CINÉMATOGRAPHE 

ÉCRITURE


sommaire contact auteur titre année nationalité



Alfred HITCHCOCK
liste auteurs

L'Homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much) USA VO Vistavision-couleur 1956 120' ; R. A. Hitchcock ; Sc. J.M. Hayes, A. Mac Phail, d'après Ch. Bennett et D.B. Wyndham-Lewis ; Ph. R. Burks ; Eff. Sp. J.P. Fulton ; M. B. Herrmann ; Ch. Jay Jivingstone et Ray Evans ; Pr. A. Hitchcock/Paramount ; Int. James Stewart (Dr Ben McKenna), Doris Day (Jo McKenna/Conway), Daniel Gélin (Louis Bernard), Brenda De Banzie (Mrs. Drayton), Christopher Olsen (Hank McKenna), Mogens Wieth (l'ambassadeur), Reggie Nalder (Rien, l'assassin).

   Profitant d'un congrès en Europe, le chirurgien Ben McKenna (James Stewart : Galerie des Bobines), sa femme Jo, ancienne vedette de la chanson et leur fils Hank visitent le Maroc. Le trio familial à la mise impeccable et voyageant modestement dans un autocar français bourré d'indigènes, est le digne ambassadeur de l'empire américain tendance Middle Class.
   Les forces primitives antagonistes ne tardent pas à se déchaîner sous la forme d'un Arabe en burnous qui s'en prend au garçonnet yankee pour avoir arraché par inadvertance le voile de son épouse, laquelle s'évertue à dissimuler comme un sexe son visage. Mais un ressortissant de la métropole française nommé Louis Bernard et possédant la langue vernaculaire apaise la fureur autochtone.
   Individu mystérieux qui, après leur avoir posé un lapin, surgit plus tard en plein Marrakech déguisé en Arabe et s'effondre, un poignard planté dans le dos, au pied de Ben, qu'il avertit avant de mourir d'un complot d'assassinat politique à Londres. Jo et Ben sont entraînés précisément à Londres où leur fils a été kidnappé pour obliger Ben à tenir sa langue.
   Ils y traquent bravement les comploteurs qui se réfugient dans une ambassade avec le gamin. Au Royal Albert Hall où est prévu le crime pendant un concert, Jo sauve le premier ministre en poussant un cri au moment du coup de cymbales censé couvrir le bruit de la détonation. Invitée en remerciement à l'ambassade, précisément celle où se cachent les ravisseurs, elle y chante un succès à l'intention de Hank qui, enfermé quelque part répond en sifflant le même air. Ben l'ayant localisé parvient à le libérer avant qu'il ne soit étranglé.

   On voit qu'à la faveur d'une géographie mythique, Hitchcock joue admirablement comme toujours des ressources du décor, que ce soit par les grouillements troubles du Maroc, ceux à l'inverse lugubres et désertiques des faubourgs londoniens ou par les intérieurs monumentaux de l'ambassade et de l'Albert Hall, censés donner à l'acte criminel une dimension de grand spectacle crapuleux, nonobstant le caractère loufoque du plan des assassins.
   Comme les décors, les acteurs ont la tête de l'emploi. Ben, celle de l'homme courageux qui ne s'est pas encroûté malgré sa réussite sociale. Jo représente la mère pathétique et dévouée qui a renoncé à une prestigieuse carrière. Mrs. Drayton, est une brave scélérate tourmentée. Quant au tueur, c'est un type longiligne à tête de momie qui, cadré en contre-plongée, donne le vertige. Enfin on reconnaît dans le premier ministre la figure du roi d'opérette.
   On sait gré à Hitchcock de son humour noir, de son art de rendre inquiétante une rue de faubourg désertique écrasée de soleil ou d'exploiter les ressources en frissons de l'atelier d'un taxidermiste londonien chez lequel Ben s'est fourvoyé pendant l'enquête.
   L'art malicieux de résumer le dénouement à un coup de cymbales est sans défaut lui-aussi, par le montage parallèle qui met en jeu toutes les données de la séquence : partitions, chœurs, cymbales, tueur, futur victime.
   Mais trop de recettes hitchcockiennes nuisent à Hitchcock. Celui-ci semble s'essouffler à s'imiter lui-même. Il y manque un fantasme
(1) fondamental assez fort pour ordonner la totalité des plans, ce qui est finalement assez rare par ailleurs, à considérer l'œuvre dans sa totalité. 30/12/02 Retour titres