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L'Ange des maudits (Rancho Notorious) USA VO couleur 1952 89' ; R. F. Lang ; Sc. Daniel Tarradash ; Ph. Hal Moer, Richard Muller ; M. Emil Newman ; Ch. Ken Darby chantée par William Lee ; Pr. RKO ; Int. Marlène Dietrich (Altar), Mel Ferrer (Frenchy), Arthur Kennedy (Vern), Gloria Henry (Beth Forbes), William Frawley (Baldy Gunder), Jack Elam (Geary), Lane Chandler (le shérif Hardy), Frank Ferguson (le pasteur).
Afin de se venger du viol et de l'assassinat de sa fiancée, Vern s'introduit dans le ranch "Chuck-a-Luck", dirigé par Altar, une ancienne et célèbre chanteuse de saloon, qui héberge des hors-la-loi. Il y est accepté pour avoir - à dessein - aidé Frenchy, l'amant d'Altar, à s'évader de prison. Vern fait la cour à Altar pour arriver à ses fins et notamment découvrir la provenance de la broche ornant sa poitrine. Troublée, la patronne lui dévoile l'identité de l'homme responsable, qui se trouve résider chez elle. Le meurtrier dénommé Kinch dénonce la trahison et incite les autres fugitifs à se révolter contre Altar et Frenchy. La bande de Kinch est vaincue grâce à Vern mais Altar est tuée dans la fusillade. Frenchy et Vern unissant leurs solitudes, iront trouver la mort plus loin selon la chanson qui chapeaute le récit.
Une véritable tragédie, que traduisent les accents ralentis et discordants des complaintes d'Altar/Marlène et que résume "Hate, murder and revenge", le refrain du chanteur off qui tient lieu de récitant. La mort rôde dès la première séquence qui se présente comme une sortie irréversible. Les fiancés cadrés dos-caméra se dirigent vers une porte de sortie accompagnés par un travelling qui s'interrompt sur un plan fixe de la porte. Ils se retrouvent l'ayant franchie sous un tout autre éclairage comme si une page était déjà tournée.
La scène du meurtre se construit sur le pathétique d'un jeu dialectique avec la présence d'un petit garçon. Ayant interrompu le couple dans le long tête-à-tête du magasin qui sera le théâtre du meurtre, il est renvoyé et passe de l'autre côté de la rue jouer à une sorte de marelle sur le trottoir de bois. Le garçonnet s'inscrit dans la profondeur de champ quand les bandits encouragés par l'état désertique de la ville s'approchent après le départ de Vern. En axe inverse et plan d'ensemble, la caméra étant placée derrière le gamin sautillant en cercle sur les planches (martèlement dramaturgique), le viol et le meurtre sont signalés en distanciation tragique focalisée sur l'enfant par un cri puis un coup de feu.
La séparation de la mort est symbolisée par une selle vide en amorce à l'avant-plan de la fiancée sous la menace. On rencontrera ensuite une selle sur une tombe, une autre est enlevée in extremis à l'arrivée du shérif à Chuck-a-luck pour effacer la trace des hôtes. Enfin Vern revient seul au ranch pour retrouver Altar, sous le prétexte "d'un ennui avec sa selle." Les décors monumentaux et atrocement artificiels de la nature accentuent la distance tragique.
La violence dictée par la vengeance imprègne toute la marche du film par l'acharnement visible dans le corps ramassé, les actes et le regard de Vern. Il se bat contre un hors-la-loi qui se mettait sur son chemin avec une telle hargne (plan serré) qu'il néglige le rasoir qui le menace. Le miroir brisé par la balle qui devait l'atteindre et où se reflète un instant la lutte est encore un symbole du caractère destinal de la force implacable réglant l'action. Hallucinants d'ambiguïté, les gros plans de visages (Marlène Dietrich, Mel Ferrer et Arthur Kennedy) sont émouvants de ne se laisser jamais récupérer par le stéréotype. Ils s'accordent avec le caractère contradictoire des personnages. Altar qui, attirée par un Vern inconsolable, se préparait à quitter le ranch, s'interpose et succombe sous la balle destinée à Frenchy.
Non, à l'exception de la musique ridicule accompagnant les actions et les galopades accelerando dans les poursuites (Ta la la la la ! Ta la la la la ! Ta la la la la !…), ce western, malgré une facture de convention, ne ressemble à nul autre ! 19/01/02 Retour titres