CINÉMATOGRAPHE 

ÉCRITURE


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Marcel CARNÉ
Liste auteurs

Drôle de drame (générique) Fr. N&B 1937 95' ; R. M. Carné ; Sc. Jacques Prévert, d'après Storer Clouston ; Dial. Jacques Prévert ; Ph. Eugène Schüfftan ; Déc. Alexandre Trauner ; M. Maurice Jaubert ; Pr. Corniglion-Molinier ; Int. Françoise Rosay (Margaret Molyneux), Michel Simon (Irwin Molyneux/Félix Chapel), Jean-Louis Barrault (William Kramps), Louis Jouvet (Archibald Soper, évèque de Bedford), Jean-Pierre Aumont (Billy, le laitier), Nadine Vogel (Eva), Pierre Alcover (inspecteur Bray).

   Londres au début du XXe siècle. Éminent botaniste féru de la science du mimosa, Irwin Molyneux cache sous le pseudonyme de Félix Chapel une activité secrète d'auteur de romans policiers à succès. En réalité ses récits lui sont dictés par sa collaboratrice Eva, qui les tient de la bouche du laitier Billy, lequel amoureux d'elle livre bénévolement un lait qui s'entasse inconsommé.
   Deux individus en veulent particulièrement à Félix Chapel, l'évêque de Bedford son cousin, zélé conférencier contempteur des mauvaises lectures et le tueur de bouchers William Kramps, selon qui le fameux écrivain est responsable de sa vocation criminelle. L'évêque s'invite à dîner le jour du départ de la cuisinière sur un coup de tête. Margaret Molyneux prend secrètement sa place à la cuisine, alléguant une visite chez des amis jusqu'au lendemain. Un faux télégramme annonce une prolongation de plusieurs jours afin de décourager l'évêque désireux de l'attendre. Ayant reconnu son propre télégramme, ce dernier alerte Scotland Yard. L'inspecteur Bray conclut tout de suite au crime conjugal. Billy est arrêté comme complice mais, cadavre et meurtrier restent introuvables.
   Afin d'échapper à l'encombrant cousin, les époux Molyneux se sont en effet réfugiés dans un petit hôtel des bas-quartiers où réside justement William Kramps. Cependant, l'éditeur propose à Chapel d'écrire un feuilleton sur le crime de Mme Molyneux. L'auteur est contraint de rentrer chez lui pour soigner ses mimosas et retrouver l'inspiration de Billy.
   Tombé
amoureux entre-temps de Margaret, qu'il appelle Daisy, Kramps apprend par le journal que Chapel est chez Molyneux. Il s'y glisse mais le botaniste terrorisé, dévoilant sa fausse-barbe, prétend avoir empoisonné Chapel pour usurper son identité. Après une fraternelle beuverie Kramps aimerait lui présenter Daisy, mais le hasard l'en préserve.
   Parallèlement, l'évêque déguisé en Écossais à lunettes
noires pénètre chez les Molyneux pour y récupérer une photo tendrement dédicacée par une jeune personne assez peu vêtue répondant au nom de Daisy (hasard?).
L'homme au kilt soupçonné d'être l'assassin est enfermé par Molyneux et livré à l'inspecteur, qui l'accuse du meurtre. Un balayeur montre aux curieux la photo dédicacée "à mon grand bébé Bedford" qui s'était envolée par la fenêtre. Margaret survient mais, résolue à lyncher l'évêque, la foule refuse de la reconnaître et de renoncer à sa vindicte. Certain de pouvoir s'évader comme toujours, Kramps veut bien s'accuser du meurtre de Molyneux, qui a décidé de garder l'identité de l'écrivain auquel une tante lègue sa fortune.

   Décors bien léchés, dialogues spirituels, éclairages esthétiques, musique impeccablement réglée, intrigue riche en rebondissements et acteurs hors du commun sont un vrai régal, mais c'est tellement parfait que, loin de servir un véritable projet filmique, tous ces ingrédients valent surtout pour eux-mêmes. Le décor fait toc et exclut totalement la touche tragique qui donnerait son sel au comique, le dialogue est truffé de mots d'auteur, le jeu de Jouvet (Galerie des Bobines), Barrault et Simon (Galerie des Bobines) atteint à de tels sommets que tout le reste semble en comparaison bien pâlot.
   Perfection du scénario, des dialogues, des acteurs, de l'éclairage, du décor, du cadrage, des mouvements d'appareil etc., ne signifie pas chef-d'œuvre cinématographique, loin s'en faut.
26/05/04 
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