CINÉMATOGRAPHE 

ÉCRITURE


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Jacques BECKER
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Rendez-vous de juillet Fr. N&B 1949 112' ; R., Dial. J. Becker ; Sc. J. Becker, Maurice Griffe ; Ph. Claude Renoir ; Son Antoine Archambaud ; Mont. Marguerite Renoir ; M. Jean Wiener, Mezz Mezzrow ; Pr. UGC/SNG ; Int. Daniel Gélin (Lucien Bonnard), Nicole Courcel (Christine Coursel), Brigitte Auber (Thérèse Richard), Bernard Lajarrige (Guillaume Rousseau), Maurice Ronet (Roger Moulin), Pierre Trabaud (Pierre Rabut), Louis Seigner (Levase), Philippe Mareuil (François Coursel), Bernard La Jarrige (Guillaume Rousseau) Gaston Modot (le professeur).

   Véritable tableau d'une époque sous la forme de la chronique parisienne d'un groupe de jeunes dans les milieux du théâtre et de l'ethnologie. Lucien Bonnard, apprenti ethnologue qui s'emploie à préparer une expédition chez les Pygmées en frappant aux portes des mécènes éventuels, rompt avec son industriel de père qui désapprouve sa carrière. L'apprentie comédienne Christine Coursel, sa petite-amie, va le tromper avec le metteur en scène Guillaume Rousseau, qu'elle n'aime pas, pour jouer dans la pièce de son propre frère, François Coursel. Meilleure comédienne, Thérèse Richard, l'amie de Christine,  y obtient un rôle plus important. François est attiré par elle, qui coule le parfait amour avec Roger Moulin, diplômé de l'IDHEC gagnant son pain en jouant de la trompette dans une cave avec Claude Luter et Rex Stewart.
   Avec d'autres qui se trouvent être liés à la petite bande, le cinéaste doit faire partie de l'expédition de Lucien pour filmer les Pygmées. Lequel réussit à trouver les commanditaires et obtient la contribution de l'armée de l'air pour le transport. Le projet se réalise et Lucien se détache de Christine.

   Ce n'est pas un instantané de l'époque mais une perspective sur l'avenir de la jeune génération d'après-guerre. Il s'agit
de prime abord d'un film de groupe, présentant un large éventail social. Les parents de Lucien sont des bourgeois, ceux de Roger de la classe moyenne, comme ceux de Christine et François, le père de Thérèse est coiffeur et celui de Pierrot boucher, tout cela bien troussé par le décor, le comportement, les occupations.
   Mais le groupe se range
de fait derrière le héros des temps nouveaux Lucien, qui rompt avec l'univers de papa ("Si mes frères travaillent à l'usine c'est que ça leur plaît. Moi mon destin est ailleurs.") puis, d'une volonté de fer, mais dans le calme de la détermination, va réaliser son grand projet en surmontant tous les obstacles des forces contraires, conformistes ou délétères, ou encore l'effet négatif des bénéfices secondaires (gagner sa vie comme trompettiste dans une boîte au lieu de chercher à faire carrière dans le métier de cinéaste),  sans oublier le piège d'une relation sentimentale boiteuse.
   Celle-ci est mise en exergue par contraste avec l'idylle de Roger et Thérèse, figure de vitalité, dont la fraîcheur témoigne de la qualité de la direction d'acteurs. Le dernier plan du film, aérien pris de l'avion, montre les deux filles de plus en plus minuscules sur le terrain d'aviation, Christine prostrée mais Thérèse faisant de grands signes, ce qui souligne, quel que soit le tour qu'ont pris les relations,  la priorité de l'action, tout en ménageant les conditions du retour. 
   L'énergie requise pour cela était déjà-là, dans la fougue de la jeunesse que traduisent les danses endiablées au son du jazz nocturne de Saint-Germain-des-Prés. Elle est capturée au profit de l'accomplissement du projet par le chef de l'expédition, qui fait déjà preuve de compétences d'organisation, ranimant le courage de ses troupes, compagnons d'aventure qui se dégonflaient in extremis, au moment du départ.
   Le cadrage serré dans le lieu exigu surpeuplé du caveau des Lorientais la porte au paroxysme. Tandis que les escaliers tournants dévalés en cascade confèrent un certain lyrisme à l'intensité des forces neuves. Les décors naturels, intérieurs et extérieurs de la capitale concrétisent au plus proche de nous ce vif-argent.  
   Tout cela relève d'un savoir-faire hors-pair, la poésie, elle, s'en tenant au registre de la justesse de ton, formant une manière de témoignage plein d'allant, de confiance et d'espoir. 12/08/18 Retour titre