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Edwin Stanton PORTER
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L'Attaque du grand rapide (The Great Train Robbery) USA Muet N&B 1903 10' ; R. E. S. Porter ; Sc. Billy Martinetti ; Pr. Thomas Edison Co ; Int. George Barnes (le chef des bandits), Gilbert Max Anderson dit "Broncho Billy", Marie Murray.

   Le bureau de la gare est investi par deux bandits qui obligent le télégraphiste à rédiger un faux télégramme ordonnant au grand rapide de s'alimenter en eau avant de repartir. On voit arriver le train par la fenêtre à droite. Sous la menace, l'employé remet l'ordre au machiniste qui s'éloigne, avant d'être ligoté et bâillonné. Le train démarre au moment où les malfaiteurs ressortent. Avec deux autres complices ils montent dans le train arrêté un peu plus loin sous la tour d'eau. Abattant l'employé et dynamitant un coffre, ils dévalisent le wagon postal puis s'assurent le contrôle le train en assassinant l'un des deux chauffeurs. Les brigands forcent l'autre à arrêter la machine pour la dételer et dévalisent les passagers après les avoir forcés à se masser en alignement sur la voie dans l'espace exigu du cadre, prenant la fuite dans la locomotive qui les dépose beaucoup plus loin où ils s'enfoncent dans la nature.
   Entre-temps des hommes au bal sont alertés par un employé affolé. Ils enfourchent vivement leurs montures et vont surprendre les voleurs occupés à se partager le butin au fond d'un bois. Dans la fusillade qui s'ensuit les quatre hors-la-loi sont abattus. En guise de conclusion, cadré frontalement en plan poitrine un cow-boy, chapeau en arrière et œil menaçant braqué sur la caméra, tire sur les spectateurs. 

   Considéré comme le premier western du cinéma, ce film, malgré quelques faux-raccords grossiers, présente des atouts de taille. Un récit tranchant comme la mort, qui apparaît, sans concession, comme le principe dynamique des actions. Non seulement les bandits massacrent impitoyablement : un des chauffeurs, l'employé du wagon postal, un voyageur qui tente de s'enfuir, mais aussi les poursuivants ne prêtent guère attention à l'un des leurs, victime d'une grave chute de cheval.
   Les épisodes en apparence gratuits ont toujours une fonction dramaturgique. Ainsi on comprend d'emblée que les poursuivants sont aussi cruels que les bandits, à faire danser la gigue à un étranger en visant ses pieds. Ce que mettent en valeur :
   1) L'économie de moyens par la simultanéité des actions (l'arrivée du train par la fenêtre, le paysage défilant visible par la porte ouverte du wagon postal, le parallèle du bal et de la fuite des bandits), l'utilisation de mouvements d'appareil potentialisant l'espace virtuel, notamment le panoramique horizontal à 180° suivi d'un panoramique haut-bas épousant le terrain lorsque les fugitifs quittent la loco pour s'enfoncer dans la nature en contrebas du ballast (le panoramique comme substitut du montage jouant sur une hétérogénéité spatiale).
   2) Le jeu sur le hors-champ :
   - Les bandits cachés à l'arrière-plan sous le réservoir observent un bon moment le bord droit du cadre par lequel finit par entrer la locomotive.
   - Pour investir le poste de conduite de la locomotive cadré depuis le tender, les assaillants surgissent du bord inférieur comme si c'était la paroi arrière du tender escaladée hors champ.
   - C'est un léger panoramique à droite qui dévoile la présence des poursuivants lorsque les bandits se croyaient sauvés.
   C
'est donc avec raison que Porter est considéré comme un grand précurseur. 30/03/04 Retour titre