CINÉMATOGRAHE 

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Walter FORDE
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Rome Express GB VO N&B 1932 85' ; R. W. Forde ; Sc. Sidney Gilliat ; Dial. Frank Vosper, Ralph Stock ; Ph. Gunther Krampf ; Pr. Gaumont-British ; Int.Muriel Aked (la vieille fille), Joan Barry (Miss Maxted, Donald Calthrop (Poole), Firlay Carrie (Sam), Cedric Hardwicke (Alistair McBane), Gordon Harker (Tom Bishop), Harold Huth (George Grant), Eliot Makeham (Mills), Esther Ralston (Asta Marvelle), Conrad Veindt (Zurta), Frank Vosper (M. Jolif). 

   Un voyage ferroviaire en luxueux wagon-lit, plein de péripéties animées par la haine, l'amour et l'humour : excellent polar anglais méconnu. Dix destins se croisent en interférant. Ceux de personnages présentés dès la gare : Asta Marvelle, une actrice célèbre (hommage à Asta Nielsen) entourée de son imprésario et de sa suite ; George Grant et maîtresse, mariée, en escapade ; Jolif, le bon père de famille, entomologiste et chef de la sûreté, qui va taquiner le papillon sur les collines romaines ; Alister McBane, millionnaire flanqué de son secrétaire et souffre-douleur ; Bishop, sujet britannique excentrique et trouble-fête ; et Mr Poole qui, une serviette sous le bras, ne monte pas à bord avant d'être certain de n'être pas suivi. Mais deux individus rattrapent de justesse le train en marche : Zurta, inquiétant individu de type slave (ou l'inverse), et Tony, un jeune homme sympathique. Tous trois ont volé un Van Dyke que Poole, qui a doublé les deux autres, entend négocier à Rome.
  
   L'humour n'est pas seulement de dialogue mais aussi de situation et de montage : les bagages dont un chien sont étiquetés par un employé ; le chef de la sûreté perd son ticket ; les amants croisent deux bonnes sœurs ; Zurta, toujours nonchalant, plante des dents luisantes dans une banane ; le voleur de tableau se trouve d'abord dans le même compartiment que le chef de la sûreté qui lui explique en long et en large comment emprisonner un insecte ; le fâcheux raconte une blague qui n'intéresse personne et se perd dans le fracas d'un tunnel avant de s'esclaffer tout seul ; le repas plantureux aligne des bouches voraces, en parallèle avec le chargement de la chaudière ; toute espèce de contenants appropriés à chaque buveur se déversent successivement dans les gosiers secs.
   L'intrigue est montée avec des alternances de vues extérieures du train dans la campagne, l'avant de la locomotive et le leitmotiv des roues embiellées (qui produit un effet ironique en ponctuant systématiquement certains scènes). Ce qui accentue le sentiment particulier que l'on éprouve à l'intérieur d'un train : sécurité et irréalité (soulignée en contraste par la réalité des plans d'ensemble) des extérieurs défilant derrière les vitres.
   Le traitement des intérieurs procède d'un minutieux réalisme. Les cuisines et le wagon-restaurant avec leur faune sont visités comme lieu central et stratégique. Le personnel parle français, de même qu'après la frontière, les carabiniers s'exprimeront en italien. Détail presque toujours négligé dans les films, les déplacements dans le couloir posent des problèmes d'équilibre. Les bruits de roulement varient imperceptiblement selon les besoins de la lisibilité du son. Au début c'est un garçon de restaurant servant les rafraîchissements qui sert de fil conducteur à la présentation des voyageurs installés dans leurs compartiments respectifs.
   Les dialogues sont interrompus ou parasités par le fracas et l'obscurité des tunnels. L'intrigue est remarquablement ficelée, parce que chacun s'y intègre de façon nécessaire : la serviette de Poole contenant le tableau se trouve aux mains du secrétaire de McBane par une confusion involontaire avec la sienne. Le millionnaire, qui a trouvé le précieux butin et l'a caché, surprend Zurta en train de fouiller son compartiment. Bishop a provoqué la rencontre de Poole et de ses acolytes en les invitant au poker en même temps que Grant, une vieille connaissance retrouvée par hasard, qui dut faire semblant de ne pas connaître sa maîtresse pour ne pas la compromettre.
   Poole est assassiné par Zurta au milieu de la nuit dans la cabine de Grant après avoir assommé ce dernier qui voulait l'en faire sortir. Grant est impliqué dans le meurtre avec sa maîtresse qui, ne le voyant pas, est retournée à la cabine au mauvais moment. En sortant précipitamment, son peignoir se prend dans la porte automatiquement verrouillée (situation très hitchcockienne). C'est en ouvrant celle-ci pour la délivrer qu'un stewart qui passait par là découvre le meurtre.
   Jolif est sollicité par le chef du train pour mener l'enquête. Tony, le sympathique comparse de l'affreux Zurta, tombe par hasard sur "Goldie", alias Asta Marvelle, qui fut sa complice dans un vol de bijoux. Celle-ci est prête à tout plaquer pour partir avec lui. Zurta lui fait comprendre que si elle ne déclare pas avoir passé la nuit avec lui, il se vengera sur Tony. Mais Jolif n'est pas satisfait de cet alibi. Entre-temps, menacé de chantage par son secrétaire, McBanes rapporte le tableau expliquant la fouille de Zurta. Acculé, Zurta se suicide en sautant du train en marche pendant l'interrogatoire. Grant et sa dulcinée sont innocentés par cet aveu et en arrivant à Rome, Jolif est disposé à fermer les yeux pour les mensonges des autres. Asta et Tony descendent secrètement du train pour éviter le tapis rouge de la star et s'enfuir. Quant à Bishop il promet d'être discret sur la compagnie de Grant. 20/09/02 
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