CINÉMATOGRAPHE 

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Josef von STERNBERG
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Blonde Vénus (Blonde Venus) USA VO N&B 1932 93' R. J. von Sternberg ; Sc. Jules Furthman et S. K. Lauren ; Ph. Bert Glennon ; Mont. J. von Sternberg ; M. W. Franke Harling, John Leipold, Paul Marquardt, Oscar Potoker ; Pr. Paramount ; Int. Marlene Dietrich (Helen Faraday), Herbert Marschall (Edward Faraday), Cary Grant (Nick Townsend), Dickie Moore (Johnny Faraday), Gene Morgan (Ben Smith), Robert Emmett O'Connor (Dan O'Connor), Sidney Toler (inspecteur Wilson), Morgan Wallace (Docteur Pierce), Clarence Muse (Charlie), Hattie McDaniel (Cora), Rita La Roy "Taxi Belle" Hooper. 

   Empoisonné au radium, le chimiste Edward Faraday doit laisser à New York, avec
Johnny leur petit garçon, sa femme Helen pour un traitement de plusieurs mois en Allemagne, qui doit lui sauver la vie. Pour financer le voyage Helen a repris son métier d'artiste dans des spectacles de cabaret. En réalité, dans l'urgence, l'argent a été fourni par un riche amoureux, le politicien Nick Townsend, avec qui naît une idylle en l'absence du mari. De retour plus tôt que prévu, celui-ci trouve dans l'appartement vide son propre télégramme, non ouvert, annonçant le changement de la date d'arrivée. Helen ne pouvant mentir est répudiée par Edward, qui veut garder l'enfant. Elle s'enfuit avec celui-ci à travers le pays, vivant d'abord de son métier d'artiste puis devant y renoncer à cause de la police qui la talonne. Par dérision et à bout de ressources elle finit par se dénoncer à l'inspecteur, qui la suivait sans jamais pouvoir l'atteindre. L'enfant retourne au père.
   Ayant bourlingué, maintenant vedette parisienne, Hélène tombe un soir sur Townsend. Elle l'accompagne aux USA après une très brève hésitation. Townsend prend l'initiative de la conduire chez Faraday pour qu'elle puisse revoir son fils, qui lui manque cruellement. Il s'efface tandis qu'Edward et Helen se réconcilient en racontant à Johnny, comme autrefois, l'histoire de leur rencontre en Allemagne alors qu'Helen se baignait nue avec cinq autres naïades dans un étang.

   Ne dirait-on pas que Sternberg s'enchante de certains plans de Marlène, qui à eux-seuls seraient des chefs-d'œuvre si le film se réduisait à un seul plan ? La superbe photo sublimant la star ne vaudra jamais la plate se démultipliant en sous-main par renvoi. À part peut-être quand Helen se livre à Wilson en le ridiculisant, le meilleur est dans les numéros de scène audacieusement érotiques, donc dans le spectacle filmé. Point besoin de caméra pour voir un gorille se changer en femme en jetant sa pelure. Ou bien ce sont des effets de filtrage de la lumière par les étoffes ou les parois de claie, comme si les effets se suffisaient à eux-mêmes, comme s'ils ne devaient pas être relayés en réseau. La photo d'art est antinomique à l'art du cinéma. Elle en contrarie le jeu. On ne comprend pas bien, de plus, les raisons du montage, pourquoi ici un volet, pourquoi là un raccord dans le mouvement. Et la caméra se déplace à outrance, démultipliant le champ, saturant le cadre. Trop d'informations. Ce n'est pas économique.

   Enfin, alors que dans l'Ange bleu la musique avec les sons s'inscrivait dans un jeu d'écriture par le montage, ici elle est coextensive au déroulement narratif dont elle dicte la tonalité : assourdissante églogue beethovénienne pour l'étang des jeunes actrices nues, accords tragiques au départ du fils, tendre mélodie planant sur le domicile conjugal, miaulements de violons dédiés au misérable refuge pour femmes, sonnerie de trompettes accueillant l'arrivée du paquebot... Non, ce n'est pas digne du grand Sternberg, celui de l'Ange bleu. Mettons cela, provisoirement, sur le compte des difficultés rencontrées avec la Paramount. 16/12/17 Retour titres