La Horde sauvage (Wild
Bunch) USA VO Panavision 70 mm couleur 1969 145' ; R. S.
Peckinpah ; Sc. Walon Green et S. Peckinpah ; Ph.
Lucien Ballard ; M. Jerry Fielding ; Pr.
Phil Feldman ; Int. William Holden (Pike Bishop), Robert Ryan (Duke
Thornton), Edmond O'Brien (Sykes), Jaime Sanchez (Angel), Ernest
Borgnine (Dutch Engstrom), Warren Oates (Lyle Gorch), Ben Johnson
(Hector Gorch), Emilio Fernandez (Mapache).
Western
dit "crépusculaire" c'est-à-dire :
censé sonner la fin de l'époque
héroïque de l'Ouest, peut-être aussi
celle du western.
En 1913, une bande de
hors-la-loi déguisés en soldats de l'US Cavalery
traverse tranquillement une petite ville texane du sud pour braquer la
compagnie de chemin de fer. Mais des chasseurs de prime sous les ordres
de Duke Thornton, un ancien de la bande, leur tendent une embuscade.
D'où : bain de sang auquel échappe un quarteron
autour du chef Pike Bishop. Réfugiés au Mexique,
ils attaquent un convoi d'armes militaires pour le compte de
l'armée mexicaine chargée de réprimer
la révolution. Mais solidaires de leur camarade Angel
martyrisé à mort comme partisan ils se sacrifient
en massacrant l'état major mexicain.
Avec les Grandes Gueules Holden, Ryan et Borgnine (Galerie des Bobines),
sont au rendez-vous des images de violence à la mesure de la
fin d'un monde, ainsi que des scènes d'anthologie comme les
adieux du village mexicain, témoignage de
l'humanité des truands, l'explosion du pont où
les cavaliers plongent avec ensemble dans la petite rivière
en crue, et la suicidaire fusillade finale.
Pourquoi une telle violence, saluée
comme un tournant dans l'histoire du cinéma, semble-t-elle
aujourd'hui si vaine et dérisoire ?
Réputé avoir magnifiquement improvisé,
Peckinpah n'a-t-il pas, à son insu, pioché dans Butch Cassidy et le Kid (de G.R. Hill, 1968) pour la fusillade finale ou
dans Il
était une fois dans l'Ouest (S. Leone, 1968) quant au déploiement
frontal des quatre amis allant au casse-pipe fusil brandi, et
abondamment dans l'arsenal hollywoodien des mythologies du Far West. Ne
peut-on vraiment se passer d'un feu de camp à guitare
mélancolique ? Tout général
mexicain doit-il toujours mâchonner un cigare ? Les putes,
les ivrognes et les conseillers militaires prussiens n'existent-ils que
dans l'armée mexicaine ? La virilité collective ne
peut-elle s'exprimer que par de niaises explosions de rires ?
N'est-il pas en outre quelque peu abusé des clichés de
l'illustration musicale (il serait intéressant
d'étudier le code des timbres à vents :
flûte, clarinette, hautbois, etc.) ?
On a beaucoup admiré l'audace de la
scène du pont. Il ne faut pas confondre audace des moyens
mis en œuvre pour le tournage avec audace
cinématographique. Les procédés les
plus éculés du suspense et du montage ne font
d'ailleurs qu'affadir la performance de l'équipe technique :
la charrette bourrée d'armements
dégagée in extremis, l'explosion par montage
alterné de gros-plans de la mise à feu successive
des différentes charges et des explosions en plan
général. Le réalisateur des Chiens de paille a, du reste, tendance à alourdir les
procédés narratifs : la fanfare des
anti-alcooliques qui se trouvera prise dans la première
fusillade n'en finit pas de s'annoncer en montage alterné.
Il exagère aussi la maladresse et la bêtise des
chasseurs de prime en embuscade pour justifier le fait qu'ils se fassent
repérer.
À retenir en définitive
quelques détails : l'exergue du scorpion
dévoré par les fourmis rouges sous les rires
enfantins, ou l'air tellement triste de Duke Thornton. Il faut surtout
réparer un oubli de la critique pourtant si
élogieuse : la parfaite tenue des chevaux cascadeurs, qui
méritent bien un grand coup de stetson. 9/07/01 Retour titres