ph. William McGann et
Harry
Thorpe ; Mont. William Nolan ; M. Mortimer Wilson ; P. Douglas
Fairbanks
Pictures Corporation ; Int. Douglas Fairbanks (Don Diego de la
Vega/Zorro), Marguerite de la Motte (Lolita Pulido), Charles Hill
Mailes (Don
Carlos Pulido), Claire McDowell (Doña
Catalina Pulido), Noah Beery (Sergent
Gonzales), Robert McKim (Capitaine Juan Ramon), Georges Periolat
(Gouverneur
Alvarado).
Vers 1820, le grand justicier masqué
Zorro défend faibles et opprimés du régime colonial de la Californie
espagnole
sous la férule de l'impitoyable gouverneur Alvarado. Lequel se met en
route
pour pacifier le sud où Zorro défie les forces armées, notamment en
zébrant
d'un Z les fesses du sergent Gonzalez. Sous le masque se cache Don
Diego de la
Vega, riche fils de famille réputé oisif et pusillanime. Un mariage est
arrangé
avec Lolita Pulido pour redorer le blason de la famille, ruinée par
Alvarado.
Mortifiée par l'insignifiance de l'époux qu'on lui
destinait,
Lolita s'éprend de Zorro venu la consoler après l'entrevue lamentable
avec Don
Diego. Elle le presse de partir pour échapper au capitaine Ramon, qui
justement
surgit sous leurs yeux à la tête d'une brigade montée. Ce dernier ayant
voulu abuser de la jeune femme, Zorro plus tard l'humiliera en le
forçant
à lui demander pardon à genoux après l'avoir marqué au cou de son signe
à la
pointe de l'épée. Pour se venger Ramon dénonce comme traître au
gouverneur
arrivé entre-temps le père de Lolita, qui a de plus osé interrompre la
fustigation d'un prêtre injustement condamné à cette peine par la
justice. Les
trois Pulido sont jetés en prison mais délivrés avant l'aube par Zorro à la tête des gentilhommes ralliés
à sa
cause. Ramon avait cependant eu vent de
l'opération, au cours de laquelle il parvient à enlever
Lolita. Zorro la
lui reprend mais, bientôt rejoint par le gouverneur, le capitaine à la
tête de
sa troupe envahit la maison de Don Diego près de laquelle le couple a
été vu.
Le rejeton des Don Diego insulté révèle sa double identité
en frappant
violemment Ramon avant de dévoiler la marque au cou et de lui en faire
une
autre au front. Le sergent Gonzales-même prend parti pour le justicier.
Le
gouverneur est forcé à démissionner. La justice et l'amour du même
coup
triomphent.
Immense succès commercial inaugurant le genre du film de cape
et d'épée et ouvrant la carrière cinématographique de Zorro en le
dotant
visuellement de toute la panoplie qu'on lui connaît aujourd'hui. À quoi
attribuer ce succès ? Le film en tant que film est tout à fait
médiocre. Tout
en plans fixes sans tirer nul atout de cette contrainte structurelle,
affligé
de la gesticulation outrancière inspirée de la pantomime et propre au
plan
large du
muet le plus primitif, même si elle s'accorde au
burlesque de poulailler des
figurants.
Heureusement l'actrice Marguerite de la Motte fait contrepoids par sa sobriété. Mais tout repose en
fait sur les épaules de Fairbanks, non seulement par sa distanciation
d'acteur,
mais de ce qu'il a pu habilement plier le roman à l'économie filmique
et
distiller l'humour autant qu'un lyrisme délicieusement ironique à
travers
quelques répliques telle celle-ci (qui n'est pas du roman mais bien de
Fairbanks) : "Si c'était possible [...] je ferais pousser dans le
désert
un million de roses qui mourront de honte devant votre beauté". Au
point
que certaines scènes sont gagnées par la même grâce. Celle par exemple
inspirée
par la flagornerie du père de Lolita envers le beau parti, qui lui fait
tenter
en vain de rattraper le chapeau lâché par Don Diego, dont la chute est
retenue
in extremis par une jugulaire anormalement longue.
Surtout, ce sont les athlétiques talents d'acrobate de
Fairbanks
qui, plus que le rythme des duels, des chevauchées et des
courses-poursuites
s'intensifiant comme il se doit à la fin, donnent des ailes au récit.
28/10/20 Retour titres
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Arènes sanglantes (Blood and Sand) USA Muet N&B 1922
59'
Commentaire
La Belle ténébreuse (The Mysterious Lady) USA Muet N&B 1928 90' ; R. F. Niblo
; Sc.
Bess Meredyth, d'après le roman de Ludwig Wolff ; Ph. William
Daniels ; M.
Carl Davis ; Int. Greta Garbo (Tania), Conrad Nagel (Karl von
Raden),
Gustav von Seyffertitz (le général).
Le
capitaine Karl von Raden
se trouve par extraordinaire raccompagner une mystérieuse beauté chez
elle
après avoir assisté à un opéra dans sa loge. L'idylle est inévitable,
mais le
jeune amoureux apprend le lendemain de la bouche de son oncle, le chef
de la
police, qu'il a eu affaire à la dangereuse espionne russe Tania
Fedorovna,.
Chargé de porter par fer des plans secrets à Berlin, il se trouve occuper la
cabine voisine de celle de l'espionne, qui reconnaît avoir
manigancé la
veille afin qu'il soit placé dans sa loge, sans se douter qu'elle
serait le
jouet de l'amour. L'officier en mission la congédie froidement et
s'endort pour
la nuit. Le lendemain matin il constate la disparition du document
secret. Sur
décision de la cour martiale, il est dégradé et jeté en prison.
Son oncle pourtant le croit innocent et cherche à
démasquer le
traître du ministère de la guerre qui a informé Tania. Il fait évader
son neveu
avec mission d'aller espionner sous l'identité d'un musicien les
services
secrets russes de Varsovie. L'espion-musicien y retrouve sa belle
traîtresse
dans les bras du chef d'état-major, qu'elle fait en réalité mariner
depuis deux
ans. Mais pour lui prouver son amour, tout en reconnaissant
s'être
vengée, elle livre à Karl le nom du traître avec des preuves écrites.
Arrêté
dans sa fuite, Karl doit être conduit au général. Que Tania supprime avant de prendre la fuite sous la neige avec son
amant et
futur époux.
Surpassant la
vraisemblance du contexte, d'émouvants jeux de lumière exaltent le
visage de la
Divine. Tous les moyens sont mis en œuvre pour l'accomplissement du
chef-d'œuvre : décors, figurants à foison, surimpressions, montage
rigoureux,
plans-séquence pour jouer en temps réel sur la nécessité de gagner de
vitesse
l'ennemi.
Malheureusement des naïvetés impardonnables sapent la belle
ouvrage.
La volonté de mêler les genres se heurte au manque de souffle. Les
traits burlesques
appartenant
au peuple restent isolés et le lyrisme dans des décors de pacotille
n'est guère
relevé par un registre onirique. Surtout, le jeu de certains acteurs
est digne
du mélodrame des origines (voir ici-même, Romeo et Juliette d'Ugo Falena,
1912). Au risque de la crampe, le
sourcil obstinément froncé
du général toujours à l'arrière-plan ou recevant des
confidences
d'officiers louchant d'un air conspirateur sur les
amants, feraient crever de rire un enfant de trois ans. Garbo même ne
jette pas
tout l'éclat dont elle est capable ! 5/11/03
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_________________________ Haut
de page
Jonathan NOSSITER
liste auteurs
Sunday
USA
VO 1996 90' ; R. J. Nossiter ; Sc. James Lasdun et
J. Nossiter ; Ph. Michael Barrow et John Foster ; Pr.
J.
Nossiter, Alex Madigan ; Int. David Suchet (Oliver) et Lisa
Harrow
(Madeleine).
Dans le Queens, quartier de New
York d'aspect transitoire avec ses gares de triage, son métro aérien,
ses
entrepôts, la disparate d'un habitat mêlant des vestiges villageois à
des
immeubles de rapport branlants, l'actrice Madeleine croit reconnaître
dans le
SDF Oliver, cadre informatique disgracieux à la vie antérieure
anéantie, un
grand metteur en scène rencontré naguère. Cet homme démuni jouant le
jeu, il
s'ensuit, l'espace du week-end, une aventure amoureuse troublée par un
mari
jaloux bien que séparé. Parallèlement à l'idylle aussi ludique que
touchante,
Madeleine n'étant probablement pas dupe, se déroule la vie quotidienne
des
compagnons d'infortune avec qui Oliver partage un foyer de
charité.
L'interaction entre le lieu physique, le contexte social,
et cette
tragi-comédie amoureuse installe une ironie tendre et
amère donnant une
coloration originale au drame. L'un des "homeless guys", un asiatique
vieillissant, gagne sa vie en trimbalant une sono munie d'accumulateurs
dans
l'enceinte du métro pour y chanter en chinois des opéras européens
devant de
fugaces voyageurs. Un autre s'acharne aux serrures d'un immense coffre
vide
dans un dépotoir, etc.
Une musique instrumentale apparentée aux complaintes
d'exil
accompagne ce réalisme poétique intercalé, servi par un léger excès de
proximité ou d'éloignement de la caméra. Le caractère de no man's land
du
Queens est souligné par le cadrage ménageant l'arrière-plan arrogant
des
gratte-ciel d'affaires. On se trouve dans des coulisses urbaines qui
sont le
vrai monde et précipitent à son tour l'ancien dans les marges, image
lucide du
basculement historique d'ores et déjà amorcé. Ayant goûté aux délices
d'une idylle
imméritée à la faveur de jeux de masques exacerbant l'émotion, Oliver
se
retrouve seul, victime de l'illusion d'un système en sursis, mais,
curieusement, du bon côté et l'espoir naît de cet univers ouvert où
tout paraît
possible.
Un premier film qui confirme que le cinéma dominant peut
être
dominé, il suffit d'un SDF céleste de la caméra. 12/05/02
Retour titres Sommaire
_________________________Haut
de page
Oleg
NOVKOVIC
liste auteurs
Why
Have you Left me ?
Yougo.
VO 1993 90' ; R. O. Novkovic ; Sc. O. Novkovic, S.
Koljevic ; Ph. M. Colakovic ; M. Z. Simjanovic ; Int.
Zarko Lauševic (Peda), Milica Milhajlovic (Vera), Ljubiša Samardzic
(Rade),
Dragan Jovanovic (Marko), Katarina Gojkovic (Ivana), Vladans Dujovic
(Ljuba),
Rahela Ferari (Baba).
Trop belle histoire, pour cette réalisation schématique.
Peda
menait une vie insouciante
entre sa petite amie Ivana et ses copains jusqu'à ce qu'il soit
mobilisé avec
son meilleur ami Rade. Pendant une violente offensive Rade est touché,
et ils
se réfugient avec Ljuba, autre ami soldat, dans une maison en ruine en
présence
d'une famille dont la jeune fille, Vera vient d'être violée. Rade meurt
dans
les bras de son ami devant Vera qui écoute la cassette de la chanson
"Why
have you left me ?" Un peu plus tard les cadavres de la famille
descendent
le Danube sous ses yeux. Démobilisé, Peda ne peut oublier, et ses
relations
avec Ivana et son frère Marko se dégradent. Sur le point d'aller
réveillonner à
Paris avec Ivana, il rencontre par hasard Vera indemne, réfugiée chez
un oncle
et vivant de rapines de fleurs au cimetière. Elle refuse son aide.
Finalement,
ils se déclarent leur amour la nuit de la Saint-Sylvestre et, embarqués
sur une
voiture à cheval dont le cocher n'est autre que le fantôme de Ljuba,
suicidé
entre-temps, ils s'éloignent le long de la grève.
Le traumatisme de la guerre se ressent indirectement à la
façon
sommaire dont l'horreur est représentée. C'est d'ailleurs peut être une
constante du jeune cinéma yougoslave de ces périodes troubles que de
refuser le
tragique dans sa nudité. Davantage, c'est tout le contexte même de vie
qui est
censuré. La chanson éponyme revenant en leitmotiv d'écran, déréalise
d'autant
plus l'univers diégétique, que tout est vide et silencieux autour des
figures nécessaires
à l'intelligence du film. Enfin, l'ultime tentative de poétisation
dévoie le
propos au lieu de l'enrichir. Subsiste, malgré tout, cette idée forte
que la
traversée de l'enfer peut conduire dans le meilleur des cas à des
exigences de
vie plus authentiquement humaine. L'espérance et l'humour, telles sont
les
caractéristiques de ce cinéma, qui font salutairement écran au
témoignage
réaliste. 30/08/01
Retour titres
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_________________________Haut
de page
Manoel
DE OLIVEIRA
liste auteurs
Le
Val Abraham
(Vale
Abraão) Port. VO 1992 181'
Commentaire
La
Lettre
Fr.-Esp.-Port.
1999 105'
; R., Sc., dial. M. De Oliveira, d'après La
Princesse de
Clèves de Mme de La Fayette ; Ph. Emmanuel Machuel ; Mont.
Valérie Loiseleux ; Son Jean-Paul Mugel ; Mix.
Jean-François
Auger ; Pr. Paulo Branco ; Int. Clara Mastroianni (Mme
de
Clèves), Pedro Abrunhosa (Pedro Abrunhosa), Antoine Chapey (M. de
Clèves),
Leonor Silveira (la religieuse), Françoise Fabian (Mme de Chartres),
Anny
Romand (Mme Da Silva), Stanislas Merhar (M. de Guise), Maria Joáo Pires
(Maria
Joáo Pires).
Décalque du roman du XVIIe
siècle à l'exception du chanteur Pedro
Abrunhosa, substitué au duc de Nemours. En bref l'amour impossible
entre une
grande aristocrate mariée et une célébrité du spectacle. Mme de Clèves
continue
de se refuser après la disparition de son mari mort de consomption à la
suite
de la confidence fatale.
En dépit d'une réalisation d'exemplaire sobriété, où
notamment le
plan fixe tente avec audace de capturer le tragique amer d'une
inflexible
contradiction entre l'individu et son milieu social, l'intrigue ne
passe plus
parce qu'inappropriée à l'époque contemporaine où elle prétend
s'inscrire. Loin
de transformer les données d'époque, les éléments modernes : concert
d'Abrunhosa,
scène de mendicité au Luxembourg, mission en Afrique de Mme de Clèves,
y
semblent forcés ou surajoutés. On soupçonne du reste, dans la rigueur
et la
sobriété classiques de l'image, la tentation mimétique relativement à
l'œuvre
originale.
Cette dispersion des effets se confirme dans
l'identification du
film à la scène : concert au générique, puis apparition de Abrunhosa
dans sa
loge qui reste vide en plan fixe lorsqu'il la quitte pour la scène. Le
plan
fixe convient sans doute lorsque le texte est prépondérant et qu'un
visage
cadré en souligne les effets, mais il devient fastidieux s'il impose la
continuité in extenso d'un concert destiné aux personnages, surtout
donné par
Maria Joáo Pires dans un salon aristocratique comme cerise sur le
gâteau du spectateur.
L'authenticité n'apparaît guère que dans cette curieuse propriété des
traits du
visage de Chiara Mastroianni de passer de la beauté à la laideur sans
que l'on
sache bien si ce n'est pas l'inverse ni s'il y a vraiment démarcation
entre les
deux.
Ce n'est pas la première fois que des éléments
extrinsèques au
cinéma viennent adultérer le talent filmique de cet auteur de premier
ordre.
27/12/01 Retour
titres Sommaire
_________________________Haut
de page
Ermanno OLMI
liste auteurs
L'Arbre
aux sabots
(L'albero
degli zoccoli) It. VO 1978 190'
Commentaire
_________________________Haut
de page
Darejan OMIRBAEV
liste auteurs
Kardiogramma
Kazhakstan
VO 1996 75' ; R., Sc. D. Omirbaev ; Ph.
Boris Troschev ; Int. Zhasulan Asauov (Zhasulan), Saule
Toktybaeva
(Saule), Guinara Dosmatova (Gula), Ilias Kalimbetov (Ilias), Altynaï
Tatybekova
(Altynaï).
Perdu dans une ferme isolée du
Kazhakstan (près de Bazarbaï), Zhasulan, dix ans, gaspille le fuel du
groupe
électrogène pour rêver sur des images de femmes à la télé. À travers
une plaine
immense, il se rend par bus à Alma-Ata dans une maison de soins
d'altitude pour
son cœur, mené par sa mère qui l'y laisse pour un mois. Solitaire au
milieu
d'enfants russophones, il doit affronter la cruauté des autres. Mais
grâce à
son compagnon de chambre Ilyas, qui sait un peu de kazhak, il en
apprend
suffisamment pour tirer parti de son handicap linguistique. Il protège
un
enfant exclu et fantasme sur l'infirmière, l'épiant par un trou à la
douche. Mais
celle-ci a jeté son dévolu sur le médecin. Le petit Kazhak ne
s'intéresse pas à
la mignonne dievotchka Altynaï qui pourtant assez solitaire semble
faite pour
lui. Après le deuxième échec d'un combat singulier avec un "caïd" qui
persécutait son protégé, il s'évade, caché dans la fourgonnette des
films de
location.
Des lectures de poèmes, la chute d'un miroir qui ne se
brise pas,
un portrait de garçonnet ressemblant au héros sur une page de
calendrier, un
album feuilleté comportant des photos de guerre, une porte s'ouvrant
d'elle-même en grinçant, des couloirs à sol réfléchissant conduisant à
des
douches, des escaliers interminables, un rêve où il appelle "mama !",
de longs plans fixes, et même une citation de Dante reprise du Miroir,
indiquent
une fascination non surmontée pour Tarkovski. D'autant que le parti
pris
naturaliste exclut toute véritable poésie. Ainsi les panoramiques
restent-ils
platement informatifs. Pourquoi gaspiller un panoramique, mouvement
d'appareil
plein de ressources (voir glossaire) ? Naturalisme
excessif comme tout naturalisme inévitablement frustré de devoir courir
après
une réalité insaisissable : toutes les portes grincent.
Cependant l'enfance est finement observée. Un certain
regard
distancié de la caméra, notamment sur le médecin, se rapproche d'un
point de
vue extrinsèque au monde adulte. Par exemple, le médecin qui suit
l'infirmière
sur les marches se retourne avec suspicion sur Zhasulan de l'autre côté
de la
vitre rhomboïdale redoublant le mouvement oblique de l'escalier comme
un verre
faussement déformant, placé à distance. La vision ironique s'étend au
modernisme prétentieux de la station, vanté par le discours tendancieux
de la
télé officielle. De l'étude d'enfance surtout, retenons le jeu des
regards qui
s'aimantent et s'esquivent à la fois.
La situation psychologique d'attachement excessif à la
mère se
reportant sur d'autres femmes adultes tient la route. Le symbolisme de
l'investissement scopique (érotique) opposé à l'ouïe, enrichit cette
thématique
: le médecin "victorieux" remplace ses grosses lunettes par des
lentilles, et l'infirmière se bouche les oreilles lorsque saute le
bouchon de
champagne.
Délivrés de toute musique de renfort, les bruitages hors
champ et
les sons mixés (dans le bus, rumeur du moteur, musique traditionnelle,
cris de
bébés, etc.) forment l'élément le moins étranger peut-être à la poésie.
14/04/01
Retour
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_________________________Haut
de page
Max
OPHULS
liste auteurs
Lettre
d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman) USA VO N&B
1948 85'
Commentaire
La Ronde Fr. N&B 1950 97' ; R. M. Ophuls ; Sc.
Jacques Natanson,
M. Ophuls, d'après Arthur Schnitzler, Der Reigen ; Ph.
Christian Matras
; Déc. Jean d'Eaubonne ; M. Oscar Strauss ; Pr.
Sacha
Gordine ; Int. Anton Walbrook (le meneur de jeu), Simone Signoret
(Léocadie, la
prostituée), Serge Reggiani (Franz, le soldat (Galerie des Bobines)), Simone Simon
(Marie, la
femme de chambre (Galerie
des Bobines)),
Daniel Gélin
(Alfred, le puceau), Danielle Darrieux (Emma Breitkopf, la femme
mariée),
Fernand Gravey (Charles Breitkopf, le mari), Odette Joyeux (Anna, la
grisette),
Jean-Louis Barrault (Robert Kühlenkampf, le poète), Isa Miranda
(Charlotte, la
comédienne), Gérard Philippe (le comte).
Conduite par un meneur de jeux, tantôt bonimenteur à l'adresse
du spectateur, chantonnant la ritournelle censée égayer le récit,
tantôt
machiniste d'un manège métaphorique, tantôt personnage secondaire
interpellant
les acteurs, il s'agit de la ronde des couples, qui, dans la Vienne de
1900, se
font et défont au gré de la loi du plaisir. Une prostituée (Simone
Signoret, Galerie
des Bobines)
se donne gratis sous
un pont à un soldat qui séduit ensuite une femme de chambre au bal,
laquelle
dépucelle, en sa nouvelle place, le fils de famille qui louera en
secret un
appartement pour y recevoir une femme mariée. Le mari de celle-ci,
après lui
avoir bien recommandé de ne pas fréquenter les femmes adultères, attire
une
jeune fille dans un cabinet particulier puis l'installe dans un petit
nid de
location où elle invite un poète qui écrit des pièces et couche avec
son
interprète principale, elle-même attirée par un jeune comte-officier
avec
lequel elle fait l'amour matinalement mais qui lui pose le soir un
lapin pour
passer la nuit avec la prostituée du début. À la fin le premier et le
dernier
militaire se croisant se saluent.
Tout cela aussi empesé que la musique signalétique et les
décors
de conte viennois, d'autant plus superlatifs et prétentieux qu'on nous
les fait
visiter, chaque action interminablement accompagnée par la caméra,
chaque
parole intégralement déclamée sur un ton ampoulé. À l'évidence le
réalisateur
veut convaincre le spectateur de l'excellence de sa démarche, ce qui ne
peut
qu'avoir l'effet contraire ! Ou pire, il les prend pour des veaux. La
fantaisie
n'y manque certes pas. On peut apprécier les lits jumeaux aux
décorations
funèbres du couple marié ou encore le meneur de jeu taillant aux
ciseaux dans
la pellicule pour censurer la scène d'amour matinal.
Ça n'explique pourtant pas l'admiration que tant de
spécialistes
vouent à une œuvre aussi creuse. "Merveilleusement servi par des
techniciens et des comédiens exceptionnels, Ophuls signe un
chef-d'œuvre grave
et léger, poétique et tendre, éternel", s'extasie le Petit Larousse des films. Il y a là un grand mystère. 8/09/02 Retour
titres Sommaire
_______________________________Haut
de page
Nagisa
OSHIMA
liste auteurs
Furyo
(Merry Chrismas Mr Lawrence) G.B.-Jap. VO Dolby 1982 122' ; R.
N. Oshima ; Sc. N. Oshima, Paul Mayersberg, d'après Van der
Post ; Ph.
Toichiro Nurushima ; M. Ryuichi Sakamoto ; Pr. Jeremy
Thomas ; Int.
David Bowie (Jack Celliers), Tom Conti (John Lawrence) ; Ryuichi
Sakamoto
(Yonoi) ; Jack Thompson (Hicksley), Johnny Okura (Kanemoto).
1942 à l'île de Java, dans
un camp japonais de prisonniers de guerre anglais où règne la cruauté,
le
capitaine Yonoi commandant le camp est fasciné par un prisonnier
flegmatique,
insolent et courageux, Jack Celliers qui, sous les traits fins et
énergiques de
Bowie, bénéficie d'un régime de faveur pour guérir de mauvais
traitements subis
en prison. Un jour, Cellier protège de son corps Hicksley, le
commandant
anglais que Yonoi menace de mort s'il ne collabore pas, puis étreint le
capitaine japonais qui s'évanouit. L'officier remplaçant condamne
Cellier au
supplice de mort lente par enfouissement jusqu'au cou. Yonoi le salue
(où
plutôt sa tête) d'un respectueux geste militaire après lui avoir
prélevé une
mèche de cheveux. Tom Conti, un colonel qui parle parfaitement le
japonais et
tente de concilier les contradictions des deux cultures, en
réchappera.
Les deux superbes acteurs principaux, Bowie et Sakamoto,
qui
concrétisent le thème latent de l'homosexualité, prédominent au
détriment du
projet d'ensemble. Sonorisation musicale superbe par sa dimension
japonaise non
folklorique, tant qu'elle participe au montage - la musique
surplombante au
cinéma ne pouvant jamais être que parasitaire. Effets d'images :
celles de
nuit où tout est bleu, celles de jour choisies pour la sobriété des
tons et une
composition stylisée. Une séquence d'art martial au sabre dans une
vaste salle
d'entraînement met en valeur un rythme et un mouvement qu'on
souhaiterait
étendus à l'ensemble.
Hélas ! un long flash-back de la jeunesse de Celliers
s'étale avec
complaisance dans un décor british abondamment fleuri pour la
nostalgie. Final
assez hollywoodien sur un bon mot figurant dans le titre original
"Merry
Christmas" que prononce en dérision un Japonais. Les ruptures de ton
faussent tout. En définitive, bien que le mixte thématique de la
cruauté, de
l'homosexualité et du choc des cultures soit bienvenu, Oshima pèche à
vouloir
jouer de plusieurs registres esthétiques à la fois. 18/02/01 Retour titres Sommaire
_______________________________________Haut
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François
OZON
liste auteurs
Sitcom
Fr.
1997 80' ; R., Sc. F. Ozon ; Ph. Yorick Le Saux
; Pr.
Olivier Delbosc et Marc Missonnier ; M. Mahler, Beethoven,
Chopin,
Mozart, Roussel, Dvorak, etc. ; Int. François Marthouret (le
père),
Evelyne Dandry (la mère), Marina De Van (Sophie), Adrien De Van
(Nicolas),
Louise Sanchez (Maria), Jules-Emmanuel Eyoum Deido (Abddu), Jean
Douchet (le
psy).
Du moment où le chef de famille a
rapporté un rat blanc familier, une respectable famille bourgeoise
vivant dans
une maison pleine de couleurs pimpantes et de chants d'oiseaux, connaît
tous
les malheurs. Nicolas, le fils, s'avoue homosexuel, Sophie, la fille,
qui reste
hémiplégique après s'être défenestrée, se réfugie avec son copain dans
la
pratique intense des fantaisies sexuelles, la bonne prend des libertés,
son
mari, un Africain, couche avec le fils, la mère débauche Nicolas...
Mais, nourri d'un arsenal d'adages surannés, le père reste
immuable et refuse la thérapie familiale, qui révèlera que le rat est
responsable des désordres. Seul à la maison, il rêve qu'il abat toute
la
famille réunie pour son anniversaire. Au réveil le verdict de la
thérapie lui
est transmis par téléphone. Il mange le petit animal passé vivant au
micro-onde.
À son retour, la mère est attaquée par le père métamorphosé en rat
géant. On
vole à sa rescousse et le monstre est poignardé par Sophie qui a rampé
jusque
là munie d'un couteau de boucher. Après l'enterrement, un rat blanc
trottine
sur la tombe du père. Bon débarras !
Fade parodie de sitcom qui s'arrête au seuil de la
caricature
voire affiche des prétentions symphoniques "de fosse" tout en
louchant pas mal du côté de Buñuel, un peu Pasolini, sans pouvoir se
décider
entre réalisme, surréalisme et fantastique. 15/02/02 Retour titres Sommaire
Gouttes
d'eau sur pierre brûlante
1999
85' ; R.,
Sc. F. Ozon, d'après la pièce de R.W. Fassbinder ; Ph. Jeanne
Lapoirie ;
Déc. Arnaud de Moléron ; Pr. Alain Sarde ; Int. Bernard
Girodeau
(Léopold), Malik Zidi (Franz), Ludivine Sagnier (Anna), Ann Thompson
(Vera).
Le jeune
rouquin Franz quitte sa fiancée Anne pour vivre avec le quinquagénaire
Léopold
qui se montre bientôt odieux. Il renoue avec Anne en l'absence du
tyran, lequel
revenant à l'improviste prétend organiser une partie carrée avec son
ancienne
amie, un transsexuel opéré(e) survenu(e) entre-temps. Franz se suicide,
ce qui
laisse Léopold indifférent, tout occupé qu'il est à organiser
l'esclavage de la
consentante fiancée.
Confinant à l'absurde, le cynisme étudié du dialogue
participe
d'un microcosme que structure le rapport de domination. Dans une double
fenêtre
ouvrant sur l'extérieur s'encadrent symboliquement les deux
protagonistes de ce
jeu de mort. Seule à la fin compatit la femme abandonnée qui tente en
vain
d'ouvrir une de ces fenêtres de prison.
L'effet global reste moyennement convaincant. Le mordant
de
Fassbinder qui l'inspira sans doute ne semble pas avoir survécu à
l'opération.
02/04/02 Retour titres Sommaire
Sous
le sable
Fr.
2000 90'
Commentaire
Huit
femmes
Fr.
2002 106' ; R., Sc., Dial., adapt. F. Ozon,
d'après la pièce de Robert Thomas ; Ph. Jeanne Lapoirie ; Son
Pierre Gamet, Benoît Hillebrant, Jean-Pierre Laforce ; Mont.
Laurence
Bawedin ; Cost. Pascaline Chavanne ; Déc. Arnaud de
Moleron ; M.
Krishna Lévy ; Pr. Olivier Delbosc et Marc Missonnier ; Int.
Catherine Deneuve (Gaby, l'épouse de la victime (Galerie des Bobines)), Isabelle
Huppert
(Augustine, sa sœur : Galerie
des Bobines),
Emmanuelle Béart
(Louise, la nouvelle bonne), Fanny Ardant (Pierrette, la sœur de la
victime : Galerie
des Bobines),
Virginie Ledoyen
(Suzon, la fille aînée), Danielle Darrieux (la mamie), Ludivine Sagnier
(Catherine, la fille cadette), Firmine Richard (Chanel, la
gouvernante).
Dans une imposante demeure de style néogothique isolée sous la
neige à la veille de Noël, le maître de maison est retrouvé poignardé
dans son
lit. Le coupable ne peut se trouver que parmi les sept femmes de la
maison,
auxquelles vient se joindre la sœur de la victime qui était exclue mais
avait
ses entrées. Toutes mentent pour des raisons touchant toujours à
l'argent ou au
sexe sous ses deux formes dominantes. Peu à peu se dévoilent, via de
beaux
crêpages de chignons, tous les petits tas de secrets habituels aux
familles :
Suzon la fille aînée est enceinte de son père.
Mais elle apprend qu'il n'était pas son père et que sa
mère
s'apprêtait à partir avec un amant. Louise, la bonne, était une
maîtresse du défunt
engagée pour vivre à demeure. Augustine, vierge quadragénaire, était
amoureuse
de son beau-frère et guettait ses ébats nocturnes avec Louise.
Pierrette
soutirait de l'argent à son frère et avait une liaison avec la
gouvernante.
Elle séduit aussi Gaby en passant. La mamie simulait l'infirmité dans
un
fauteuil roulant et avait tué son mari, etc. Finalement on apprend que
le
meurtre était une mise en scène de Catherine pour faire éclater la
vérité et
garder pour elle seule son père. Elle va le rejoindre dans sa chambre.
Il se
suicide sous ses yeux.
Le tout entrelardé de chants et danses de comédie
musicale.
Ce qui nous est proposé est donc un mélange savant : mélodrame,
policier,
comédie musicale, adaptation(1)
théâtrale, dans des
costumes et des décors kitsch reposant sur une interprétation de
l'esthétique
des années cinquante. Ces ingrédients sont touillés puis relevés
d'aromates
divers : Hitchcock, Buñuel, Resnais, Lars von Trier… La chose s'accorde
bien
avec le coup du casting royal. Ozon, à part l'exceptionnel Sous le
sable,
est un bon artisan opportuniste. Sous le prétexte du clin d'œil aux
happy few,
il glane un peu partout, y compris chez lui-même, ce qu'il y de
meilleur et
obtient un simulacre d'originalité. Ne jamais confondre inspiration et
réminiscence, souffle et culot, liberté et éclectisme, art et artisanat
!
6/04/03 Retour
titres Sommaire
L'Amant
double
Fr.-Bel. 2017
107'
Commentaire
_______________________________________Haut
de page
Yasujiro
OZU
liste auteurs
Chœur de Tokyo
(Tokyo no korasu), Jap.
Muet N&B 1931 90'
Commentaire
Gosses
de Tokyo
(Umarete wa mita keredo), livre
illustré pour adultes, Jap. Muet N&B 1932 87'
Commentaire
Où
sont les rêves de
jeunesse ? (Seishun no yume ima izuko) Jap. Muet N&B 1932 85'
Commentaire
Une
femme de Tokyo (Tôkyô no onna) Jap. Muet
N&B 1933 47'
Commentaire
Histoire
d'herbes
flottantes (Ukikusa monogatari) Jap. Muet N&B 1934 86'
Commentaire
Une
auberge à Tokyo
(Tôkyô no yado) Jap.
Muet N&B 1935 79'
Commentaire
Le
Fils unique
(Hitori musuko) Jap.
VO N&B 1936 87'
Commentaire
Les
Frères et sœurs Toda
(Todake no Kyodai) Jap.
VO N&B 1941 106'
Commentaire
Il
était un père
(Chichi ariki) Jap.
VO N&B 1942 87'
Commentaire
Récit
d'un propriétaire (Nagaya Shinshi Roku) ou
Chronique des gens
ordinaires Jap. VO N&B 1947 72'
Commentaire
Printemps
tardif (Banshun) Jap. VO
N&B 1949 108'
Commentaire
Le Goût
du riz au thé vert (Ochazuke no aji) Jap.
VO N&B 1952 116'
Commentaire
Voyage
à Tokyo (Tôkyô monogatari) Jap.
VO N&B 1953 136'
Commentaire
Crépuscule
à Tokyo (Tôkyô boshoku) Jap.
VO N&B 1957 140'
Commentaire
Fleurs
d'équinoxe (Higanbana) Jap.
VO couleur 1958 118'
Commentaire
Bonjour (Ohayo) Jap. VO couleur 1959
90'
Commentaire
Fin
d'automne (Akibiyori) Jap.
VO couleur 1960 105'
Commentaire
Dernier
caprice/L'Automne de la famille Kohayagawa (Kohayagawa-ke no aki) Jap. VO N&B/couleur 1961 103'
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