CINÉMATOGRAHE 

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Goran PASKALJEVIC
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Baril de Poudre (Bure Baruta) Gr.-Turq.-Serbie VO 1998 100' ; R. G. Paskaljevic ; Sc. G. Paskaljevic et Dejan Dukovski, en collaboration avec Filip David et Zoran Andric, d'après la pièce Bure Baruta de Dejan Dukovski ; M. Zoran Simjanovic ; Ph. Milan Spasic ; Mont. Petar Putnikovic ; Son Nenad Vukadjnovic ; Mont.-son et mix. Branko Neškov ; Pr. Antoine de Clermont-Tonnerre et Goran Paskaljevic ; Int. Nobojsa Glagovac (le taxi), Bogdan Diklic (le propriétaire de la Coccinelle), Drangan Nikolic (le boxeur), Aleksandar Bercek (le flic).

   Au fil des courses d'un taxi dans la nuit belgradienne, une succession par rebondissements, d'anecdotes grinçantes où la violence de la guerre - totalement invisible - se trouve transposée avec malice au plus noir des passions humaines. L'ambiance surchauffée d'un peuple en état de crise est d'emblée résumée par le taxi : "Le tabac tue, mais ici tout tue. Si j'étais chauffeur à New York ou à Paris, je ne fumerais pas".
   L'intrigue est indissociable du fil rouge métonymique reliant tous les épisodes. 

   Transportant un homme débarqué de l'étranger, le taxi s'engueule avec un petit chauffard que la caméra accompagne, laissant en apparence le taxi à son trajet. Le jeune frimeur au volant, en draguant une passante, a un accrochage avec une Coccinelle pilotée par un individu irascible qui fait éclater son pare-brise puis va le dénicher chez lui où il saccage le mobilier. La victime parvient à s'échapper. Dans le même immeuble, un autre jeune homme se révolte contre son père qui déclare préférer être chauffeur de bus que voleur. Le fils se rend à ses affaires de voleur tandis que le père, à cause d'une panne de gaz, est frustré du café qui le tiendrait éveillé à son service. Cut.
   Sans transition on retourne au taxi qui s'arrête et suit un piéton estropié dans un café. L'infirme, un ancien flic à qui il offre à boire en l'appelant Dimitrij, lui explique, sans savoir à qui il a affaire qu'on lui a brisé les os avec un maillet. Le taxi rétorque qu'il est stérile à la suite de coups de matraques portés par lui, le flic, à l'entrejambe. Les coups de maillets sont donc une vengeance dont il est lui-même l'auteur. Cut.
   On retrouve Mane, le premier passager du taxi à l'église et dans la rue achetant un chiot, puis on revient au taxi qui sans rancune propose à Dimitrij de le ramener. Cut.
   Deux amis boxeurs qui s'entraînent se portent des coups de plus en plus violents, à mesure que chacun dévoile qu'il a couché avec la femme de l'autre, voire que l'un n'est pas le père de son fils. Cette dernière confidence provoque le meurtre de son auteur. Cut.
   Mane, rend visite dans sa loge à l'amuseur vu au prégénérique et qui, sous un maquillage méphistophélique, tient des propos cyniques donnant le ton du film. Il lui demande à rencontrer sa sœur Natalja, qu'il a plaquée depuis cinq ans. Cut.
   Le taxi a chargé le boxeur survivant, lequel n'a pas de destination définie. Le fils irrespectueux et voleur est dans un entrepôt où un truand dément armé d'un pistolet l'initie au métier. Cut.
   Dans un train le boxeur, avisant une jolie fille, pénètre dans le compartiment où se trouve aussi le petit chauffard fugitif, qu'il expulse. Draguée, la fille veut se défendre avec une grenade qu'elle tient d'un fiancé militaire qui est peut être mort. La serrant en sanglotant contre lui, il dégoupille la grenade. Explosion du point de vue de l'exclu dans le couloir. Cut.
   Parodiant peut être la fanfare funèbre, un joyeux orchestre de rue accompagne un couple dans un bus presque vide qui attend son chauffeur en train d'avaler un café, celui qu'il n'a pu prendre chez lui faute de gaz… Un jeune homme nonchalant monte dans le bus et provoque les passagers. Il oblige notamment une jeune femme à écarter les jambes devant un vieux sommé d'avouer son état d'excitation. Puis il prend le volant et après une folle équipée le bus s'immobilise sur un obstacle. Le véritable chauffeur qui n'est autre que le père du voleur survient et assomme, sans doute mortellement, le provocateur. La jeune femme agressée rejoint son fiancé qui se montre jaloux. Cut.
   Mane prépare quelque chose avec un chef d'orchestre. Cut.
   Les deux amoureux se disputent. Deux hommes ont assisté à la scène dans l'ombre. Ce sont le fils du chauffeur de bus et le truand dingue qui viennent chercher noise aux querelleurs. Cut.
   Mane a donné rendez-vous au bord de l'eau à Natalja qui vient accompagnée d'un ami, l'air d'un brave type un peu gauche qu'il congédie avec mépris. Pour la convaincre de revenir à lui, il lui fait cadeau du chiot puis à son signal un grand orchestre sur un plateau lacustre s'illumine et entame une symphonie. Mane s'immerge dans l'eau en dévalant un escalier et s'engloutit. Natalja le croyant noyé hurle, mais Mane ressort plus loin, hors de son champ visuel. Il est accueilli par le brave type qui le noie en l'assommant d'un coup de gourdin. Cut.
   Le jeune couple a été invité par les deux truands à goûter de la came dans l'entrepôt, mais ça tourne mal. Sous la menace d'un pistolet l'homme est obligé de chanter pendant que le chef pelote sa femme. Le fils du chauffeur craque. Le chanteur malgré lui récupère le pistolet et abat le fou. À l'extérieur, l'apprenti truand en fuite croise le taxi, qui interpelle des voleurs d'essence et appelle à la rescousse. Le jeune pris pour l'un des voleurs va être tabassé par tout un immeuble quand par inadvertance le taxi fait exploser l'essence abandonnée par les véritables voleurs en jetant l'allumette qui a servi à allumer sa cigarette (rebouclage sur le thème du début).
   Pour terminer, un buveur attablé et abruti nous souhaite une bonne santé.

   En conclusion, une construction impeccable dans l'ambiguïté d'un enchaînement aléatoire construit, et un ton de cynisme et d'humour noir, le tout témoignant sans doute d'une excellente adaptation
(1). Mais qu'y gagne le cinéma proprement dit ? C'est ce qu'il est plus difficile d'apprécier. 30/08/01 Retour titres