CINÉMATOGRAPHE 

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Quentin TARANTINO
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Pulp Fiction (Can. Fiction pulpeuse) USA VO 1994 149’ ; R. Q. Tarentino ; Sc. Q. Tarentino et Roger Avary ; Ph. Andrzej Sekula ; Déc. David Wasco ; Cost. Betsy Heimann ; M. Karyn Rachtman ; Mont. Sally Menke ; Pr. Lawence Bender/Miramax ; Int. John Travolta (Vincent Vega), Bruce Willis (Butch Coolidge), Maria de Medeiros (Fabienne, sa petite amie), Samuel L. Jackson (Jules Winnfield), Uma Thurman (Mia), Ving Rhames (Marsellus Wallace), Christopher Walken (captain Koons), Eric Stoltz (Lance, le dealer) Rosanna Arquette (Jody sa femme), Quentin Tarentino (Jimmie), Harvey Keitel (Winston Wolf), Tim Roth (Ringo “Pumpkin”), Amanda Plummer (Yolanda “Honey Bunny”). 

   Introduction
 : Attablés dans un coffee shop, Ringo et Yolanda, débattent des avantages à braquer des coffee shops plutôt que des banques. Ils passent aussitôt à l’action, dont on ne connaîtra la suite que tout à la fin. Générique.
   1) The Bonnie Situation. Les gangsters Jules et Vincent, chargés par le caïd Marsellus Wallace de récupérer une mallette, abattent deux anciens sbires dudit, dont l’adresse leur a été fournie par Marvin, l’indic qui assiste tout tremblant au massacre. Jules a cette particularité de réciter Ezéchiel 17, 25 avant de tirer. Dans une sienne boîte de strip-tease, Marsellus remet de l’argent au boxeur Butch pour qu’il se couche au 5e round, puis Jules et Vincent arrivent pour lui remettre la mallette. 
   2) Vincent Vega and Marsellus Wallace’s Wife. Vincent est chargé en l’absence du patron de sortir Mia, son épouse. Dans un restaurant Rock’n’roll, le couple remporte le prix d'un concours de danse puis rentre au domicile Wallace. Mia trouve un sachet de poudre blanche dans la poche du manteau prêté par Vincent. Prenant l’héroïne pour de la cocaïne, elle fait une overdose. Vincent la transporte chez le dealer où la vie lui est sauvée au moyen d’une injection d’adrénaline dans le cœur. 
   3) The Gold Watch. Flash-back : Le capitaine Koons (Christopher Walken, Galerie des Bobines) remet la montre en or d'un ami tombé au champ d'honneur à son fils, le petit Butch. Retour au présent : Butch (Bruce Willis, Galerie des Bobines), qui avait chargé un ami de parier sur lui, remporte le match mais en tuant son adversaire. Il rejoint sa petite amie Fabienne dans un hôtel d’où ils doivent s’enfuir avec l’argent des paris. Mais Fabienne a oublié la montre. Butch retourne en voiture chez lui où il récupère son précieux héritage et supprime Vincent qui l’attendait pour le descendre. Arrêté à un feu rouge sur la route de l’hôtel il tombe sur Marsellus traversant dans les clous. En tentant de l’écraser il provoque un carambolage. Prenant la fuite à pied clopin-clopant, talonné par Marsellus, amoché mais ingambe, Butch se réfugie dans un bazar, vite rejoint par son poursuivant. Occupés à se battre, ils sont tous deux maîtrisés et ligotés par le patron, qui les livre au shérif violeur Zed. Pendant le viol de Marsellus, Butch parvient à se libérer de ses liens. Mais au moment de s’enfuir, il se ravise et muni d’un sabre prélevé dans la marchandise, va délivrer Marsellus. Celui-ci, tout en méditant les tortures atroces qu'il réserve à Zed, pardonne à Butch, à condition qu’il quitte la ville pour toujours. Le boxeur enfourche la moto de Zed et rejoint Fabienne pour l’emmener aussitôt.
   La conclusion dévoile un prolongement du massacre initial. Jules et Vincent échappent par miracle aux balles d’un troisième individu caché dans la pièce à côté. Après l’avoir éliminé ils filent en voiture avec Marvin. Jules annonce qu’à la suite de ce miracle, il prend sa retraite. Mais Vincent, qui a gardé son arme à la main, fait éclater la tête de l’indic par inadvertance. La cervelle et le sang maculant l’intérieur de la voiture sont compromettants. Ils se réfugient chez l’ami Jimmie. Lequel les met en demeure de le débarrasser de la voiture avec son contenu avant l’arrivée de sa femme. Marsellus leur dépêche un spécialiste des situations délicates, Winston Wolf, qui organise nettoyage et évacuation à temps.
   Munis de la mallette Jules et Vincent vont prendre le petit déjeuner au coffee shop du début. Ringo et Yolanda déclenchent l'attaque pendant que Vincent est aux toilettes, mais Jules prend le dessus lorsque Ringo s’intéresse à la mallette. Néanmoins plein de mansuétude en raison de sa résolution suite au « miracle », il dédommage à hauteur de 1500 dollars les braqueurs maladroits, qui partent sans demander leur reste. Jules et Ringo quittent le coffee Shop.

   Il faut ainsi s’étendre sur le synopsis pour donner une idée de ce qui fait l’atout de ce film récompensé par la Palme d’or 1994 à Cannes. Nullement la valeur artistique ! Mais rhétorique et divertissante. À savoir, le caractère ludique du récit, par le comportement décalé d’abord des personnages relativement aux rôles. Il y a donc une forme de distanciation qu’accentue une bande originale à succès et des libertés de filmage : invraisemblances, fausses pistes (la "flèche" cardiaque n'aura pas de suite amoureuse), faux raccords ou citations de films célèbres. Par exemple, le plan de la rencontre inopinée au feu rouge est calqué sur celui de Psychose où Marion fuyant en voiture avec les quarante mille dollars tombe pile sur son patron traversant la rue au feu rouge. Sans oublier les épisodes non fonctionnels d’une délectable fantaisie comme celui de l’intervention de Wolf.
   Mais il y a surtout le jeu sur le temps, qui gratifie le spectateur en le faisant partenaire actif d’une construction dans la jubilation de l’ambiance déjantée du film. Le temps du film se dissout dans la passion constructiviste jusqu’à devenir du pur espace pelliculaire. Non seulement la chronologie est chamboulée, la fin (la mort de Vincent) se trouvant au milieu, totalement dédramatisée, purifiée de toute possibilité de suspense - ce temps superlatif -, mais les fragments de la chronologie dans le désordre sont présentés comme des pièces de domino à rajuster bord à bord par une marque qui est la reprise sous un autre angle de la fin de la scène antérieure. Fragmentation séquentielle que soulignent de plus non seulement les épisodes dilatoires (qui retardent l'action) comme celui de Wolf : non fonctionnels, bouffant gratuitement du temps qui presse, mais aussi des reprises fatales comme le motif des WC : à chaque moment chaud, par trois fois, Vincent est aux toilettes occupé à lire une BD, ce qui lui coûtera la vie chez Butch.  
   Beau travail donc mais de là à décerner la Palme d’Or, voire à classer Pulp Fiction 5e meilleur film de tous les temps dans IMDB, il y a véritablement un abîme ! Cela témoigne surtout de cette confusion entre divertissement et art, qui arrange tout le monde, dissimulant la dégradation générale de la vie de l’esprit, entretenant la méconnaissance de l’art, favorisant la banalisation des œuvres élevées, épargnant le jugement esthétique, acte à haut risque !
   Le film n'avait d'ailleurs pas cette prétention, à s'en tenir au titre, qu'on pourrait traduire par "littérature de gare". C'est l'hystérie consumériste en mal de chimères qui, en le portant aux nues, le fait tomber de haut. 7/12/08
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