CINÉMATOGRAPHE 

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Carol REED
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Train de nuit pour Munich (Night Train to Munich) GB VO N&B 1940 90' ; R. C. Reed ; Sc. Sidney Gilliat, Frank Laundner, d'après Gordon Wellesley ; Ph. Otto Kanturek ; Mont. R. E. Dearing ; M. Louis Levy ; Pr. Edward Black ; Int. Margaret Lockwood (Anna Bonash), Rex Harrison (Gus Bennett), Paul Henreid (Karl Marsen), Basil Radford (Charters), Nuanton Wayne (Caldicott), James Harcourt (Axel Bomash).

   Tandis que l'Allemagne nazie envahit la Tchécoslovaquie, le savant Axel Bomash, inventeur d'un superblindage tenu secret, s'envole précipitamment dans le dernier avion pour Londres, sans sa fille, déjà arrêtée puis jetée dans un camp de concentration pour refus de dévoiler la retraite de son père. Avec Karl Marsen, un homme de rencontre détenu dans le même camp, elle s'évade et gagne Londres. La piste de son père passe par un chanteur de rue fantaisiste, Gus Bennett, qui appartient aux services secrets. Anna rejoint son père, mais capturés par la cinquième colonne, grâce à Karl qui en est membre, ils sont transférés en Allemagne. Déguisé en officier de la Wermacht et parfaitement germanophone, Bennett y débarque et persuade les autorités qu'il peut séduire Anna afin de l'amener à convaincre son père de travailler pour le Reich. Avec les prisonniers sous la garde de Karl en tant qu'officier SS, il prend donc le train pour Munich où Bomash est attendu.
   Mais Benneth est reconnu par deux sujets de sa Majesté en voyage d'agrément. Pendant un arrêt, Karl reçoit par téléphone
confirmation de l'imposture. Benneth doit être arrêté à l'arrivée à Munich. Les deux Anglais cependant ont surpris la conversation téléphonique de Karl. Ils décident d'aider leur compatriote. Karl est neutralisé dans le train et Benneth sous l'uniforme de Karl, assisté des deux britanniques déguisés en soldats allemands, s'échappe en voiture militaire vers la frontière suisse avec les Bomash, pourchassé par Karl muni de renforts. Ils sont rattrapés mais Benneth les retarde pendant que père et fille passent la frontière en téléphérique. L'agent secret finit au prix d'acrobaties remarquables par rejoindre l'autre côté, directement dans les bras d'Anne.

   Film de propagande, certes, mais en finesse et avec humour, contrairement à ce qui se faisait (et se fait toujours en filigrane) aux USA (voir par exemple Stage Door Canteen de Frank Borzage, 1943). Le film n'est pas dépourvu de maladresses, par le côté toc des décors et l'invraisemblance de l'intrigue grâce à laquelle Benneth berne toute la haute hiérarchie sur le pied de guerre et où Karl semble être le seul représentant du monde allemand, occupant tous les postes de premier plan nécessaires au récit de guerre et d'espionnage.
   La surenchère musicale heureusement se limite au peu de scènes censées êtres pathétiques (les retrouvailles de la fille et du père) ou à quelque terrible évocation (le drapeau nazi, qui pourtant se suffit à lui-même). Le film use par ailleurs avec justesse de documents d'archive montrant la rage belliciste de Hitler. Il tient surtout son efficacité de la liberté dans le mélange des genres.
   C'est au moment le plus grave, dans un récit jusqu'ici des plus sérieux que tout à coup sont introduits Charters et Caldicott, espèce de Bouvard et Pécuchet d'outre-Manche, catastrophés de devoir faire le deuil de leurs cannes de golf en conséquence de la déclaration de guerre de l'Angleterre, lisant Mein Kampf
comme un roman de gare, déplorant qu'on ne trouve pas le Punch dans les kiosques de ce pays, ainsi flegmatiquement taxé de barbare sur le mode distancié.
   Dommage que cet humour et la liberté subséquente fassent défaut aux œuvres ultérieures esthétiquement plus ambitieuses. 15/01/09
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