CINÉMATOGRAPHE 

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Budd BOETTICHER
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Comanche Station USA VO Scope Eastmancolor 1960 70' ; R. B. Boetticher ; Sc. Burt Kennedy ; Ph. Charles Lawton Jr. ; Pr. Randolph Scott, Harry Joe Brown, B. Botticher ; Int. Randolph Scott (Cody), Nancy Gate (Mrs Lowe), Claude Akins (Frank), Sky Homeier (Toby), Richard Rust (Ben).

   Ancien capitaine de l'armée dont l'épouse fut enlevée dix ans auparavant par les Indiens, Cody passe son temps à négocier le rapatriement de toutes les prisonnières blanches. Il rachète Mrs Lowe sans savoir qu'une substantielle récompense est promise par le mari. Trois jours de cheval sont nécessaires pour la ramener chez elle à Lordsburgh et les Indiens sont sur le sentier de la guerre. Ils sont rejoints par un certain Ben, flanqué de ses acolytes Toby et Frank. Ben est un individu louche que le capitaine Cody avait fait renvoyer de l'armée. Il félicite Cody d'avoir gagné la prime, tout en se promettant de se l'approprier. Cody proteste de son innocence auprès de Mrs Lowe qui croyait son sauveur désintéressé. Ben met le doute dans les esprits en dénigrant un mari incapable de prendre des risques. Au cours du trajet, Toby est tué par les Indiens, puis Ben tire sur Frank qui refusait de trahir Cody, avant de tendre un piège à celui-ci, lequel l'abat. En arrivant au but, Cody a la surprise de découvrir que Mrs Lowe a un petit garçon et un mari aveugle. Il part sans réclamer sa récompense.

   Malgré les procédés hollywoodiens des plus grossiers : les méchants Indiens, la musique auxiliaire redondante à l'action (on voit bien que ce sont des Indiens, pourquoi rajouter des accords exotiques), et la mise en valeur de la poitrine de Nancy Gate, jugulée par un chemisier au seuil de la catastrophe textile, le film présente un intérêt certain par la convergence esthétique des effets sur le héros, dont le visage est aussi aride que le décor naturel de Lone Pine et des Badlands dans Owens Valley, dominée par la montagne. Le thème de la solitude associé au drame intérieur se marque par l'effet désertique qu'accentue le Scope, et l'impassibilité naturelle de Scott à laquelle répond celle des paysages rocheux.
   L'intrigue est tout entière construite sur une déception. Tout porte à croire au dénouement amoureux. Les qualités chevaleresques de Cody sont finalement reconnues par la jeune femme. Dès le départ elle pose une question intime : "un homme peut-il pardonner à l'épouse qui est passée par un harem indien ?" dont la réponse : "s'il l'aime cela n'a aucune importance" peut passer pour une ouverture. De plus, entretenue par l'omission de son infirmité, la lâcheté supposée de Mr. Lowe laisse croire au spectateur la bonne fortune de l'homme providentiel. Le décor lyrique arboré des bivouacs contrastant avec le décor dominant donne aussi l'espoir d'une halte possible dans la vie de l'homme rude.
   Donc en définitive on a tourné en rond, ce que confirme la ressemblance du lieu d'arrivée avec celui du départ. L'effet est d'autant plus tragique que le héros est toujours aussi impassible : le spectateur est donc amené à supposer un effondrement derrière le masque minéral. Manière originale de concevoir le western crépusculaire, qui donne à cette 
œuvre soignée tout son prix. 8/02/04 Retour titres