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David LYNCH
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Blue Velvet USA VO 1986 115' ; R., Sc. D. Lynch ; Ph. Frederick Elmes ; M. Angelo Badalamenti ; Pr. De Laurentis Entertainment ; Int. Kyle MacLachlan (Jeffrey Beaumont), Isabella Rossellini (Dorothy Vallens), Dennis Hopper (Frank Booth), Laura Dern (Sandy), Hope Lange (Mrs. Williams), Dean Stockwell (Ben).

   Sous un azur éclatant, environné de fleurs pimpantes se détachant sur de blanches barrières immaculées, le paisible quincaillier Beaumont arrose ses pelouses. Mais le branchement défaille, le tuyau coince, et le quinquagénaire s'effondre en portant la main à sa nuque. Un très gros plan sur le gazon laisse deviner des grouillements d'insectes. Son fils Jeffrey trouve la victime à l'hôpital, raccordée à toute sorte de tuyaux, justement, le verbe impuissant.
   S'en revenant par un dépotoir à demi-sauvage il découvre une oreille humaine dont se repaissent les insectes. Il la remet aux mains de l'inspecteur son voisin dont la fille, Sandy, croit savoir qu'on soupçonne l'environnement de la chanteuse Dorothy Vallens. Jeffrey requiert son aide pour pénétrer chez la mystérieuse personne. Celle-ci le surprenant l'oblige à se déshabiller pour en jouir mais, interrompue par des coups à la porte, le dissimule vivement dans un placard. Il s'agit de Frank, violent pervers qui se shoote à l'oxygène et se livre à des abominations sur la personne de l'hôtesse du lieu. Le départ du vicieux toxico est suivi d'une relation entre Dorothy et Jeffrey, qui apprend que l'oreille provient de son mari, retenu en otage avec leur enfant par Frank et ses comparses désaxés.
   Parallèlement, Jeffrey et Sandy - pourtant fiancée ailleurs - s'éprennent l'un de l'autre. Trouvé en compagnie de Dorothy, Jeffrey est emmené "en balade" par la bande à Frank. Il est tabassé après avoir envoyé un direct à Frank pour protéger la jeune femme. Poursuivant son enquête, il découvre qu'un responsable de la police est complice de ce beau monde dans un trafic de drogue. Un beau soir, Dorothy complètement nue survient en état de choc chez les Beaumont. Sandy comprend qu'il y a quelque chose entre eux, mais elle pardonne.
   Dorothy étant hospitalisée, Jeffrey retourne à l'appartement où il tombe sur les corps du mari et du traître frappé à mort mais toujours sur ses jambes. Frank, qui a intercepté un appel de secours radio de Jeffrey à l'inspecteur, survient. Le héros l'abat avant les secours. Happy end : après l'apparition sur le rebord de la fenêtre d'un rouge gorge (symbolisant l'amour selon Sandy) tenant en son bec un insecte - menace souterraine annihilée - la mère et l'enfant sont réunis et le jeune couple savoure son bonheur. Clôture sur l'azur céleste puis rideau de velours bleu.

   Bien qu'assez ironique cette fin jure avec le ton de violence impitoyable du film. Depuis le début quelque chose dans le personnage de Jeffrey nous assure de son immunité. On retrouve le goût de Lynch pour les êtres bizarres, sur un mode préexistant à l'image. Mais tous les visages sont plus ou moins inquiétants. Même ceux des bons jurent imperceptiblement. Le meilleur est peut être dans ces ambiguïtés. Sandy surgit tout en rose dans la nuit noire avec des bruits de froissements superlatifs. Ou bien le vent en sifflant soulève un rideau rouge chez Dorothy pendant les baisers.
   Mais les effets spéciaux - ralenti décomposé et éclairage rouge - de lit (ne figurant pas toutefois dans toutes les versions) étaient-ils nécessaires ? La bande-son par ailleurs devait-elle reprendre, mêlés aux cigales, aux rugissements, aux vents coulis et au sifflement de l'oxygène liquide, les rythmes et les sonorités lancinants d'usine et de machines à vapeur d'
Eraser Head et d'Elephant Man ? Les scènes de coït, être saluées par des chœurs de trombones ?
   On préfèrera la légère amplification du moteur de la voiture de Jeffrey participant au rythme de l'enquête. Ou encore les orgues de l'église illuminée de l'intérieur la nuit où Sandy et Jeffrey ourdissent leur plan dans la voiture. Toujours cette déperdition qui rend vaines les brillantes recherches en image et son.
   Finalement polar allégorique trop complaisant pour vraiment dévoiler les dysfonctionnements du rêve américain. 9/02/01
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