CINÉMATOGRAPHE
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Vincente MINNELLI
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Les Quatre cavaliers de l'Apocalypse (The Four Horsemen of the Apocalypse) USA VO couleur 1961 143' ; R. V. Minnelli ; Sc. Robert Ardrey, John Gay, d'après le roman de Vicente Blasco-Ibanez ; Ph. Milton Krasner ; Déc. George W. Davis, Urie McCleary, Elliot Scott, Keogh Gleason ; M. André Prévin ; Mont. Adrienne Fazan, Ben Lewis ; Pr. J. Blaustein/O. Rubbio Jr/MGM ; Int. Glenn Ford (Julio Desnoyers), Charles Boyer (Marcel Desnoyers), Ingrid Thulin (Marguerite Laurier), Karl Boehm (Heinrich), Lee J. Cobb (Madariaga), Paul Henreid (Etienne Laurier), Paul Lucas (Karl von Hartrott), Yvette Mimieux (Chi Chi Desnoyers).

   Argentine, 1938. Le vieux Madariaga est le patriarche fortuné d'une grande famille du cru alliée par ses filles aux Desnoyers et aux von Hartrott, respectivement originaires de France et d'Allemagne. Après avoir prédit le triomphe des quatre cavaliers de l'Apocalypse, Conquête, Guerre, Famine et Mort, le vieil homme, bien que fort vert, est victime d'une attaque fatale provoquée par la prise de position hitlériste des von Hartrott.
   Pour diverses raisons, tous sont à Paris en 40 : la branche allemande militairement, la française en villégiature. Réputé superficiel, le petit-fils Julio Desnoyers tombe amoureux de la parisienne Marguerite Laurier, dont le mari Etienne, un ami de son père, est mobilisé. Arguant de son appartenance à un pays neutre, il décide de rester à Paris, ce qui fait hésiter ses parents à rentrer en Argentine. Tandis que Julio file le parfait amour avec Marguerite, Chi Chi, sa sœur, milite dans la Résistance. Elle est arrachée une première fois à la Gestapo par le cousin Heinrich qui, en tant que colonel nazi, a plus de pouvoir que son père, général de la Wehrmacht. Etienne Laurier réapparaît après avoir été torturé comme résistant.
   Reprise, Chi Chi mourra sous la torture. Tandis que Marguerite se sent le devoir de s'occuper de son mari, Julio rallie la Résistance où il a affaire à Etienne comme chef du réseau parisien. Il est chargé de retrouver von Hartrott junior, qui prépare en Normandie une opération secrète à la tête d'un régiment dont les Alliés ont perdu les traces. Après de pathétiques adieux à Marguerite, Julio parvient au camp secret de Heinrich dans une voiture équipée d'un dispositif radio émettant des informations topographiques en vue d'un bombardement. Mission accomplie : achevant l'anéantissement de la dynastie, les bombes fauchent les deux cousins.

    Le film reprend à son compte le principe structurant du microcosme comme commentaire du macrocosme. Le mélodrame y puise sa substance dans la concentration sentimentale et romanesque de la scène historique. Les procédés hollywoodiens les plus lénifiants sont à cet égard irremplaçables pour désamorcer tout véritable questionnement. L'engagement politique n'est d'ailleurs admis que pour ses effets dévastateurs sur la cohésion familiale, c'est-à-dire comme principe mélodramatique.
   Ce que pouvait avoir de dérangeant pour les consciences l'inégalable (et coûteuse) minutie dans la reconstitution d'une époque trouble est contrebalancé par la flatteuse palette de couleurs et l'étalage de luxe princier, qui déréalise le personnage de Julio. À l'exception de l'extension menaçante de l'écarlate des bannières nazies dans les décors intérieurs les plus neutres, concession plus spectaculaire que suggestive, le chatoiement des couleurs associé au luxe et à l'élégance est à l'évidence un stimulant des plaisirs du spectacle. La surimpression des cavaliers dans le ciel même est traitée de façon à ne pas déroger à la bienséance plastique d'ensemble.
   Enfin la fonction de dramatisation des images est essentiellement dévolue aux inflexions de la musique auxiliaire, ce qui est impardonnable quand on songe, tout en sachant Minnelli capable de s'en approcher, aux possibilités du langage proprement cinématographique, connues alors depuis un quasi demi-siècle. En raison de toutes ces mesquineries d'usine à rêve ayant suscité l'enthousiasme de la critique, le résultat n'est de loin pas à la hauteur de l'ambition de ce qui s'annonçait comme une grande fresque mythique. 14/02/05 
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