CINÉMATOGRAPHE 

ÉCRITURE


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Gustaf MOLANDER
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Intermezzo Suède VO N&B 1936 90' ; R. G. Molander ; Ph. Ake Dahlquvist ; Mont. Oscar Rosander ; M. Heinz Provost ; Pr. Svensk Filmindustrie ; Int. Gösta Ekman (Holger Brandt), Ingrid Bergman (Anita Hoffman), Inga Tidblad (Margit Brandt), Hasse Ekman (Ake Brandt), Britt Hagman (Ann-Marie).

   Thomas, accompagnateur au piano du grand violoniste Holger Brandt prend sa retraite. Il forme Anita Hoffman, jeune pianiste prometteuse qui donne elle-même des leçons de piano à Anne-Marie, la fillette du violoniste. Anita est remarquée par Charles, l'impresario d'Holger. Il lui propose de l'engager, mais elle préfère continuer le travail sous la houlette de Thomas. Cependant, pour poursuivre sa carrière internationale approuvée par Margit sa très compréhensive épouse, Holger doit trouver un nouvel accompagnateur. Anne-Marie a invité à son anniversaire son professeur de piano, qui se met au clavier. Holger étonné par sa maîtrise l'accompagne au violon dans cet Intermezzo qui est son morceau fétiche. Elle est admirative.
   Un jour il l'invite à dîner et la sollicite comme accompagnatrice. S'ensuit une liaison. Holger rompt avec son épouse, et laissant sa famille, part en tournée autour du monde avec sa partenaire. Les amants s'accordent des vacances dans un village où le grand musicien se prend d'affection pour une petite Marie. Elle donne au maestro, qui s'y prête par jeu, des leçons de cithare et lui trouve un cadre pour la photo d'Anne-Marie trônant au mur. Charles vient leur rendre visite. Il apporte les papiers du divorce. Mais hanté par l'image d'Anne-Marie, Holger diffère sa signature. Entre-temps, Anita est nommée titulaire d'une bourse d'études dans le lieu de son choix. Elle préfère se consacrer à Holger, qui ne veut pas entraver sa carrière. Anita comprend que sa famille lui manque. Elle fait ses bagages et prend le train pour Paris.
   Elle n'aura été qu'un
Intermezzo ! Malgré les conseils d'apaisement de Charles, Holger signe l'acte de divorce et repart pour une tournée planétaire. À chaque étape il reçoit une lettre de Charles, lui parlant de sa famille. Un jour dans un port, le violoniste rencontre un marin compatriote et nostalgique du pays. Il se décide du coup à s'embarquer pour la Suède muni d'un appareil photo pour sa fille qu'il veut surprendre à la sortie de l'école. Il l'attend de l'autre côté de la rue. Se précipitant vers lui, elle est renversée par un camion. À l'hôpital il retrouve Ake, son fils adolescent, qui lui fait d'amers reproches tandis que la mère se tient à distance. On annonce qu'Anne-Marie est sauvée. Le père enlace son épouse qui lui souhaite la bienvenue à la maison.

   Seule originalité, bien que de façon assez plate : l'utilisation de la musique diégétique hors champ comme double-fond sonore dramatisant l'intrigue. Que ce soit la leçon de piano indiquant la présence dans la maison d'Anita pendant que Holger propose à sa femme de l'emmener en tournée (démenti implicite par anticipation), Anita au piano préfigurant le premier duo avec Holger, Marie à la cithare quand l'idée d'Anne-Marie obsède son père, un orchestre local comme implicite concert d'adieu, etc.
   La musique pseudo-classique, du reste composée pour les effets de virtuosité, se fait rengaine à force de leitmotiv sentimental. D'autre part, un montage et des mouvements d'appareil qui se contentent de bien lécher l'histoire et une esthétique encombrante de la lumière : surexposition des intérieurs et poses photo pour le modelé des visages féminins avec éclairages en "décrochage" pour embraser la chevelure, celle de la jeune Ingrid Bergman (Galerie des Bobines), qui inspire force exercices de photogénie.
   Le moralisme grossier de l'intrigue s'accorde parfaitement avec les clichés hollywoodiens : la fillette au centre de niais admirateurs du spectacle de l'enfance stéréotypée et le vieil ami fidèle, Charles, bonhomme et rondouillard, omniprésent dans les affaires les plus intimes et qui sait indiquer le droit chemin avec tact à son ami dont on passe les égarements d'artiste.
   L'apothéose du mauvais goût est à la fin, le jeu qui consiste à faire peur au spectateur quant à l'issue de l'accident de la petite fille. On tourne en rond dans le couloir de l'hôpital. Une infirmière sort de la salle d'opération et annonce à Holger que le médecin veut lui parler (premier doute). Margit reste dans le couloir. Elle voit ressortir son époux fermant doucement la porte en silence (angoisse). Il va à elle et prononce : "c'est fini (désespoir par grossier subterfuge).... Elle est sauvée ! (ultime retournement)". 11/02/05
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