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Les Lois de l'hospitalité (Our Hospitality) USA Muet N&B 1923 7 bobines ; R. B. Keaton, J. Blystone ; Sc. Jean Havez, Joseph Mitchell, Clyde Bruckman ; Ph. Elgin Lessley, Gordon Jennings ; Pr. Joseph Schenck/MGM ; Int. Buster Keaton (William McKay), Nathalie Thalmadge (Virginia Canfield), Joe Roberts (Joseph Canfield), Leonard Chapham (James Canfield).
Les McKay et les Canfield sont ennemis héréditaires. Le petit William McKay a été confié à une tante à New York. Vingt ans après, voyageant dans le train pour la Virginie où il va prendre possession de son héritage, William noue des liens déjà tendres avec une inconnue, Virginie Canfield, qui l'invite à souper. Dès l'arrivée, son père et ses deux frères ont reconnu l'homme à abattre mais leur code d'honneur interdit d'assassiner un invité sous son toit : sorte de règle de jeu de société entraînant une situation cocasse.
Renseigné par un serviteur, William veut sauver sa peau. Les tentatives de sortie déclenchant immédiatement des salves meurtrières, il se résout à jouer les hôtes permanents. Cependant le père ayant informé Virginie de son identité, il n'y a plus guère de bonne raison de rester. Tentant une sortie déguisé en femme, il est trahi par la robe relevée sur les fesses. Il trompe ses poursuivants en affublant l'arrière-train d'un cheval de la robe et du parapluie. Heureusement, au moment où les Canfield vont tirer, le cheval se retourne. La poursuite est acharnée et entraîne de périlleuses escalades sur les rochers d'un canyon, que conclut une chute vertigineuse dans le cours d'eau.
Puis il vole la locomotive, qui déraille et s'engloutit dans le même fleuve. Entraîné dans les rapides, in extremis, il échappe aux chutes géantes et rattrape Virginie qui voulait le sauver sur un frêle esquif. Ils s'étreignent et sont ramenés par un pasteur qui les unit dans la chambre de la jeune fille au moment où les trois Canfield mâles surviennent. Le père pardonne. Les armes sont déposées sur un guéridon et l'on découvre que William sous son plaid de naufragé était armé jusqu'aux dents.
Un enchaînement de gags particulièrement savoureux unifiés par deux principes du mouvement de champ : le train et le fleuve. Cependant, soit que déraillant il dévie sur le chemin, soit que par un jeu d'erreur d'aiguillages, les wagons se trouvent dépasser la locomotive, le train est constamment détourné de sa logique fonctionnelle propre. Il y a une poésie des rails, qui ondulent et se laissent manier comme des joujoux.
Les coordonnées de l'espace-temps sont remises en cause et le voyageur a la surprise de retrouver à l'arrivée son chien familier auquel il avait fait ses adieux à New York, mais qui a suivi puis dépassé le convoi. Le meilleur comique en général remet en cause les catégories cognitives et le principe d'identité se trouve ici lui aussi dénié lorsque William mâchuré de fumée sort du tunnel métamorphosé en clown.
L'eau comme symbole amniotique est également un élément favorable à une remontée précognitive précoce. Dans une logique de théorie infantile, le fugitif se trouve un moment attaché à son poursuivant par une corde ombilicale. Cette corde coupée en deux par les roues du train le libère de son ennemi siamois. Elle ne le quitte pas de toute la séquence du fleuve et lui sert notamment à sauver sa dulcinée.
Ce qui est remarquable donc est l'unité dans la variation imaginaire. La filmicité(1) sait tirer les meilleurs effets du burlesque. Le gros plan sur la tête de l'âne est irrésistible de sembler vouloir recueillir l'impression de l'animal sur ces stupides humains qui, au lieu d'user d'autorité avec lui, préfèrent détourner le ballast : encore un renversement catégoriel. 16/03/04 Retour titres